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27 juillet 2009 1 27 /07 /juillet /2009 00:00

Vie et mort des Juifs sous l'occupation - 5 -
Sylvain Caen passa d'un kommando à l'autre, pour des travaux très durs, jusqu'au jour où il eut la chance inespérée d'avoir comme chef un sous-officier de la DCA allemande qui était un ancien légionnaire français. Il prit Sylvain en sympathie et lui apporta tous les jours un petit supplément alimentaire qu'il transportait dans sa serviette.

Tout l'hiver 1944-1945, Sylvain Caen le passa dans la plaine entourant Auschwitz, non loin de Birkenau dans la vallée de la Vistule, gardé par des troupes de la DCA. Ce n'était pas aussi dur que le régime SS, sauf au moment de rentrer au camp.

"Ce même Allemand qui me nourrissait m'avait donné des bottes toutes neuves, un don inestimable dans notre situation et me demandait toujours de lui préparer son feu. Grâce à lui, je pus "durer" jusqu'à l'évacuation du camp, puis résister à "la marche de la mort" qui commença le 18 janvier 1945."

A chaque étape de cette marche qui les mena d'Auschwitz à Gleiwitz, les détenus étaient parqués dans d'autres camps, avant de repartir dans la neige, par moins 30 degrés.

"A Gleiwitz, les Allemands formèrent des convois vers différents camps du centre de l'Allemagne. Un de mes anciens kapos, un Tchèque juif communiste qui avait déjà fait sept ans de camps, m'informa de la constitution d'un convoi destiné à Buchenwald, un camp qui, d'après lui, était plus supportable que les autres. Je me suis précipité vers l'endroit où s'opérait le tri. Aptes à droite, inaptes à gauche. Mes bottes de caoutchouc attirèrent la convoitise d'un kapo allemand détenu de droit commun, qui m'aiguilla vers les éclopés, d'où je réussis à repartir vers le quai d'embarquement. Nous fûmes entassés dans des bennes à charbon découvertes, debout, sans pouvoir nous asseoir un seul instant. Il neigeait. Pour tromper la faim et étancher notre soif, nous mangions la neige sur le dos de nos voisins.

"Très vite, il y eut des morts. Nous avons traversé la Tchécoslovaquie, sans boire ni manger pendant plusieurs jours. Arrivées à Buchenwald dans la nuit du 25 janvier, nous avons dû marcher par cinq, les moins faibles soutenant les plus fragiles. Douches, désinfection, rhabillement, nouvelle immatriculation, toutes ces opérations précédèrent une maigre distribution de pain. Au matin, nous avons intégré le "petit camp", où les conditions de vie étaient épouvantables.

"Je fus rapidement repéré par d'anciens résistants français qui me firent passer dans un "grand camp", où la vie était un peu mieux organisée, depuis que les "politiques" avaient éliminé le "droits-communs".

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26 juillet 2009 7 26 /07 /juillet /2009 09:49
Vie et mort des Juifs sous l'occupation - 4 -

"A l'arrivée, ce fut la scène aujourd'hui bien connue : la sélection sur le quai, les bagages que l'on laisse dans les wagons, les détenus en tenues rayées qui nous font descendre; et on ne comprend pas ce que cela signifie, ni qui ils sont. On nous met en rang en nous bousculant, sans nous parler. Puis vient le tri effectué par les médecins SS : les hommes d'un côté, les femmes et les enfants de l'autre. Enfin c'est la sélection à l'intérieur de ces premières colonnes, afin de définir qui est apte au travail... On ne comprenait pas. On avait même une idée complètement fausse de ce qui nous attendait. Cela parce que les dirigeants de Drancy, pour éviter les révoltes et les évasions, avaient déclaré que nous allions rejoindre des familes déjà déportées, dans une colonie agricole, ou un camp de travail en Pologne.

"Pour nous donner le change, la veille du départ, on nous avait demandé de déposer notre argent français, contre lequel on nous avait remis un bon pour un certain nombre de zlotys à recevoir en Pologne..."

Sylvain Caen fut sélectionné parmi les hommes aptes au travail. Rien de surprenant à cela, il avait vingt-cinq-ans, il était grand et sportif. Il fut envoyé au camp de Monowitz, surnommé "Buna", qui dépendait de l'usine de l'I.G. Farben Industrie, fabriquant du caoutchouc et de l'essence synthétiques. Le camp, immense, comptait près de dix mille hommes de toutes nationalités.

"On ne s'était pas posé de questons sur ceux qui étaient restés sur le quai, ou qui avaient pris une autre direction. On ne savait pas encore... Je pensais que les autres groupes allaient être conduits vers d'autres camps.

"Aussi, lorsqu'on nous annonça à notre arrivée à Monowitz : "Ici, vous entrez par la porte et vous ressortez par la cheminée...", on n'a pas compris ce que cela signifiait. Nous trouvions même la plaisanterie de fort mauvais goût."



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Voir aussi fiche expo de l'Université de Nancy : http://www.ac-nancy-metz.fr/Academie/Esprit_defense/Fiches_Expos_DMPA.pdf
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25 juillet 2009 6 25 /07 /juillet /2009 21:44

Le 11 juin dernier, par voie de presse, Hestroff a su que la commune prévoyait la mise en sécurité de son terrain de football.


La semaine passée on pouvait y constater une grande activité.


Aujourd’hui, surprise !

 

Le stade de Hestroff relooké

 

Nous n’avons jamais constaté des travaux publics menés avec autant de célérité…

Cerise sur le gâteau... éclairage pour les futures nocturnes !

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25 juillet 2009 6 25 /07 /juillet /2009 05:24
Vie et mort des Juifs sous l'occupation - 3 -


Au siège de la Gestapo, on l'interrogea, et Sylvain Caen ne chercha pas à nier sa véritable identité, que d'ailleurs les Allemands connaissaient déjà, et déclara qu'il s'était muni de faux papiers parce qu'il était juif. Cela le sauva.

"Dans ces moments-là, on réfléchit très vite ! J'avais appris que, dans la prison où l'on me dirigeait, se trouvaient déjà quelques résistants. Je les connaissais, eux aussi. Je voulais absolument éviter d'être confronté à l'un d'entre eux, avec le risque qu'il admette que j'étais leur chef. Je ne vis qu'une solution : en me déclarant d'emblée juif, on m'enfermait ailleurs. Je suis resté quinze jours en cellule dans les caves de l'école Saint-François d'Annecy et je fus presque soulagé le jour où l'on me transféra à Drancy. Evidemment, j'ignorais encore ce qui m'attendait..."

Sylvain Caen arriva le lendemain du départ d'un convoi de déportation... Il était encore à Drancy au moment du débarquement. Les internés apprirent la nouvelle et commencèrent à nourrir quelque espoir. En vain, car, le 30 juin 1944, il fut déporté à Auschwitz, alors que les Alliés avaient déjà conquis la Normandie.

"Je suis arrivé à Auschwitz au début du mois de juillet, par une chaleur torride. Nous étions soixante hommes par wagon et tous d'accord pour tenter de nous évader. Nous avions pu emporter quelques outils, mais les gardiens nous ont surpris à l'oeuvre. Ils nous ont fait descendre du train, nous mirent à nu en balançant nos vêtements dans le wagon, puis nous firent remonter dans cet état, jusqu'à Auschwitz, sans boire ni manger, entassés dans ces wagons plombés, entourés de barbelés, sous le soleil de juillet . "Nous avions de quoi manger grâce aux petites réserves que nous avions pu emporter. Mais la soif était pire que la faim. N'ayant pas une goutte d'eau à boire, nous ne pouvions rien avaler, ça ne descendait pas."

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Lire autre témoignage de Sylvain Caen à l'adresse suivante : http://www.fmd.asso.fr/updir/20/02_27px.pdf


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24 juillet 2009 5 24 /07 /juillet /2009 06:55
Vie et mort des Juifs sous l'occupation - 2 -

Une fois civil, Sylvain Caen rejoignit les siens en Haute-Savoie et trouva rapidement un travail. Quand les mouvements de résistance commencèrent à se former, il n'hésita pas un instant et chercha à y entrer.

"Je me suis engagé dans l'armée secrète en 1943, en qualité de chef de secteur de base, ayant sous mes ordres tout ce qui était résistance armée entre Bonneville et Sallanches. J'étais avec un des officiers d'un bataillon de chasseurs alpins qui faisait partie de l'armée d'armistice dissoute lorsque les Allemands avaient envahi la zone sud. Ces soldats sont presque tous entrés dans la clandestinité et ont formé des groupes militaires. Nos activités consistaient en des actions de sabotage, de renseignements, de recrutement et de réserve pour le jour du débarquement.

"Malheureusement, en 1944, je fus dénoncé par un jeune qui travaillait dans l'hôtel où je logeais : il avait vu que j'avais une carte d'alimentation dont le nom était différent de celui figurant sur ma carte d'identité, cette dernière étant bien entendu fausse.

"La Feldgendarmerie m'arrêta le 23 mai 1944 et m'emmena à la Gestapo d'Annecy."

En cours de route, Sylvain Caen écouta attentivement les propos que les Allemands tenaient devant lui sans se méfier, ignorant qu'il parlait parfaitement leur langue. C'est ainsi qu'il apprit que le patron de son hôtel avait également été arrêté et surtout que les Allemands ne savaient absolument rien de ses activités clandestines, leur unique grief étant sa fausse carte d'identité. Il savait dès lors ce qui lui restait à faire...
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23 juillet 2009 4 23 /07 /juillet /2009 00:11
Vie et mort des Juifs sous l'occupation

Sylvain Caen se trouvait dans un bataillon autonome. Sergent-chef dans les chars, il fut envoyé, durant l'hiver 1939-1940, à l'école des officiers à Versailles, d'où il sortit trois mois plus tard, aspirant. Alors qu'il se trouvait en permission, il fut rappelé le 10 mai, au moment de l'attaque des troupes allemandes sur la Hollande et la Belgique. Affecté à un bataillon de chars en formation stationné dans le Loiret, il fut surpris par la débâcle.

"Nous étions en formation, il n'y avait donc ni les effectifs ni le matériel voulu. Nous dûmes faire notre retraite d'abord à pied, puis nous avons embarqué à Châteauroux, afin de descendre vers le sud, comme toute la France."

A Angoulême, Sylvain Caen partit comme volontaire avec une section de chars sans canons, dont l'objectif était de défendre la ville de Bordeux contre l'invasion allemande. Ils sont arrivés à Bordeaux le jour de l'armistice. Dans la nuit, ils reçurent l'ordre de traverser la Garonne, ce qui leur a évité d'être faits prisonniers...

"A partir de ce moment-là, j'ai fait les efforts nécessaires pour rechercher ma famille, que je finis par retrouver à Annemasse, le long de la frontière suisse. Pour ma part, j'étais disposé à rester dans l'armée. J'avais été élevé dans un esprit patriotique, dans le principe d'une France forte, avec une armée moderne. Je faisais partie d'un régiment de chars qui était à l'avant-garde. Toute l'armée n'était pas ainsi, à l'époque. Les Français ne voulaient pas "mourir pour Dantzig". A leurs yeux, c'était le problème de la Pologne avec l'Allemagne, ils ne se sentaient pas concernés. C'est surtout aux yeux de ceux-là que Pétain avait l'air d'un sauveur...
"J'avais vingt-et-un ans au moment de l'Armistice et j'étais désemparé parce qu'on n'était pas parti en guerre pour la perdre. Ce fut une grande déception. Lorsqu'en septembre, on a commencé à parler d'un statut des Juifs, promulgué en octobre 1940, je n'ai pas voulu subir l'affront d'être mis à la porte de l'armée. J'ai demandé à être démobilisé, alors que c'est au sein de l'armée que j'aurais été le mieux à l'abri avec mon traitement d'officier...
"Il y eut vingt-deux généraux juifs destitués de l'armée en 1940 ! Pas un seul des autres généraux, en voyant son camarade juif renvoyé, n'a donné sa démission pour autant, ne serait-ce que par solidarité militaire... Même de Lattre de Tassigny est resté dans l'armée d'armistice jusqu'à l'occupation de la zone sud. Il n'est devenu résistant qu'après. Les choses n'étaient pas si simples..."
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22 juillet 2009 3 22 /07 /juillet /2009 00:00

Sylvain CAEN, résistant, déporté sous l'occupation

Né en Lorraine, dans un petit village (Hestroff) proche de la frontière allemande où sa famille s'était implantée depuis des siècles, Sylvain Caen avait vingt ans en 1939. Il était sous-officier dans l'armée, après s'être engagé en 1937 par devancement d'appel et avoir effectué deux ans de service militaire à Metz, sous les ordres du Colonel de Gaulle.

"Le village dans lequel habitait mon père, se trouvait en pleine ligne Maginot. Les habitants furent évacués en 1939 et dirigés sur des lieux de refuge, situés en général dans l'ouest de la France. Mon père est, lui, allé s'établir chez une de mes soeurs qui se trouvait dans la région de Sarrebourg. En juin 1940, à l'issue de l'avancée allemande, toute la famille est partie vers le sud de la France. Ils ont été coupés par les Allemands dans le Doubs, et sont passés par la Suisse. Très vite après la signature de l'armistice, les Suisses leur ont signifié que, la guerre étant terminée, ils devaient rentrer chez eux. Ce qui était impossible, puisque l'Alsace-Lorraine avait été annexée par l'Allemagne. Il était hors de question pour les Juifs d'y retourner. Les rares qui s'y trouvaient encore à ce moment-là avaient été expulsés. Restait la zone sud...
"Ma famille s'est donc installée en Haute-Savoie.
"En 1939, j'ai fait l'entrée en Allemagne. La plupart des gens ignorent qu'en 1939, c'est la France qui a attaqué et nous sommes entrés en Sarre, très facilement du reste. Nous n'avons rencontré que très peu de résistance, car les Allemands étaient en grande partie engagés dans leur campagne de Pologne et la plus grande partie de leur armée se trouvait de l'autre côté. C'est véritablement à ce moment que l'état-major français n'a pas su exploiter les possibilités qu'il avait ! Au bout de quinze jours on s'est replié devant, puis derrière la ligne Maginot. Nos chefs militaires étaient des incapables. Les guerres ne se gagnent pas toujours par ceux qui, militairement, sont les plus forts : l'erreur tactique peut être lourde de conséquences.

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21 juillet 2009 2 21 /07 /juillet /2009 19:59

"Sylvain Caen was born in 1919, in Hestroff, France. At the time this portrait was made Mr. Caen resided in Paris. Sylvain Caen passed away in the winter of 1996.

He fought in the French Resistance and was later caught by the Germans and sent to Auschwitz via the French transit camp at Drancy. He also survived Buchenwald.

An ardent French patriot, decorated by De Gaulle himself, Mr. Caen was able to balance his strong ties to France Israel. while recognizing his Jewishness and attachment to"

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Quand un site web américain fit paraître cet avis de décès, avec photo, l’Europe n’était encore guère branchée alors qu’aux USA et au Canada le web s'était largement vulgarisé.

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Sylvain CAEN, que nous n’avons pas connu hélas, avait laissé des traces dans la mémoire surtout de nos chères mamans. Quelques négligences nous ont fait perdre la photo in memoriam sur laquelle il apparaissait, peu avant son décès, avec une canne.


Sa nièce Huguette de Strasbourg nous a fait parvenir un portrait de Sylvain tel que les jeunes filles de Hestroff l’ont connu et apprécié.

 

Outre, cette photo, Huguette nous a également fait parvenir un témoignage de son oncle paru dans « Vie et mort des Juifs sous l’occupation », par Myriam FOSS et Lucien STEINBERG, paru chez Plon en 1996. Ce livre n’est plus disponible. Aussi, pour ceux qui s'intéressent à l'histoire de Hestroff sous l'occupation, nous retranscrirons l'intégralité du témoignage de Sylvain CAEN qui vous en apprendra davantage sur sa famille hestroffoise en exil.

Bien plus encore que l'Histoire a occulté.

Vie et mort des Juifs sous l'occupation - 1 -

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21 juillet 2009 2 21 /07 /juillet /2009 18:07

Depuis la parution de deux articles du Républicain lorrain, édition Saint-Avold, du 19 juillet dernier, plusieurs recherches sur le camp du Ban Saint-Jean près de Boulay ont abouti sur Hestroff.com.

 

Aussi avons-nous sollicité l'autorisation de publier l'intégralité des articles 

 


Pour les abonnés au RL en ligne, rien de plus simple. Cliquez sur les liens ci-avant.
Pour les autres, faudra prendre patience.

Dépôt de gerbe par le Conseil régional de la Lorraine représenté par Joëlle BOROWSKI, membre permanent

Un album illustrant l'hommage rendu en septembre 2007 aux milliers d'Ukrainiens et de Slaves morts au Ban Saint-Jean durant la dernière guerre mondiale est en ligne.


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20 juillet 2009 1 20 /07 /juillet /2009 17:20
Ouvert au public depuis 10 ans après une longue période de restauration, le château de Malbrouck offre un programme d'animations et d'activités variées.

Pour ceux qui s'intéressent à l'histoire du château, rendez-vous sur son site officiel ou divers autres sites web. Vous y découvrirez tout ce que vous vouliez savoir sur John CHURCHILL°24 juin 1650, duc de MARLBOROUGH, nommé pair d'Angleterre par Jacques II.

Quant aux amoureux de généalogie, vous trouverez in situ une monographie
richement illustrée. L'auteur, Eric NECKER, médiéviste de formation, conservateur des Musées et de l'Inventaire du département de la Moselle, vous y livre la généalogie de tous les seigneurs qui s'y sont succédés au cours des siècles :
  • La famille de SIERCK, du 11e au 15e
  • La famille de SAYN, du 15e au 16e
  • les SULZ, les BETTAINVILLERS et les derniers seigneurs de Meinsberg du 17e au début du 19e
PS : Les troupes de Malbrouck sont passées par chez nous en février 1705. Elles nous ont ratés de peu... Par contre furent incendiés les villages de Chelaincourt, Bettelainville, Hessange et Saint-Hubert.

Voir l'album
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Présentation

  • : Hestroff, village de la Moselle francique
  • : Hestroff avant, pendant, après, de 1680 à 1789, 1939-45, 2009, 2010, 2011. Ses habitants, son histoire, sa généalogie, son actualité. Histoire et généalogie pays de Nied, Metz, Moselle
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