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19 février 2010 5 19 /02 /février /2010 12:32

Un roman à télécharger sur Google Books et à lire...


Jean-Baptiste Louvet de Couvret, né à Paris en 1764, destiné à être avocat, se livra à la littérature. Son début fut le roman de Faublas dont la première partie fut publiée en 1787. 


Dans Les amours du chevalier de Faublas, Louvet met en scène la société qui l'entoure. Mais à l'aube de ce 21e siècle, on réalise que les passions que l'auteur fait agir sont toujours des nôtres.

Flaublas


Les aventures de Faublas aurait toutefois une origine historique. Le personnage vivait sous Louis XIV, et s’appelait l’abbé de Choisi. Etant prêtre et faisant sa cour à madame de Maintenon pour en obtenir quelque bénéfice, il lui dédia une traduction qu’il fit de l’imitation de Jésus-Christ, avec cette épigraphe saintement plaisante : concupiscit rex decorum tuum, et qu’on ne peut traduire, dit-il un peu décemment qu’ainsi : Tes charmes ont excité la concupiscence du roi. Ce même abbé de Choisi ou de Choisy publia ses Mémoires sous le nom d’une femme, la comtesse des Barres ...


 

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19 février 2010 5 19 /02 /février /2010 00:00
Décret impérial du 28 février 1857, qui accorde aux sieurs Gustave Rolland et Maximilien Pougnet la concession de mines de houille et de pyrite de fer situées dans les communes de Hestroff, Saint-Bernard, Piblange et Villers-Bettnach, arrondissement de Metz (Moselle)
mines de Houille& pyrite de fer
Art. 2    Cette concession, qui prendra le nom de concession de Piblange, est limitée, conformément au plan annexé au présent décret, ainsi qu'il suit, savoir :

    Au nord-ouest, par une ligne droite allant du point A, angle sud-est de la maison d'école de Saint-Bernard, au point B, clocer de Hestroff;
    A l'est, par une ligne droite menée de ce clocher au point C, angle nord du quart en réserve des bois de la commune de Piblange;
    Au sud-est, par une ligne droite allant de cet angle au point E. intersection de l'axe du chemin de grande communication, n° 18, et de la limite séparative des communes de Piblange et de Villers-Bettnach, et prolongée jusqu'au point D, où elle
rencontre une autre ligne droite menée de l'angle sud-est de la maison d'école de Saint-Bernard au clocher de Burtoncourt;
    Au sud-ouest, enfin, par la portion de cette dernière ligne droite comprise entre ledit point D et l'angle sud-est de la maison d'école de Saint-bernard, point de départ;

    Lesdites limites renformant une étendue superficielle de 6 kilomètres quarrés (sic) 1 hectare.

Art. 4    Les droits attribus aux propriétaires de la surface, par les articles 6 et 42 de la loi du 21 avril 1810, sur le produit des mines concédées, sont réglés à une redevance annuelle de 10 centimes par hectare de terrain compris dans le périmètre de la concession.

    Ces dispositions seront applicable nonobstant les stipulations contrairs qui pourraient résulter de conventions antérieures entre les concessionnaires et les propriétaires de la surface.

Source : Library of University of Michigan  - Annales des mines, Paris 1857

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17 février 2010 3 17 /02 /février /2010 00:00

André des Bordes : épisode de l'histoire des sorciers en Lorraine


Des Bordes avait été, aussitôt après son arrestation, enfermé dans un des cachots des tours Notre-Dame, puis transféré dans un autre plus solide que le premier. Toutes les mesures avaient été prises pour rendre une évasion impossible, ainsi que l’attestent plusieurs mémoires d’ouvriers : le prisonnier eut les fers aux pieds et aux mains, et, outre le geôlier ordinaire, on lui donna plusieurs gardiens sur lesquels on pouvait compter.

 

Pendant ce temps, les commissaires délégués s’occupaient activement de la tâche qui leur était confiée ; des enquêtes avaient lieu de tous côtés : à Toul, Bar, Lisle-en-Rigault, Gondrecourt, Bourmont, Saint-Mihiel, Pont-à-Mousson, etc. On était allé chercher de toutes parts des témoins, et il paraît qu’on avait fini par en réunir un grand nombre, à en juger par les frais qu’occasionna cette partie de la procédure.

 

Deux femmes, que j’ai déjà nommées, Esther Hardouin et Jacqueline Royer, avaient été arrêtées comme complices des œuvres diaboliques imputées à l’accusé, et on leur avait arraché, sans doute, l’aveu de ce crime, car la première fut exécutée comme sorcière quelque temps après des Bordes.

 

Des chirurgiens avaient été appelés pour constater si ce dernier ne portait pas sur le corps quelqu’une des marques que le démon imprimait à ceux qui étaient en rapport avec lui. Une première opération de ce genre avait eu lieu le 24 décembre, par les soins du sieur du Mesny, chirurgien ordinaire du feu duc Henri. Elle fut renouvelée plus tard, à l’assistance du chirurgien Thielleman, au château de Condé.

 

Les procès-verbaux des dépositions des témoins entendus dans cette affaire, n’ayant pas été conservés, on ne sait rien autre chose à cet égard que ce qui a été recueilli par les historiens ; mais ces détails, quoique bien incomplets, suffisent pour faire apprécier la valeur des accusations sur lesquelles fut basé l’arrêt qui condamna au dernier supplice le favori disgracié de Henri II .

 

Habile à tous les exercices du corps, des Bordes était, à ce qu’il paraît, d’une agilité surprenante. Des témoins racontèrent qu’ils lui avaient vu faire des tours de force et de souplesse qui auraient été impossibles sans l’assistance du démon. Il fut chargé d’avoir jeté des sorts à plusieurs personnages pour s’en faire bien venir, entre autres au feu duc Henri. Les faits rapportés en preuve de son pouvoir surnaturel étaient fort étranges : les uns prétendaient qu’en leur présence, il avait commandé à des figures de tapisserie de faire la révérence, et qu’elles lui avaient aussitôt obéi ; les autres se rappelaient qu’il avait une fois tiré un dîner à plusieurs services d’une toute petite cassette à compartiments, qu’il portait sous le bras ; ou bien qu’ils l’avaient vu, monté sur un tonneau, s’en servir en guise de monture. Il se trouva des gens pour raconter qu’un jour, à une partie de chasse, le duc Henri prenant son repas en plein champ, non loin d’un lieu où il y avait trois cadavres de pendus attachés à des potences, sur un signe de des Bordes, les pendus étaient venus servir le duc à table, après quoi ils avaient été se remettre la corde au cou. Un des témoins raconta qu’ayant rencontré Racinot hors de la porte Notre-Dame et lui ayant dit qu’il voudrait recevoir du pied au derrière et se trouver transporté dans son lit, la chose était arrivée comme il en avait exprimé le désir.

 

J’ai déjà dit qu’une femme avait, en 1622, accusé des Bordes de l’avoir rencontré au sabbat ; il est probable que d’autres témoins renouvelèrent des accusations de ce genre. Ce qui est certain, c’est qu’après la mort même de ce malheureux, et sans doute pour excuser ses bourreaux, on inventa contre lui des calomnies qui seraient ridicules si de semblables allégations n’avaient pas servi de prétexte à sa condamnation. Un écrivain qui a recueilli tous les actes de la Providence en faveur de Charles IV, raconte, en parlant de des Bordes et de Melchior La Vallée, que ce prince, à une demi-lieue de Saulxures, « tomba sept fois par les sorts des sorciers » sans se faire aucun mal.

 

On ignore ce que des Bordes répondit aux imputations dirigées contre lui ; il est présumable qu’il nia d’abord, mais qu’ensuite, brisé par les douleurs de la torture, il finit par s’avouer coupable de magie ; c’est du moins, ce que disent les mémoires du temps.

 

L’arrêt qui le condamna, et dont le texte nous a été conservé, mérite d’être reproduit ; il est ainsi conçu :


« Vu par nous, juges députés par S.A., le procès criminel extraordinairement instruit à requête du Sr procureur-général de Lorraine, demandeur en réparation du crime de magie, contre Abraham Racinot, vulgairement appelé André Desbordes, seigneur de Gibaumé, gouverneur de Sierck, etc., ci-devant premier homme de chambre de feue S.A., accusé, défendeur et prisonnier pour ledit cas ; savoir l’information faite contre ledit Desbordes, par les Srs Me eschevin et eschevins de Nancy, le dernier jour d’octobre 1624, les auditions d’Ester Hardouin et Jacqueline Royer, faites devant les mêmes juges ; commission de prise de corps par eux décernée contre ledit Desbordes, le 14 novembre suivant, exécutée le même jour ; les Commissions de S.A., des 20 et dernier dudit mois de novembre, qui portent notre délégation pour instruire et juger souverainement ; auditions des témoins des 2, 3, 5, 9, 11, 12, 14, 16, 17, 18, 19, et 20 décembre audit an ; auditions personnelles dudit Desbordes, des 7, 11, 12, 13 et 17 dudit mois de décembre ; les recollement et confrontations des témoins audit Desbordes, du 7 décembre et autres jour subséquents ; les conclusions préparatoires dudit procureur, à fin de razement, visitation et sonde dudit Desbordes, pour reconnoître s’il avait sur son corps quelques marques insensibles et diaboliques ; le jugement intervenu sur lesdites conclusions, … le rapport des chirurgiens qui firent en notre présence la visitation et reconnoissance desdites marques ; autres informations par nous faites audit Nancy, les 4, 7, 8, 10, 11, 14, 17, 18, 20, 21 et 22 janvier, année présente 1625 ; interrogatoires et réponses dudit Desbordes, des 8, 9, 10, 11 et 18 dudit mois ; diverses autres informations faites ez lieux et villes de St-Mihiel, Bar, Toul, Pont-à-ousson et Bourmont ; les recollements et confrontations des témoins audit Desbordes, des 7 et 8 janvier et autres jours suivans, le procès-verbal fait par les Srs députés à la confection du procès de Charles Poirot, du 7 avril 1622, contenant l’accusation d’Anne Marie, condamnée pour crime de sortilège à l’encontre dudit Desbordes qu’elle a dit et soutenu avoir connu au sabbat, tant avant que pendant la question, et encore depuis étant attachée au poteau, sur le point de son exécution ; les conclusions définitives dudit Sr procureur, avec tout ce qui était à voir et considérer au contenu de l’inventaire des pièces réglées par ordre de lettres de l’alphabet jusques au P 4e inclusivement, même les avis et copie de sentences mises en nos mains de la part dudit Desbordes.


Nous, faisant droit sur ledit procès, avons déclaré et déclarons ledit Racinot (par supposition de surnom appelé Desbordes) pleinement atteint et convaincu du crime de magie ; d’avoir, par actes et œuvres magiques et diaboliques, donné plusieurs sortes de maléfices à plein mentionnés au procès, pour punition et réparation desquels l’avons condamné et condamnons à être attaché et étranglé par l’exécuteur de haute justice à un poteau qui sera dressé à cet effet au lieu ordonné pour le supplice, et son corps mortard, brûlé et réduit en cendres. Déclarons ses biens acquis et confisqués à qui il appartiendra, sur iceux pris au préalable les frais raisonnables de justice ; et ordonnons qu’avant l’exécution il sera applique à la question tant ordinaire qu’extraordinaire, pour, au détroit d’icelle, être enquis sur les fais de ses complices et certains cas résultans du procès, interrogatoires et réponses, et de tout être dressé procès-verbal, pour servir ce que de raison. Singé N. Gondrecourt, B. de Bloise Amblemont, C. de Harcoul, Sarrazin et Barrois. Prononcé audit Debordes en une chambre du château de Condé, le 28 janvier 1625, par Fr. d’Autrey, greffier. »

 

L’exécution eut lieu aussitôt après le prononcé de la sentence. Plusieurs ecclésiastiques étaient venus assister le condamné à ses derniers moments et parmi eux on remarque « le père Mataincourt » c’est-à-dire le Bienheureux Pierre Fourier lui-même. Quelle circonstance avait amené le saint prêtre à se charger de cette douloureuse mission ? C’est ce qu’on ignore ; mais cette particularité, inconnue de tous les biographes, m’a paru mériter d’être signalée.


Un écrivain moderne, racontant les assassinats juridiques dont Charles IV souilla les premières années de son règne, fait ces réflexions, qui sont malheureusement trop vraies : « Nous voudrions pouvoir dire que l’opinion publique s’émut, en Lorraine, de ces vengeances insensées, mais rien ne le prouve : elles étaient trop conformes aux mœurs du temps pour choquer alors personne. Les écrivains contemporains, et ceux même du dernier siècle, en parlent avec une égale indifférence : « Un certain chantre » dit le P. Vincent, mentionnant le supplice de Melchior La Vallée et faisant allusion à celui de des Bordes, « un certain chantre fut aussi par après chargé de pareilles ordures ; mais il fut lavé dans un cent de fagots, et c’est assez dire de lui.

Le marquis de Beauvau s’apitoie médiocrement sur leur sort : « je ne m’arrête, dit-il, à toucher l’exemple de ces deux malheureux, que pour faire voir que rarement le successeur d’un autre prince conserve-t-il quelque affection pour ceux qui ont eu trop de part en ses bonnes grâces, et que les favoris qui leur succèdent cherchent toujours les moyens de les écarter ou de les perdre absolument s’il y a la moindre prise sur leurs départements, plutôt que de les souffrir charitablement près de la personne du prince ; lequel aussi, pour l’ombrage qui a préoccupé du vivant de son prédécesseur qu’ils n’étoient que dans ses intérêts, et pour la crainte qu’ils ne luy nuisent encore après sa mort, ne peut vaindre la hayne, ou du moins l’aversion enracinée qu’il en a conçuë dans le cœur. »


Dom Calmet, beaucoup moins indulgent, s’associe presque aux accusations portées contre des Bordes, en faisant suivre de cette réflexion le récit des faits qui ont été rappelés plus haut : « C’était, si l’on veut, une illusion et une fascination qu’il causoit aux yeux des spectateurs ; mais tout cela ne se pouvoit faire sans magie. ».

Quoiqu’on ait pu dire, il paraît hors de doute que la mort de des Bordes fut un acte de vengeance politique ; on ajoutait si peu de foi, en effet, à sa prétendue sorcellerie, on craignait si peu de se mettre en contact avec lui, que Charles IV s’attribua bien vite une partie des dépouilles de sa victime, et que la duchesse Nicole elle-même n’eut pas peur de s’en procurer quelques-unes.

La fortune du favori disgracié était assez belle pour tenter la cupidité de ses ennemis ; aussi, elle fut bien vite saisie. En vain, Marie Olivier, la veuve de des Bordes, vint-elle réclamer, en son nom et au nom de ses cinq enfant, dont le plus jeune était encore presque au berceau, la part qui lui revenait, en vertu de son contrat de mariage, dans les biens acquis pendant la communauté ; le procureur-général s’opposa aux prétentions de cette infortunée, et on consenti seulement à lui laisser la moitié de quelques immeubles. Quant aux enfants, on déclara qu’ils devaient être privés de la fortune de leur père, et que c’était le fisc qui en héritait légalement, « non du chef desdits nfants, mais d’une cause odieuse ».

Cette cause était odieuse, en effet, suivant les expressions du magistrat que le duc et la duchesse (car sa commission fut délivrée par Charles et Nicole) chargèrent de procéder à la confiscation des biens de des Bordes ; mais le fisc, et d’autres encore sans doute, y trouvaient leur compte, car les frais de la procédure, bien que considérables, ne durent absorber qu’une partie de la fortune amassée par le valet de chambre de Henri II.


On ne sait ce que devinrent ses propriétés immobilières ; pour ses meubles, ils furent vendus aux enchères sur la place Saint-Epvre de Nancy, après toutefois que Charles IV se fût adjugé préalablement une portion de sa riche bibliothèque.

 

Les pièces que je publie sont, pour la plupart, relatives à cette vente, et si l’on peut juger du caractère d’un homme par la nature des objets dont il aimait à s’entourer, elles nous permettront d’apprécier, comme il doit l’être, le personnage auquel cette notice est consacrée.


D’après ce qu’on sait de des bordes, on est assez porté à se le représenter, soit comme une espèce de prestidigitateur de bonne compagnie, soit peut-être comme un brillant spadassin ; mais, en tout cas, on ne se le figure guère autrement que comme un individu doué seulement de remarquables qualités physiques, de beaucoup d’habileté dans le maniement des armes et d’une grande souplesse de corps.


C’est là une fausse appréciation : des Bordes semble, en effet, avoir possédé les avantages dont il vient d’être parlé, mais il y joignait d’autres qualités qui expliquent la faveur à laquelle il était parvenu.


J’ai dit, en commençant, qu’il avait rapporté d’Italie, avec le goût des armes, celui des lettres et des arts ; il suffit, pour reconnaître en lui ce triple pendant, de jeter les yeux sur le catalogue de ses livres et sur l’enventaire des tableaux et autres objets précieux qu’il s’était plu à rassembler. Au reste, ses habitudes et sa manière de vivre étaient celles d’un gentilhomme : il avait de nombreux domestiques et il donnait à ses enfants une éduction en rapport avec la position élevée qu’il occupait.

Ces particularités expliquent comment le valet de chambre de Henri II avait captivé les bonnes grâces de son maître, et comment ce dernier avait pu, jusqu’à un certain point, sans compromettre sa dignité, accorder sa confiance, prodiguer les honneurs au professeur d’escrime du baron d’Ancerville.


Ainsi envisagé, des Bordes acquiert presque l’importance d’un personnage historique ; c’est pourquoi j’ai cru devoir ajouter au recueil de documents qui le concernent, un fac-simile de son écriture. Il joua un rôle assez considérable ; son élévation et sa chute présentent assez d’intérêt, pour que j’aie tenu à ne rien négliger de ce qui peut le faire connaître. Le portrait qu’il a pris soin de nous laisser n’est pas propre à inspirer de lui une opinion très-juste ; j’ai voulu en tracer un autre qui nous le représente tel qu’il fut réellement.


Sa carrière, si brillante à la fois et si courte, est d’ailleurs de nature à faire naître des réflexions morales qui ne sont pas sans portée ; la faveur extraordinaire dont il jouit sous Henri II, le supplice barbare que lui infligea Charles IV, peignent le caractère de ces deux princes, qui, l’un par sa faiblesse, l’autre par ses passions et ses fautes, ternirent l’éclat de la couronne que le Grand duc Charles III avait si noblement, si royalement portée.

 

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La liste des livres et du mobilier est annexée au document original

 

 

 

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16 février 2010 2 16 /02 /février /2010 00:00

André des Bordes, seigneur de Hestroff avant 1624


L’ouvrage le plus tristement célèbre qui ait vu le jour dans les dernières années du XVIe siècle est, à coup sûr, celui dans lequel le procureur-général de Lorraine Nicolas Remy raconte, avec une affreuse impassibilité, que neuf cents individus à peu près furent mis à mort sous l’accusation de sorcellerie durant les quinze années qu’il exerça ses fonctions.

Parmi les malheureuses victimes de cette inconcevable croyance, de ce délire qui s’était emparé de tous les esprits, il y a deux hommes, entre autres, dont le nom appartient à l’histoire, tant à cause de la position qu’ils occupaient que des circonstances exceptionnelles qui accompagnèrent leur supplice : je veux parler d’André des Bordes et de Melchior de la Vallée.


J’ai déjà eu l’occasion de dire quelques mots de celui-ci ; quant à des Bordes, quelque intérêt que puisse offrir sa biographie, je n’aurais jamais songé à recueillir les documents qui le concernent, si la découverte de pièces relatives à son procès n’était venue me mettre à même de présenter certains faits sous un jour tout nouveau.


Ces pièces formeront la partie la plus curieuse de mon travail; la notice qui les précède n’est qu’une sorte d’introduction destinée à rendre la lecture de ces pièces plus intelligible.


Abraham Racinot, plus connu sous le nom d’André des Bordes, était né en Lorraine vers l’année 1582. On ignore le lieu de sa naissance et la condition de ses parents ; mais on doit présumer qu’il appartenait à une famille assez aisée, car il reçut une éducation libérale. Lorsqu’il eut atteint l’âge raisonnable, il manifesta le désir de voyager, et partit pour l’Italie. Son séjour dans ce pays développa chez lui le goût des arts et de la littérature ; mais ses inclinations le portaient surtout, ainsi qu’il le dit lui-même, vers la profession des armes, et s’il fréquenta les musées et les bibliothèques, il fut plus assidu encore dans les salles d’armes ; aussi devient-il un des élèves les plus accomplis de ces fameux maîtres d’escrime dont la renommée avait fait le tour de l’Europe.


Au bout de quelques années, ayant acquis les connaissances qu’il ambitionnait, il regagna sa patrie. Grâce, sans doute, à des manières insinuantes et à son adresse merveilleuse pour les exercices du corps, fort en honneur à cette époque, il sut se faire admettre à la cour du duc de Lorraine Charles III, et fut bientôt l’un des favoris de Henri, duc de Bar, fils aîné et successeur futur de ce prince.


Henri, faible, prodigue, imprévoyant, se laissait aisément dominer par des personnes qu’il voyait chaque jour, et Racinot, qui avait su lui plaire, ne tarda pas à prendre un grand ascendant sur son esprit. Le duc de Bar le choisit pour son premier valet ou homme de chambre, comme on disait alors, et, dès le mois d’août 1606, il sollicita et obtint de Charles III, pour son protégé, une pension de 1,200 francs barrois, tant « pour gages de tirer d’armes que pour son entretenement. »


Abraham Racinot n’est déjà plus désigné sous son nom de famille, mais sous celui d’André des Bordes, dans les lettres patentes(1) du 7 août 1608, par lesquelles Henri, devenu alors duc de Lorraine, confirme la donation précédente. Il paraît aussi que son favori avait pris un nouveau titre(2), car, en cette même année 1608, on trouve celui-ci qualifié de « gentilhomme suivant le duc » (3).


  1. Voir registre des lettres patentes pour l’année 1608, f°98. Dans les lettres confirmatives de l’octroi fait à des Bordes par son prédécesseur, le duc Henri s’exprime ainsi : « Deument certifié de la fidélité et affection que nous voyons journellement, à nostre grand contentement, ledict des Bordes porter à nostre service… » Celui-ci continua à toucher cette pension jusqu’à la mort de Henri II ; il avait, en outre 100 francs de gages comme premier valet de chambre.
  2. Il est probable que ce nom de des Bordes n’est autre que celui d’une propriété qu’Abraham Racinot possédait près de Nancy. Dès le XVe siècle, il y avait, hors de la porte Notre-Dam, une sorte de jardin public destiné à l’amusement des bourgeois, et qu’on appelait les Bordes ou les Bourdes. (V. M. Digot, Hist. De Lor., t. III, p. 111.).  Racinot, en revêtant ainsi non nom d’une physionomie nobiliaire, donna, soit dit en passant, un exemple qui a trouvé depuis de bien nombreux imitateurs.
  3. 3. Voir au Trésor des Chartes, layette Bar Nicey, n° 103.


Malgré cette qualification, des Bordes n’était pas noble : cet honneur lui fut seulement conféré le 2 août 1609, avec dispense de payer la finance accoutumée en pareil cas. Les considérants des lettres patentes d’anoblissement montrent en quelle estime il était près de son maître : « Ayant, dit ce dernier, mis en singulière recommandation les louables vaillances et mérites qui sont en la personne de nostre amé et féal André des Bordes, nostre premier homme de chambre, et les bons, fidels et agréables services qu’il nous a faits et rendus depuis que l’avons appelé près de nous audict esta, s’y estant comporté avec tant de soin et de fidélité qu’il est digne de grande louange et reconnaissance… » Plus loin, le duc rappelle que des Bordes n’a fait, « dès sa plus tendre jeunesse, aucune profession que des armes et de la noblesse. »

 

Peu de semaines après, le 29 juin, le duc Henri donne à son premier homme de chambre, « pour luy aider à acheter et payer une maison en ce lieu de Nancy, » une somme de 8,500 francs, payable en dix-sept portions égales. Cette gratification extraordinaire et réellement considérable, fut, selon toutes les probabilités, accordée à des Bordes à l’occasion de son mariage avec Marie Olivier, jeune fille appartenant à une famille distinguée de Pont-à-Mousson. C’est, du moins, la conclusion que je crois pouvoir tirer de cette circonstance, que des Bordes devait avoir, depuis un temps plus ou moins long, un logement à l’Arsenal en qualité de maître d’escrime du duc, ou plutôt du jeune baron d’Ancerville, favori de ce prince.

L’année suivante, des Bordes fit imprimer à Nancy, chez Blaise André, un petit volume intitulé : « Discours de la théorie, de la pratique et de l’excellence des armes. » A ce livre est joint le portrait de l’auteur, gravé en taille douce par Jean Appier Hanzelet et placé dans un médaillon autour duquel on lit : Andreas Desbordes nibilis Lotharingus. A. AET. XXVIII. Cette particularité suffirait à peindre le caractère de l’homme. Quant à sa physionomie, elle dénote une triste préoccupation bien moins que l’orgueil, qu’on croirait devoir trouver empreint sur tous ses traits.


Ce vice, qu’engendre presque toujours la faveur des grands, dut se développer outre mesure dans le cœur de des Bordes par suite des témoignages multipliés de bienveillance, on pourrait dire d’affection, que lui prodiguait son maître. Ainsi, on voit ce dernier donner successivement à son valet de chambre une rente de 600 francs sur le domaine de Châtel (1611), la cense de Loupvent, prévôté de Saint-Mihiel (1613), plusieurs pièces de prés aux environs de pont de Malzéville (1614), le jardin de la briqueterie de Saint-Jean près Nancy (1618), une partie de la tuilerie de Domgermain (1620), etc.


Des Bordes possédait, en outre, soit à titre d’engagement pour des sommes prêtées au duc, soit en toute propriété, une maison et un jardin à Nancy, les moulin et colombier de Jarville, le moulin de Triconville, la cense de Gonvaux près de Neufchâteau, la maison-fief de Zugmantel au val de Liepvre, avec les rentes et revenus en dépendant, la maison et seigneurie de Gibeaumeix avec son revenu, une portion de la seigneurie de Mont-le-Vignoble, quelques vignes et chenevières à Domgermain, 1,400 francs de rente sur la recette de Bar, la seigneurie d’Uruffe, le village de Callembourg et la cense de Berstroff près de Sierck, etc.


Non content d’enrichir son favori, Henri II le comblait encore d’honneurs : le 28 avril 1612, il le nommait capitaine, gruyer et receveur de Boulay ; quelques années après, le 8 mai 1615, capitaine et prévôt de Sierck, enfin, le 5 décembre 1617, il l’appelait au sein du conseil d’Etat, par des lettres patentes dont les considérants sont remarquables : « Connaissant clairement, y est-il dit, la bonne et sincère affection qu’André des Bordes, écuyer, seigneur de Gibeaumeix et de Loupvent, porte à nostre service, ensemble les cens, suffisance, prud’hommie et diligence par le bon devoir qu’il nous a rendu et rend continuellement, non seulement près et à l’entour de nostre personne et en sondit gouvernement, mais aussi en plusieurs importantes charges et commissions où il a esté par nous employé, et en belles et utiles correspondances qu’il entretient en pays étrangers pour nostre service, en quoy il s’est soigneusement et deument comporté ; voulant, pour cela l’installer et constituer en états et honneurs éminents, afin qu’il ait plus grand moyen que cy-devant de nous continuer, persévérer et augmenter son service, lui avons donné l’état de conseiller en nos conseils d’Etat et privé… »


Des Bordes, on le voit, était parvenu au comble de la faveur ; comme tous les hommes envers qui la Fortune se montre trop prodigue, il dut être ébloui, fasciné, et il ne put entrer dans sa pensée qu’un jour viendrait où tous ces biens et honneurs causeraient sa ruine. Aussi, est-il probable que, dès lors, soit par son orgueil même, soit par la jalousie qu’inspirait son élévation si rapide, il se fit de nombreux et puissants ennemis. Il y en eut un surtout qui ne devait pas pardonner au favori l’influence qu’il exerçait sur son maître.


Pour faire comprendre les événements qu’il me reste à raconter, il est nécessaire de dire quelques mots de ce qui se passait à la cour de Lorraine, des intrigues qui s’y nouaient et des principaux personnages qui y jouaient un rôle.


Henri II, marié en secondes noces à Marguerite de Gonzague, n’avait eu de cette union que deux filles : Nicole et Claude ; son frère, François, comte de Vaudémont, avait deux fils et désirait vivement marier l’aîné, Charles, avec la princesse Nicole. Henri regardait cette dernière comme la véritable et légitime héritière du trône ; François, au contraire, soutenait que les filles n’étaient pas aptes à régner. Mais comme il ne pouvait se dissimuler la faiblesse des arguments qu’il faisait valoir à l’appui de son opinion, il se bornait à demander la main de Nicole pour son aîné, afin de confondre, de la sorte, les droits et les prétentions des deux branches. Cette dernière demande rencontrait elle-même des obstacles presque insurmontables. Le duc, qui connaissait le caractère de son frère et de son neveu, craignait, et avec raison, de voir la couronne devenir leur héritage. Son éloignement pour ses parents lui inspira la pensée de donner Nicole à Louis de Guise, baron d’Ancerville, depuis comte de Boulay et plus tard prince de Phalsbourg et de Lixheim, fils naturel du cardinal de Guise, assassiné à Blois. Néanmoins, fatigué des obsessions, des violences même auxquelles il était sans cesse en butte, Henri, dépourvu d’assez d’énergie pour résister, avait fini par consentir au mariage de sa fille et de Charles, et le contrat avait été dressé le 22 mai 1621. Quant au baron d’Ancerville, il avait dû se contenter de la main de la princesse Henriette, sœur du futur duc de Lorraine.


Ces événements avaient été la cause de profonds dissentiments entre les familiers du duc et ceux du comte de Vaudémont ; les uns avaient conseillé à Henri une inébranlable résistance ; les autres avaient travaillé de tout leur pouvoir à amener la réalisation des désirs ambitieux de François et de son fils.


Au nombre des premiers s’étaient fait remarquer, par la persévérance et la vivacité de leur opposition, André des Bordes et Melchior La Vallée. Celui-ci était, comme on sait, chantre de la collégiale Saint-Georges et aumônier du duc et c’était lui qui avait baptisé la princesse dont la main était si ardemment convoitée. Des Bordes, en sa qualité de favori du baron d’Ancerville, avait dû nécessairement soutenir les intérêts de ce dernier, intérêts qui étaient en même temps les siens ; car il n’est guère supposable qu’il ait été guidé par d’autres motif, et que des prévisions inspirées par le patriotisme l'aient fait repousser l’avènement de Charles au trône.


Quoiqu’il en soit, il ne chercha pas à dissimuler son hostilité ; loin de là, aveuglé par la confiance que lui donnait l’affection du duc, il s’était prononcé hautement contre l’alliance en question. On raconte que Henri ayant envoyé des présents aux jeunes mariés par l’entremise du comte de Brionne, ce seigneur aurait dit à des Bordes que la joie allait être bien grande dans le pays par ce mariage ; à quoi celui-ci avait répliqué que cette joie ne durerait pas et qu’on verrait bientôt du rabat-joie.


Néanmoins, le double mariage avait eu lieu, mais dans des circonstances et avec des sentiments, de la part des époux, qui devaient faire présager ce que deviendraient ces unions, auxquelles la politique seule avait eu part. En effet, Charles, qui avait à peine pris soin de cacher son mépris pour Nicole lorsqu’elle n’était encore que sa fiancée, afficha encore plus de dédain et de froideur une fois qu’elle fut sa femme. Afin de couvrir d’un prétexte la répugnance qu’il éprouvait pour elle, il prétendait qu’il avait été ensorcelé la première nuit de ses noces, qu’on lui avait noué l’aiguillette, qu’il se trouvait des sorts dans le lit de la princesse, ce qui obligeait celle-ci à changer souvent de demeure et de lit. Un jésuite, le Père Fayot, « ayant été envoyé vers Nicole pour la délivrer de ces maléfices, il lui fut impossible d’en détourner l’effet, et personne ne put reconnaître de quoi ils étaient composés. » Dom Calmet, qui rapporte naïvement ces faits, ajoute, il est vrai : « peut-être n’y avait-il pas du tout de maléfices. ». On verra bientôt que la justice du temps devait se montrer moins incrédule à cet égard.


Henri II mourut le 31 juillet 1624. Son successeur, qui voyait ainsi se réaliser tous les rêves de son ambition, feignit d’abord de vouloir exécuter à la lettre les clauses de son contrat de mariage : Nicole fut associée au gouvernement et jouit des privilèges et des honneurs de la souveraineté ; mais, fatigué bien vite de ce partage gênant de l’autorité, Charles IV, de concert avec son père, eut recours à une artifice indigne pour dépouiller du pouvoir la femme à qui il en était redevable.


Il n’entre pas dans mon sujet de raconter la honteuse comédie que jouèrent les deux princes pour opérer la spoliation de la légitime héritière du trône ; cet événement est du domaine de l’histoire, et celle-ci ne saurait trop flétrir un acte où la déloyauté et l’abus de la force eurent une égale part. Charles IV, on le sait, ne devait pas s’arrêter dans cette voie.


Au milieu des menées politiques grâce auxquelles il était arrivé à son but, ce prince n’avait pas oublié qu’il avait à tirer vengeance de ceux qui s’étaient montrés hostiles envers lui sous le règne de son prédécesseur. Il y en avait un qu’il eût peut-être désiré pouvoir frapper, car il avait été son rival et peu s’en était fallu qu’il ne l’eût même emporté sur lui. Mais, outre que cet ancien rival était maintenant son beau-frère, Louis de Guise, devenu prince de Phalsbourg, était trop haut placé pour qu’on osât s’attaquer à lui. Charles alla donc chercher ailleurs une victime plus facile à immoler, et ce fut sur des Bordes que, pour le moment, il jeta les yeux.


A cette époque, on tenait une accusation toute prête contre les malheureux que l’on voulait perdre : c’était celle de sortilège et de magie. La maréchale d’Ancre, Eléonore Galigaï, en était un récent et triste exemple, auquel devaient s’ajouter plus tard ceux d’Urbain Grandier et du chantre de la collégiale Saint-Georges, Melchior La Vallée.

On a vu quelle avait été la conduite de des Bordes à l’occasion du mariage de Nicole : Charles IV ne lui avait pardonné ni son opposition, ni ses propos offensants ; propos que, sans doute, on s’était plu encore à grossir et à dénaturer pour attiser la haine du prince contre le favori de Henri II. Charles, qui n’avait pas tout-à-fait laissé éclater ses sentiments du vivant de son beau-père, n’avait plus désormais à garder aucun ménagement : la perte de des Bordes fut donc résolue.

 

S’il faut en juger par un passage de l’arrêt que je rapporterai plus loin, il paraîtrait qu’on avait préparé de longue main l’arme avec laquelle on se proposait de le frapper un jour. En effet, lorsqu’avait eu lieu, en 1622, le procès du médecin Charles Poirot, accusé d’avoir jeté des sorts à Me de Ranfaing pour s’en faire aimer, une fille, impliquée dans cette affaire, avait déclaré s’être trouvée au sabbat avec des Bordes. Cet aveu était-il tout spontané, ou bien, comme il est permis de le supposer, avait-il été dicté à cette malheureuse dans le but de s’en servir quand le moment serait venu ?... Toujours est-il que cette accusation était alors tombée d’elle-même, et qu’il n’y avait été donné aucune suite.


Quoiqu’il en soit, trois mois à peine s’étaient écoulés depuis le décès du duc Henri, lorsque commencèrent les poursuites contre son ancien valet de chambre. Le dernier octobre 1624, une information fut faite, secrètement sans doute, par le maître échevin de Nancy, Didier Dattel, et par les autres échevins, Claude Guichard, Claude de Bernécourt, Charles Renauldin, Errard Maimbourg, Thiéry Maucervel et Nicolas Petitgot. Deux filles, Esther Hardouin et Jacqueline Royer, ayant été entendues, l’arrestation et la mise en accusation de des Bordes furent décidées.


Tels sont, du moins, les faits qui résultent des termes de l’arrêt dont j’ai déjà parlé; mais, après avoir rapproché cet arrêt des documents irrécusables que j’ai consultés, je me crois en droit de penser qu’on a introduit dans cet acte judiciaire des énonciations contraires à la vérité. Il y est dit, par exemple, que commission de prise de corps fut décernée par les échevins de Nancy. Or, l’arrestation de des Bordes paraît, au contraire, avoir eu lieu bien plutôt comme une espèce de guet-apens que comme la mise à exécution d’une ordonnance de justice, fait suivant les formes légales.

On chargea de cette commission un agent subalterne le geôlier des prisons de Nancy, nommé Nicolas Claude, lequel raconte lui-même le fait, en termes parfaitement explicites, dans une requête adressée par lui « aux conseillers d’Etat de S. A. et de sa Cour souveraine le paiement des dépens qu’il avait soutenus pendant le temps que des Bordes avait été prisonnier sous sa garde ès prisons de la porte Notre-Dame : « le 14e jour du mois de novembre 1624, dit-il dans cette requête, ledit Nicolas Claude aurait esté commandé très-expressément, du commandement exprès de S.A. et de mondit sieur procureur général de Lorraine, de subtilement et secrètement, sans manquer, appréhender au corps André des Bordes et le constituer prisonnier ez prisons de ce lieu de Nancy ; ce qui fut fait. ». Nicolas Claude réclame la somme de 4 francs pour frais de prise de corps.


On voit que les échevins de Nancy ne paraissent nullement dans cette première scène du drame ; il n’y a que trois acteurs : Charles IV d’abord, le procureur-général ensuite, puis le geôlier, exécuteur de leurs ordres. Ces circonstances indiquent suffisamment quels étaient les personnages qui se chargeaient de diriger l’action de la justice et il était dès lors, facile de prévoir le résultat de la procédure.


Le duc prenait le rôle principal, sous le couvert du procureur-général de Lorraine, Claude-Marcel Remy, fils du fameux Nicolas Remy et, on peut le supposer du moins, héritier du sombre fanatisme qui avait animé ce trop fameux magistrat. Toutefois, afin de donner à la procédure des formes juridiques, on en confia l’instruction à des commissaires choisis parmi les membres « de la cour de Parlement » ou des Grands-Jours de Saint-Mihiel, dont les noms figurent au bas de l’arrêt ; ce furent : Nicolas Gondrecourt et Charles Sarazin, qu’on trouve qualifiés tantôt de conseillers d’Etat, tantôt de conseillers au conseil privé, tantôt enfin de conseillers d’Etat de S.A. et en la Cour souveraine de Saint-Mihiel ; de Bloise-Amblemont, C. de Haccourt et Barrois. On leur donna pour greffier un nommé François Dautrey, tabellion à Nancy. Le sieur de l’Eglise, lieutenant-général au Baillage de Bar, fut aussi chargé d’informer dans plusieurs lieux de son ressort ; enfin, les quatre sergents du prévôt de Nancy (François l’Abbé), Clément, Denis, Vaillart et François, furent également mis en réquisition et prirent une part plus ou moins grande à cette affaire.

 

 


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15 février 2010 1 15 /02 /février /2010 00:42

Les recherches sur l'histoire de Hestroff par la Shan en 2002 nous révèlent qu'en 1624 André des Bordes, maître d'hôtel du duc de Lorraine prit possession du village de Hestroff et de celui d'Anzeling. Dans le même fascicule et à la même page on peut aussi lire qu' "en 1624 Henri II engagea à Henriette de Vaudémont les villages de Hestroff et d'Anzeling".

En fait Henriette de Vaudémont, devenue princesse de Phalsbourg, succéda
en 1624 à André des Bordes ou Desbordes.

André DesbordesSelon la SHAN, "André des Bordes est premier gentilhomme de la Chambre du duc et son premier homme de chambre, seigneur de Gibeaumeix, gouverneur de Sierck et créancier du duc. En 1612, il fut nommé capitaine, gruyer et receveur de Boulay". "Le 10 décembre 1613, il reçut l'engagère du duc de la seigneurie de Hestroff et Anzeling (ADMM B85F274 et ADMM B96 F49)". "En 1616 Henri II duc de Lorraine vendit à son premier valet de chambre, le sieur Thuilly, gouverneur de Hombourg Haut, gentilhomme de Son Altesse, du nom de André Des Bordes, gouverneur de Sierck et conseiller d'Etat, la seigneurie de Hestroff et d'Anzeling pour 10000 francs à l'exception du droit de garde du château de Sierck et les aides générales". "En 1624, le duc confirma la cession des seigneuries de Hestroff et Anzeling." En 1624, Hestroff est rattaché au comté de Boulay et en 1633 Henriette de Phalsbourg", etc..."


En cet an de grâce 1624, Henri II, duc de Lorraine décède le 31 juillet. N'ayant pas d'héritier mâle, il avait accepté de donner en mariage sa fille Nicole au fils aîné de son si détesté frère François, comte de Vaudémont. Les noces eurent lieu le 23 mai 1621 en même temps que celles de Henriette, autre fille de François de Vaudémont, à qui on fit épouser le grand favori de Henri II, Louis de Guise, baron d'Ancerville.

Henri II avait deviné les intentions de son frère dont il redoutait l'ambition, et, conseillé par des amis, parmi lesquels figuraient André Desbordes et Melchior de la Vallée, il avait voulu donner Nicole à Louis de Guise, baron d'Ancerville, depuis comte de Boulay et plus tard prince de Phalsbourg et de Lixhein.

Ainsi après avoir longtemps résisté, Henri avait fini par céder pour des raisons dynastiques.

 

De leur côté, Charles et sa soeur Henriette, contraints et forcés par leur père François, ne font pas bon ménage avec leurs conjoints respectifs. Pire, Charles, qui disait-on était relativement bel homme, avait porté ses vues ailleurs et n'éprouva que répugnance et dégoût pour Nicole. Dès la nuit de noce, il prétendit qu'il avait été ensorcelé et qu'on lui avait noué l'aiguillette car il se trouvait des sorts dans le lit de la princesse...

 

Si la situation de Nicole se compliqua après le décès de son père, ce fut pire pour André des Bordes et Melchior de la Vallée, aumônier de Henri II, qui avait baptisé Nicole. L'un et l'autre ne tardèrent pas à être accusés de sorcellerie.

 

Charles de Vaudémont, devenu Charles IV de Lorraine, écarta rapidement Nicole du gouvernement et se vengea sur André des Bordes.

Dès octobre, une information judiciaire fut conduite au sujet d'une accusation de sorcellerie lancée sur Desbordes en 1622 par une fille qui serait allée au sabbat avec l'escrimeur. Cette nouvelle information judiciaire trouva deux accuseuses et le nouveau duc fit un peu violence aux procédures juridiques. Dès mi-novembre, ordre est donné d'appréhender subtilement et secrètement André des Bordes et le mettre en la prison de Nancy. Le procureur général était le fils d'un ancien champion de la lutte contre la sorcellerie qui se vantait d'avoir mis à mort 900 individus dans les quinze années où il tint lui aussi cette charge de procureur-général de Lorraine...

Les actes du procès précisèrent que Desbordes finit par avouer et le verdict tomba le 28 janvier 1625. Le jour même, il fut attaché à un poteau, étranglé puis son corps brûlé et réduit en centres. ... Ses biens furent confisqués et vendus aux enchères et seuls quelques moitiés de biens immeubles furent laissés à sa femme. Aux enfants fut interdit d'hériter quoi que ce soit de leur père...

 

 

André Des Bordes, né Abraham RACINOT en 1582, était aussi maître d'armes. Il fut anobli en août 1609 après son mariage avec Damoiselle Marie OLIVIER de Pont-à-Mousson. Auteur d'un  traité d'escrime publié à Nancy en 1610.

Sa présence à Anzeling et Hestroff est aussi mentionnée dans les mémoires d'archéologie et d'histoire de la Moselle, éditées en 1897 :

Anseling, village à gauche de la Nied, canton de Bouzonville, pop. 278 h., fut cédé par le Duc de Lorraine en 1615 avec le village de Hestroff au sieur André Desbordes, avec toutes leurs charges, rentes, droits, etc. sous la réserve cependant que la souveraineté du Prince était réservée en cas de crime de lez Majesté, pour faire poursuivre les délinquants devant ses tribunaux, ainsi qu'en temps de péril. Les habitants de ces deux villages étaient toujours astreints à la garde du et aux corvées à ce nécessaires. Le Duc s'était aussi réservé le droit de rachat fixé à la somme de mille francs. Du reste le Sr. Desbordes était maître absolu sur ces deux lieux, mais tous procès devaient être jugés à Sierck aux frais du Sr. Desbordes.

Pour une meilleure approche de l'histoire d'André des Bordes, nous vous proposons le texte intégral paru dans le tome VII du bulletin de la société d'archéologie lorraine de A. Lepage, édité en 1857.

Notre question est maintenant la suivante : à quel moment exactement, jj & mm de l'an 1624, la paroisse de Hestroff fut-elle rattachée au comté de Boulay ?

A quel moment exactement André des Bordes a-t-il cédé ou dû céder Anzeling et Hestroff à Henriette devenue par mariage, princesse de Phalsbourg, de Lixheim et aussi comtesse de Boulay ?


L'acte ADMM B96 F49, réf. donnée par la SHAN,  dans lequel le duc de Lorraine (lequel ?) confirma la cession des seigneuries de Hestroff et d'Anzeling devrait nous apporter une réponse...



 









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14 février 2010 7 14 /02 /février /2010 00:00

Ce procès eut lieu après la Révolution.


Le décime par franc pouvait être exigé des acquéreurs de coupes de bois des communes lors même que la condition ne leur en avait pas été imposée par l’adjudication.  Le décime par franc du prix des coupes de bois des établissements publics devait être perçu jusqu’en 1829. Le recouvrement éprouva des difficultés dans divers départements.

Des demandes ayant été faites dans la Moselle à des adjudicataires que le procès-verbal d’adjudication n’assujettissait pas au paiement du décime, ils ont formé opposition aux contraintes. Des instances se sont engagées, et voici l’un des jugements rendus par le tribunal de Thionville en faveur de l’Administration.


"Le Tribunal, etc.

Attendu que, par procès-verbal du 31 janvier 1816, le maire de Herstroff a adjugé au sieur SALMON une coupe de bois, délivrée par anticipation à sa commune, pour l’ordinaire de 1817, au prix de 4,125 francs ;

Attendu que, par autre procès-verbal, du 10 février suivant, le maire de Freistroff a également vendu audit Salmon une coupe de bois de l’ordinaire de 1817, appartenant à sa commune, pour le prix de 8050 francs;

Total, 12175 francs, dont le décime par francs revenant au Trésor s’élève à 1217 francs  50 centimes., sur laquelle somme déduisant 97 francs 37 centimes payés par la commune de Herstroff, et 97 francs 24 centimes acquittés par celle de Freistroff pour vacations forestières, il ne reste plus à réclamer que celle de 1022 francs 89 centimes, dont la demande a été formée, par avertissement du 15 novembre 1826, au sieur Salmon, qui, n’ayant pas satisfait, a été touché d’une contrainte décernée par le directeur des domaines, le 20 décembre 1826, et signifiée le 15 janvier suivant ;

Attendu que le sieur Salmon, prétendant avoir satisfait à toutes les conditions qui lui avaient été imposées par le procès-verbal d’adjudication des coupes à lui vendues, et ne devoir rien à l’administration des domaines, a cru devoir former opposition à la contrainte, par exploit du 4 mai 1827 ;

Attendu que, sans entrer dans les questions de droit, il se borne à demander un délai de deux mois pour se faire autoriser à mettre les communes en cause et, en cas de refus de la part de l’administration préfectorale, d’être autorisé par le tribunal à faire citer lesdites communes directement, pour obtenir contre elles ses fins et conclusions ;

Attendu, au fond, que c’est mal à propos que le sieur Salmon prétend obtenir un délai pour mettre les communes en cause, puisqu’il convient lui-même s’être adressé à l’autorité administrative pour solliciter cette mesure, et n’a pas réussi ;

Attendu qu’en supposant qu’il obtînt cette autorisation, il n’en serait pas plus avancé ;

Attendu que les termes de l’art. 19 du titre 12 de la loi du 29 septembre 1791 sont trop précis et trop clairs pour que le sieur Salmon puisse douter que c’est lui seul, comme adjudicataire des coupes à lui cédées, qui doive payer le décime pour franc, puisque cette loi en charge les acquéreurs et non les vendeurs ; que c’est en vain qu’il objecte dans son opposition qu’il a rempli toutes les conditions auxquelles il s’était soumis par les procès-verbaux d’adjudication ; que l’obligation de payer le décime étant imposée par une loi, il n’était pas indispensable d’en faire mention dans les cahiers des charges, toute loi devant être connue, et le sieur Salmon, moins qu’un autre, pouvant exciper de son ignorance, puisqu’il fait le commerce de bois, et s’est rendu adjudicataire de plusieurs coupes communales ; que c’est donc inutilement qu’il réclame un délai pour mettre en cause les communes de Freistroff et de Herstroff ; que déjà le tribunal a rejeté pareille demande par son jugement en date du 16 août 1826, contre le sieur HORGE, et ne peut changer sa jurisprudence ;

Par ces motifs, le tribunal, jugeant en premier ressort, sans avoir égard à l’opposition formée par le sieur Jean Salmon à la contrainte contre lui décernée, dont elle le déboute, non plus qu’à la demande d’un sursis de deux mois par lui faite, le condamne à payer au domaine la somme de 1,022 francs 89 c., pour restant du décime pour franc par lui dû comme adjudicataire de deux coupes extraordinaires des communes de Herstroff et de Freistroff ; ordonne que les poursuites commencées seront parachevées jusqu’à parfait paiement, et condamne ledit Salmon aux dépens.

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NB : C'est Pierre HORGE, marchand de bois à Hestroff, qui est cité dans ce qui précède.

Né le 2 septembre 1787 à Hestroff et y décédé le 2 juin 1846, Pierre avait épousé Elisabeth HACKSPILL, jeune soeur de Louis, garde principal du génie, décédé à Paris le 6 juillet 1854. Le couple eut six enfants dont Jean-Pierre, menuisier à Paris, Jean-Bernard Clément, instituteur à Kirschnaumen, Catherine-Elisabeth qui épousa un lieutenant des douanes et dont les enfants naîtront à Rouen, Pierre entrepreneur de menuiserie à Meudon, Nicolas, lieutenant au 25e Régiment d'infanterie et François, instituteur à Pagny-sur-Moselle. Plus aucun descendant à Hestroff.

 

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13 février 2010 6 13 /02 /février /2010 00:00
Parmi les belles demeures de Metz qui nous fascinent il y a l'hôtel de Gournay, du nom d'une famille des plus riches et des plus importantes de Metz, du Moyen-Âge à la Renaissance.
Metz rue de la Fontaine Hôtel GournayHôtel de Gournay, Rue du Grand Cerf à Metz - juin 2007 -

Remanié au 18e siècle, cet hôtel qui a vu naître le Général Lasalle de Napoléon 1er, serait suivi d'un parc non visible de la rue du Grand Cerf. Après avoir été utilisé comme foyer du jeune soldat, l'hôtel de Gournay accueille aujourd'hui l'association Senior Temps Libre et une bibliothèque sonore. Les AA, alcooliques anonymes, s'y rencontrent tous les derniers mardis de chaque mois. De nombreuses conférences y sont données.

 

Metz rue de la Fontaine Metz Gournay cour

Hôtel de Gournay, 9, rue du Grand Cerf à Metz - juin 2007 -


 

Dans le blog La Lorraine se dévoile, on peut lire que si le corps principal de l'immeuble aurait été bâti au 18e, les nombreuses fenêtres à trilobées typiques de la fin du Moyen-Âge messin. laissent supposer que cette demeure est bien plus ancienne. Remaniée à la Renaissance, c'est au 17e siècle que la superbe porte d'entrée en belle pierre de Jaumont aurait été érigée.

 

Voir aussi l'hôtel de Burtaigne construit par Michel de Gournay avant 1531 place des Charrons.

 

 

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Du beau monde à Saint Martin aux Champs


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12 février 2010 5 12 /02 /février /2010 00:00
Depuis deux ans Metz n'est plus qu'à 1h30 de la capitale. Vous êtes-vous déjà posé la question combien de temps il fallait à nos ancêtres pour se rendre à Paris ? Par quel moyen de locomotion ? Comment au 18e siècle Mathias Robert de Hesseln, bienfaiteur de la paroisse de Hestroff, s'est-il retrouvé à la cour de Versailles sous Louis XV ?

Si vous n'avez pas la réponse c'est que vous n'avez pas lu le dictionnaire universel de la France par Robert de Hesseln... Il y raconte notamment que :

Il y a une gondole qui part tous les mercredis & dimanches de Metz pour Paris &  de Paris pour Metz. Elle fait la route en six jours &  contient 8, 12 &  14 places, à raison de 36 livres20 livres. Un sac de nuit de poids de dix livres ou environ est passé franc ; le surplus de l’équipage se paie à raison de trois sols par livre de Metz à Paris &  à proportion de la distance pour les autres villes & lieux de la route.

On trouve souvent au bureau de Metz ou de Paris des voitures extraordinaires pour faire la même route.

Il y a aussi une messagerie, autrement appelée diligence ou guimbarde, qui ne met que six jours pour la route. Elle part tous les dimanches à quatre heures du matin de Metz et de Paris.

On peut aussi prendre des bidets qui suivent la messagerie, pour 33 livres : quant aux places de la messagerie, elles coûtent 20 livres &  3 sols de port.
chacune.

 

Au passage vous noterez également qu'à partir de Metz, où on avait établi 45 carrosses de louage en 1733, beaucoup plus propres & plus honnêtes que les fiacres de Paris, que d'autres villes étaient desservis.


Il y a d’autres carrosses à Metz pour Thionville & Sarrelouis, Sedan & Longwy.
Il y a aussi à Paris, rue Mêlée, un carrosse qui part tous les dimanches pour Metz & les autres villes des trois évêchés.

Pour la correspondance de Metz à Francfort, il y a un chariot de poste ou diligence, qui part de Metz tous les samedis à dix heures du matin pour arriver le quatrième jour à Francfort. Il contient huit places de 25 livres chacune, le paquet de nuit peut être de 50 livres pesant ou environ ; le surplus de l’équpage se paie 15 livres part cent pesant. Ce chariot va & vient sans s’arrêter que pour changer de relais &  couche seulement la première nuit à S. Avold ; il revient les vendredis à dix heures du matin.







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5 février 2010 5 05 /02 /février /2010 00:00
De nos jours le chanvre est associé exclusivement à la marijuana et à la consommation de drogue. Or le chanvre a été cultivé durant des siècles dans nos campagnes.

Si de nos jours le chanvre fait son apparition dans des produits alimentaires, des médicaments, des cosmétiques et les matériaux de construction, les cordages, certains vernis et des laques, il était utilisé par nos ancêtres pour leur habillement.

Comme nous avons pu le constater, nos tailleurs d'habits à Hestroff ne travaillaient pas les soieries ou autres étoffes réservées à la noblesse et bourgeois fortunés et encore moins le brocart, étoffe de soie brochée richement décoré de fils d'or et d'argent, le plus fastueux des tissus.

A Hestroff comme dans les villages environnants on travaillait
soit les toiles de chanvre, de lin et d'étoupe, sous-produit fibreux issu essentiellement du travail du chanvre ou du lin.

Heimatmuseum 141Heimatsmuseum au Hackspillsland - juin 2009 -

Le chanvre et le lin poussent dans divers sols et se plaît sous nos climats tempérés.

Les semailles avaient lieu au printemps. Après on pouvait laisser les champs de chanvre livrés à eux-mêmes, la mauvaise herbe n'y poussant point, le chanvre poussant vite et se protégeant tout seul des parasites et des maladies. Les plantes mâles arrivant à maturité début août, elles sont arrachées à la main et mises en gerbes. 15 jours plus tard, les tiges femelles sont récoltées. Les fibres les plus fines des plantes mâles devenaient du fil à coudre, les plus grossières des plantes femelles étaient utilisées pour la confection de bâches, de sacs de céréales ou la fabrication de cordes.

Après récolte, on remplit des cuves d'eau pour immerger les gerbes pendant 10 jours pour le processus de rouissage.

La toile en 100% chanvre était idéale pour réaliser des coussins, nappes, rideaux, plaids et aussi pour la confection de veste ou de sacs. Le chanvre était aussi appelé le "lin des petits gens". Les premiers jeans étaient en chanvre eux aussi.

Le lin, qui comme le chanvre demande peu d'engrais, subit le même traitement que le chanvre. L'étoffe s'obtient par macération des tiges à même le sol, broyées et raclées pour en retirer la partie ligneuse, puis peignées pour préparer les fibres au tissage.

Chanvre et lin seront évincés par l'industrie du coton et les fibres pétrolières. La culture du chanvre fut restreinte puis interdite au siècle passé.

En savoir davantage sur le chanvre sur http://www.terredechanvre.com/index.php?lien=lechanvre&sous=culture&third=cultureancienne
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4 février 2010 4 04 /02 /février /2010 00:29
L'inventaire dressé en 1763 n'est pas complet. Y manquent notamment les reconnaissances de dette et autres transactions, constituant en quelque sorte les actifs et les passifs de nos ancêtres.
buanderieHeimatsmuseum im Hackspillsland

C'est qu'un travail pouvait aussi être rétribué en nature. Rappelez-vous les passations de marché entre l'abbaye de Villers Bettnach et nos ancêtres tyroliens. Dans le cas qui nous concerne, il n'est pas exclu que des paysans sans fortune aient été obligés de mettre en gage le peu qu'ils avaient en échange d'une veste par exemple..., que le maître tailleur d'habits, à son tour, s'endette pour se procurer des draps pour confectionner des habits, etc...

Les huissiers-priseurs n'étaient guère appréciés par nos pauvres gens des campagnes car en plus du peu de mobilier dont ils disposaient, il fallait les rétribuer. Or les journées et frais excédaient souvent la valeur du mobilier et par là occasionnaient une infinité de procès. Plus tard en 1789, dans les cahiers de doléances, nos ancêtres demanderont fréquemment la suppression de ces formalités ruineuses ou du moins que cette procédure soit allégée et/ou simplifiée. En attendant, en 1763, l'huissier met son nez partout et harcèle la pauvre veuve.

"Ladite veuve nous a déclaré avoir emblavé en gros grains trois jours de grains et autant de .. . Ne s'étant trouvé d'autre meuble nous (nous) sommes fait représenter les titres payés et autres documents et ... trouvé un acte de partage reçu par maître ... notaire de Bouzonville le vingt deux octobre mil sept cens quarante quattre (1744) des biens a lui obtennu de ses peres et meres..."

A) Un contract d'acquet reçu par Me Daniel notaire à Bouzonville le dix octobre mil sept cens cinquant neuf (759)au proffit dudit Jean Nadé contre Dominique Springer de Hargarten   
      
B) Contract d'acquet reçu par Me Albert le vingt trois août mil sept cens quarante neuf (1749) au proffit dudit Jean Nadé contre Simon Hombourger de Habling (Hobling)         
 
C) Contract d'acquet reçu par ledit Albert le premier avril mil sept cens cinquante neuf (1759) au proffit dudit Jean Nadé contre Marguerite Nadé veuve de Quirin Frey de ce lieu    
     
D) Contrat d'acquet reçu par Me Schvantz notaire à Freistroff le douze février mil sept cens quarant trois (1743) au proffit dudit Jean Nadé contre André Tritz de ce lieu 
       
 E) Contract d'aquet reçu par le Troisin (ou Troifin ?) le premier decembre mil sept cens trent neuf (1739) au proffit dudit Jean Nadé contre Mathis Ketzinger de ce lieu.  
       
F) Contrat d'acquet reçu par Me Adam procureur à Bouzonville le deux may mil sept cens soixante trois (1763) au proffit dudit Jean Nadé contre André Kiffer de ce lieu.   
      
G) Contract d'aquet reçu par Schantz (Swartz ou Schvantz ou Schwentz ?) le dix septembre mil sept cens cinquant un (1751) au proffit dudit Jean Nadé contre Matis ... d'Edelin   
      
H) Acte de partage reçu par Schvantz le vint huit avril mil sept cens quarante six (1746) au proffit dudit Jean Nadé à l'encontre de ses cohéritiers  
       
I) Contract d'acquet reçu par ledit Schwantz l'onze janvier mil sept cens quarant quatre (1744) au proffit dudit Jean Nadé contre Anne ? d'une part veuve de .. Kiffer de ce lieu   
      
K) Contrat d'acquet reçu par ledit Schvantz le trois mars mil sept cens quarant cinq (1745) au proffit dudit Jean Nadé contre P... de Freistroff      
   
Ce fait nous avons pris et reçu serment de la dite veuve de nous délivrer toutes les detes tant actif  que passive  et après les sermons pretté  ... dit qu'il y est dû           

par Matis Bacus de ce lieu trois livres quinze sols,  
par Michel Ospiel de ce lieu quinze sols, 
par Jean Sabé de ce lieu six sols, 
par Nicolas Fuanik ? de ce lieu trent six sols, 
par Charles Sabbé de ce lieu quarante six sols, 
par Catherine Touyain ? de ce lieu quinz sols, 
par Pier Kieffer de ce lieu trente cinq sols,
par Marie Altmayer de ce lieu vingt six sols, 
par Nicolas Schiltz trent trois sols, 
par François Depenviller de ce lieu douze livres treize sols, 
par Louis Dalstaine de ce lieu trois livres,
par Nicolas Vandernotte trente huit sols, 
par Marie Altmayer treize sols, 
par Nicolas Lapicida trois livres dix huit sols, 

Total    276 sols 30 livres

quant auxdites passives qu'elle doit 

à Antoine Richard vingt trois sols, 
à Jean Reiter trente sols, 
Dominique Lannio sept livres neuf sols, 
à Pierre Bouzonville trois livres sept sols
à Matz Valoin ? trente huit sols, 
à Jean estimé treize sols, 
à Adam Robert vingt sols, 
à Nicolas Guir vingt quatre sols, 
à Nicolas Altmayer huit sols,
à George Vintz ? quarante quattre sols,
à Jean Hombourg ... de ce lieu quarante huit livres de France, 
à Paul Jardinier de ce lieu cent livres outre les intérêts d'une année, 
à Jean Hackspil de ce lieu deux cens soixante livres, 
au nommé Dellinger, tanneur de Boullay, treize livres, 
à Phillipe Bacus de ce lieu quarante deux sols, 
à Simon Starck quarante quattres sols, 
à la Veuve Altmayer de Bouzonville vingt livres,
au Curé de ce lieu trois livres

 Total      274 sols 451 livres
 
 
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

   
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

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  • : Hestroff avant, pendant, après, de 1680 à 1789, 1939-45, 2009, 2010, 2011. Ses habitants, son histoire, sa généalogie, son actualité. Histoire et généalogie pays de Nied, Metz, Moselle
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