En 1928, 9 filles nées en 1921, dont Germaine DEPENWEILLER, Marie HERRMANN, Marie-Louise HUMBERT, Emilie KAUFFMAN, Anna et Mathilde KETZINGER, Thérèse PICK, Rosalie SCHMIT, Marie WAGNER, fréquentent la classe élémentaire de Madame PRIME.
La classe 1921 est en majorité au 3e rang dont Emilie 6e debout. Marie-Louise est 1ère au 2e rang
Madame PRIME, née HAAG, occupe le logement de fonction au-dessus de la mairie comme cela était coutume jusque dans les années '80. Outre ce qui suit... le seul souvenir qu'elle semble avoir laissé c'était de bien gros mollets...
Ce jour-là, Madame Prime, excédée par le peu de zèle affiché par sa classe élémentaire, décide d'en punir les élèves sauf Marie Wagner, née le 18 janvier, qui étudiait souvent en cours moyen. Pendant que nos jeunes écervelées sont en récréation, Madame Prime fait préparer aux élèves du cours moyen (Ritz, Dodeller, Wagner...) des pancartes à l'aide de carton et de ficelle. De retour de la récré, nos petites filles se voient mettre autour du cou, manu militari, les pancartes; avec obligation de faire tout le tour du village avant de rentrer chez elles...
Marie-Louise comprend pourquoi elle ira se balader avec l'inscription "Je suis une grosse paresseuse"... Le matin même, n'avait-elle pas balbutié au cours de sa récitation "Le printemps" qu'elle n'avait pas vraiment potassée la veille... ? Elle fait donc profil bas tout en se sentant aussi humiliée que sa meilleure amie Emilie qui, elle, doit porter sur son dos "Je suis un singe"...
Munies de leur pancarte, nos petites filles, en rang, sont chassées de l'école par la maîtresse d'école qui, suivie par les autres élèves hilares, les raccompagne jusqu'aux escaliers menant à la sortie.
Je suis un singe, suivie par la grosse paresseuse, les dents serrés, décide de ne pas faire le tour du village mais s'engouffre immédiatement dans la maison familiale située quasi en face de l'école. En voyant arriver sa fille avec cette pancarte, le Célestin, pas homme facile, donna libre cours à sa colère. Cela n'allait pas se passer comme ça. Pas question que sa petite fille fasse le tour du village avec cette inscription odieuse.
La petite Marie-Louise continue donc seule son chemin. Avalant sa honte, elle n'a pas le courage de rentrer directement chez ses parents ém'Harainville. Elle rejoint la Schédgass par l'église et la fontaine ronde pour aller se réfugier chez sa tante Anna MAILLARD, si douce et si gentille. Là, elle peut enfin se lâcher et pleurer à chaudes larmes avant de se débarrasser de son lourd fardeau.
Anna HACKSPILL raccompagne sa nièce car sa belle-soeur, la Biblé, n'a, semble-t-il, pas la réputation d'être une femme toujours commode. Mais Célestin Kauffman les a déjà précédées et soutenu par le Grand Colas est en train de crier vengeance !
La Mère Prime n'échappera pas à la vindicte des parents. Elle sera mutée à la prochaine rentrée scolaire à Merlebach.