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7 mars 2010 7 07 /03 /mars /2010 00:00
Cependant, une ère de gloire et de bonheur ne devait point tarder à s'ouvrir pour eux : l'élite de la nation juive s'était refugiée sous les drapeaux victorieux d'Abdalrahman, ou dans l'asile paisible que lui offrait, sur l'Euphrate, le khalife Haroun-al-Raschild (Aaron-le-Juste), l'un des plus grands princes arabes qui aient existé; et la cour de Byzance, se relâchant de ses rigueurs, allait, pendant un demi-siècle, rendre aux fils d'Abraham la sécurité qu'ils avaient perdue. On eût dit que la chrétienté s'entendait avec l'Islamisme pour respecter leurs croyances et restituer à ces parias du monde la valeur humanitaire qu'ils s'étaient laissé ravir. Les synagogues d'Espagne florissaient; les universités d'Arabie jetaient un vif éclat; on rencontrait des juifs à presque toutes les grandes cours de l'Europe et de l'Asie; ils s'y faisaient remarquer par leur érudition et servaient, en quelque sorte, de lien politique entre l'Occident et l'Orient.

Karl-Magne, dont le puissant coup d'oeil embrassait l'univers, jaloux de s'assurer des alliances en Asie, pour mieux régner sur les régions septentrionales, s'empressa d'envoyer une ambassade au nouveau Khalife Haroun-al-Raschild. Les comtes Landrède et Sigismond furent chargés de représenter l'empereur, qui leur adjoignit un juif du nom d'Isaac, en raison, sans doute, des habitudes orientales qu'il avait acquises, et peut-être aussi du crédit dont ses coreligionnaires jouissaient à la cour de Bagdad. Le hasard voulut que Lanfrède et Sigismond mourussent avant d'arriver au but de leur voyage, en sorte que les intérêts de la chrétienté se trouvèrent entre les mains d'un circoncis. Il paraît, au reste, qu'Isaac réussit; car, à peine eut-il décliné les intentions de Karl-Magne, que le khalife prit les armes pour lui témoigner sa sympathie, et que, marchant jusqu'aux rives du Bosphore, il ébranla l'empire de Byzance. Pendant ce temps-là, Karl-Magne se faisait couronner empereur d'Occident et achevait de consolider son pouvoir.

Isaac revient à Aix-la-Chapelle, accompagné d'un ambassadeur persan qui fit au monarque saxon des présents magnifiques et lui donna les clefs du saint sépulcre. Karl-Magne, de son côté, ne demeura point au-dessous du khalife. Isaac, renvoyé en Perse, cimenta la parfaite intelligence qui régnait entre eux.

"Charlemagne, dit Basnagé, eut beaucoup de considération pour les juifs. Ils se vantaient, sous son règne, d'avoir la liberté d'acheter les vases sacrés et ce qu'il y avait de plus précieux dans le trésor des églises et des abbayes. Charlemagne apprit avec scandale que les évêques et les abbesses donnaient lieu à ces accusations, et fit une défense sévère à son clergé de tomber dans un excès si criminel; mais il n'imposa aux juifs ni restitution, ni restriction dans leur commerce; et, en effet, il n'était pas juste qu'ils portassent la peine de l'avarice et de la profanation des évêques, qui faisaient volontairement ces ventes sacrilèges, afin de les consacrer à leurs plaisirs".

La mort du khalife Haroun-al-Raschild et celle de Karl-Magne ne changea rien à l'heureuse condition des juifs. Elle parut même s'améliorer sous Amin, Mamoun et Motassem, comme elle s'embellit à l'Occident sous Louis le Débonnaire, monarque fort instruit, éminemment juste et pacifique, trop déprécié parce qu'il eut le malheur de naître fils d'un grand homme, et d'hériter de sa puissance sans avoir hérité de la plénitude de son génie.

Libres de paraître à la cour, d'élever de nouvelles synagogues et de professer un culte public, consultés sur les matières difficiles, devenant protecteurs de protégés qu'ils étaient, les juifs jouaient un très beau rôle en Allemagne et en France, sous le sceptre paternel du fils de Karl-Magne. Leur faveur était même si marquée, qu'on voyait les seigneurs, les grands-officiers de la couronne, les princes du sang flatter par de riches cadeaux la vanité des femmes israélites pour s'attirer la protection des maris. On s'étonne que Louis le Débonnaire n'ait pas craint de froisser le clergé en favorisant les ennemis naturels du nom chrétien : il fallait qu'il fût bien convaincu de leur mérite et de leur zèle à le servir; il fallait surtout qu'amateur éclairé des travaux intellectuels, il trouvât parmi les israélites certaines ressources que ne pouvaient lui présenter les autres sujets de son empire.

Cette prédilection du monarque, trop marquée peut-être pour se trouver toujours dans des limites exactes de sagesse et de justice, souleva contre Israel des jalousies et des haines dont l'archevêque de Lyon, Agobard, fut le plus chaleureux interprète.

Son zèle, malheureusement, l'entraîna beaucoup trop loin. Non content de défendre aux chrétiens les ventes d'hommes et d'enfants qu'ils faisaient aux juifs, les mariages clandestins, les fêtes publiques, toutes choses qui ressortent des principes de la morale religieuse et des règles d'une bonne police, il institua un marché le samedi, pour forcer Israel à s'occuper d'affaires le jour du sabbat; il interdit aux chrétiens, sous de vains prétextes, l'achat de la viande et du vin vendus par les juifs, etc. L'empereur, courroucé d'un tel abus d'autorité, envoya sur le champ trois commissaires à Lyon, chargés de faire une enquête : plusieurs Lyonnais prirent la fuite, avant même que l'instruction fût commencée; Agobard ne sut comment se disculper, et les juifs furent maintenus dans la libre jouissance de leurs prérogatives, malgré les délations d'Agobard, reconnues souvent fausses. Son Traité des superstitions judaïques, signé par deux évêques qu'il s'était associés pour donner plus de poids à son autorité, son voyage à la cour, ses démarches, je dirais presque ses intrigues, ne modifièrent en rien les idées de l'empereur. Agobard, désespéré, se révoltait contre une tiédeur si grande : peut-être ne devait-il s'en prendre qu'à lui-même.

"La protection que les juifs trouvèrent à la cour de Louis, contre un des plus savants évêques de son siècle, les fit florir en France, dit Basnage. On disait hautement à la cour qu'il fallait respecter la postérité d'Abraham et celle des patriarches. Quelques-uns négligeaient même le dimanche, et observaient religieusement le samedi, parce que Dieu l'avait marqué comme le jour de son repos. On aimait mieux aller entendre les sermons des rabbins que ceux des curés et des moines, qui, étant alors ignorants et grossiers, donnaient peu d'édification. Enfin un diacre du palais, nommé Putho ou Paudo, quitta sa charge et l'église chrétienne pour entrer dans la synagogue."

Le silence des chroniqueurs en ce qui concerne les israélites sous le règne de Lothaire 1er et de Louis II doit nous faire présumer qu'ils continuaient à jouir des privilèges que leur avait accordés le dernier empereur. Ils furent également heureux sous Karl-le-Chauve, monarque faible mais aimant les sciences, les lettres, et protégeant ceux qui les cultivaient. Aussi l'accusation qui pesa sur eux d'avoir attiré les Normands, de leur avoir même livré Bordeaux, Périgueux, etc., n'est-elle justifiée par rien. Il ne faut pas plus ajouter foi qu'à la prétendue conspiration de Toulouse, en faveur des Sarrazins, sous le règne de Karl-Magne. Les juifs ne pouvaient espérer le moindre avantage de tels changements.

Puissants et nombreux dans le Languedoc, la Provence, l'Aquitaine, le Lyonnais et la Bourgogne, ils ne l'étaient pas moins en Lorraine, et surtout à Metz.

Cette multiplicité rapide inquiétait le clergé. Il les prêchait partout, jusque dans leurs propres synagogues.



Archives israélites de France, revue mensuelle religieuse, historique, biographique, bibliographique et littéraire, par une société d'hommes de lettres sous la direction de S. CAHEN, traducteur de la bible
Tome IV, Paris, Année 1843

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6 mars 2010 6 06 /03 /mars /2010 18:09
Un fragment historique est extrait d'un grand ouvrage de M. le docteur Begin, de Metz, ouvrage que l'académie de cette ville est sur le point de publier. Notre infatigable et savant compatriote a bien voulu nous autoriser à reproduire ce fragment de son ouvrage; qu'il en reçoive nos publics remerciements. Déjà il a enrichi notre Recueil d'un travail sur les juifs de l'est de la France, et ce travail a tellement intéressé nos lecteurs que plusieurs d'entre eux nous ont à diverses reprises témoigné le désir d'en voir la continuation.


Etat des Juifs
depuis Karl-Magne jusqu'à la fin du règne de Karl-le-Chauve
Annales juives de la France


Il était dans l'inconstante destinée du peuple juif de marcher, ballotté sans cesse entre la crainte et l'espérance. Lorsque Léon l'Isaurien, empereur de Constantinople, leur faisait subir une des plus cruelles persécutions dont l'histoire ait conservé la mémoire, Allmanzour, ce chef abasside, appelait dans le brillant khalifat du Tigre les juifs d'Asie adonnés aux lettres, et Abdalrahman entraînait avec lui, sur la plage ibérique, la population virile d'Israel, désireuse de mener une existence active et de laver, dans le sang des chrétiens, les affronts que ses pères subissaient encore. Enfin Léon mourut; le calme se rétablit aussitôt parmi les juifs, depuis l'Archipel jusqu'au Golfe persique, depuis la mer Noire jusqu'à la mer Caspienne; mais à peine levaient-ils sans crainte leur pensée reconnaissante vers ces étoiles d'Orient qui semblaient luire enfin pour eux, qu'une nouvelle persécution surgit du sein de l'Islamisme. Giafar - le - Juste (Sadek), le sixième Iman, força les juifs du khalifat d'Arabie d'embrasser le mahométisme, et, pour mieux y parvenir, fit déclarer par Mohamed-Mahdi que tout israélite qui renoncerait à sa croyance hériterait des biens de sa famille. Le même monarque imposa aux juifs une marque d'infamie, idée barbare qui trouva bientôt, au sein même de la civilisation européenne, de nombreux partisans.

L'empire Bysantin ne se montrait guère plus favorable alors aux fils d'Abraham, qu'il ne l'avait été sous Léon l'Isaurien. Abdhalla, général en chef des armées de Léon IV, parcourait la Judée comme un incendie porté sur l'aide des vents, flétrissant chrétiens et juifs d'une marque qu'ils devaient porter sur la main. Les chrétiens se dérobèrent presque tous aux poursuites de leur ennemi. Les juifs pouvaient choisir entre la fuite et l'infamie; beaucoup d'entre eux préférèrent l'infamie, parce qu'elle se présentait accompagnée de gains assurés, d'avantages ignominieux ramassés avec la boue, à la suite des escadrons du vainqueur. Il n'était sorte d'avanies que les officiers grecs et turcs ne fissent subir à ces juifs que la soif de l'or attachait aux pas de leurs tyrans : un gouverneur de Thrace ordonnait qu'on fixât de la poix à leur longue barbe et qu'on y mît le feu, pour se procurer, après le repas, la barbare distraction de voir leurs contorsions et leurs grimaces. Quelques révoltes partielles eurent lieu; un faux messie, entre autres, Hakens, surnommé Burca, parce qu'il portait un masque d'or, prêcha la transmigration des âmes, et tâcha d'exciter à la révolte ses coreligionnaires; mais il fut vaincu par les troupes de Mohadi, et ces tentatives ne firent qu'aggraver les chaînes d'Israel sur le continent asiatique.



suite demain...




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6 mars 2010 6 06 /03 /mars /2010 17:30
 André Morhain, président de la SHAN, Société d'Histoire et d'Archéologie 
des pays de Nied, vous informe que la prochaine assemblée générale de la SHAN
aura lieu le vendredi 12 mars à 20H00 à la salle des fêtes de Teterchen.

Pour ceux qui s'intéressent à notre histoire locale, la SHAN reprend
ses permanences mensuelles à partir du 10 mars 2010 et ensuite
le deuxième mercredi de chaque mois de 17H00 à 19H00, place Jean XXIII à Boulay,
en face de l'église paroissiale au premier étage.

Ces permanences seront communes avec le Cercle Généalogique de la Nied.


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4 mars 2010 4 04 /03 /mars /2010 23:15
Petite ville néerlandaise située près de la frontière belge, Sluis, du nom néerlandais signifiant l'Ecluse, était avec Damme un avant-port de Bruges au 14e siècle. Elle se trouvait alors à l'embouchure du Zwin, aujourd'hui ensablée.

Sluis a connu un engouement sans précédent avant les années 1970 pour ses sex-shops. Le premier d'entre eux, le plus célèbre, s'appelait "Metz"... S'il en subsiste encore quelques-uns, les près de 6 mio de touristes Belges et Français s'aventurant à Sluis s'y rendent davantage pour un rapport qualité/prix défiant toute concurrence en matière de produits de la mer, certes, mais aussi de produits pour le corps et la santé.

Nous même, nous nous y rendons une fois l'an pour faire provision de shampoings, bain mousse et produits de grande marque, uniquement accessibles aux professionnels, dont nos enfants raffolent (et nous itou).

Sluis 4mar2010 74Sluis, le canal Napoléon - 4 mars 2010 -

Outre l' essor écomique surprenant de cette petite ville qui, il y a 40 ans n'avait qu'un sex-shop à offrir aux gens de passage, et qui depuis, au fil des ans, a fait place aux marchands du temple et s'est transformé en temple de la gastronomie, Sluis a une grande histoire trop souvent ignorée par les touristes.
Un seul petit article serait insuffisant pour vous la raconter...

Sluis fortifications
Fortifications en étoile à 7 branches de la ville de Sluis vues par satellite. Elles ressemblent étrangement à nos fortifications Vauban...

Avant de quitter Sluis, petit détour par le Kaai, où nous avons pris l'habitude de faire nos derniers achats au Vishandel (poissonnerie) Fieret, véritable institution où un grand comptoir, proposant thon rouge, soles, harengs, langoustines, homards, crevettes à des prix démocratiques, cotoie des produits d'épicerie et des fleurs en vrac, voire même de petits meubles exotiques. Nous en avons ramené du cabillaud à 2,95 eur/kg, des solettes et des croquettes aux crevettes grises très prisées tant en Flandre qu'à Bruxelles, une superbe héllébore et une barquette d'une douzaine de pensées pour 2,99 euros...

Sluis 4mar2010 72Sluis, Patrizia sur le Kaai - 4 mars 2010 -











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4 mars 2010 4 04 /03 /mars /2010 18:39
Comme l'Alsace et la Lorraine ne furent incorporées dans le royaume (de France) qu'au XVIIe et XVIIIe siècle, ces deux provinces continuèrent toujours d'être le séjour des juifs. Dom Calmet a cherché à prouver, contre l'opinion commune, qu'il y en avait peu en Lorraine, du moins à Metz, qu'on a toujours regardé comme leur principal siège dans cette province. Ce qui semble le prouver, c'est qu'au XVe siècle on faisait donner, par tout juif qui entrait dans la ville, un denier de péage; ce droit pouvait ne regarder pourtant que les juifs errants, et ne prouverait pas suffisamment qu'il n'y en eût pas d'établis dans la ville.

En 1565 il n'y en avait que deux ou trois : ils reçurent ordre de sortir de la place, on ignore pourquoi. L'année d'après ils obtinrent la permission du gouvernement français de rentrer, et de s'établir de nouveau à Metz; on leur imposa des conditions assez dures, mais du moins ils eurent dès lors une existence légale.

Ces conditions étaient de payer deux cents écus en s'établissant, et deux cents francs chaque année pour les pauvres, de ne pas loger dans les grandes rues, et de ne pas être plus de quatre ménages. On leur permit de prêter à intérêt, au taux d'un denier pour livre par semaine, et on leur défendit de recevoir pour gages les armes des soldats, et de vendre avant quinze mois les gages non rachetés. De plus on les obligea d'assister une fois par mois aux prêches, sous peine de quarante sous. Peu à peu cette communauté s'agrandit par privilèges; Henri III laissa entrer à Metz quatre nouvelles familles; sous Henri IV il y eut vingt-quatre ménages; au commencement du XVIIe siècle il y en eut déjà cinquante-huit. Comme ils ne pouvaient pas posséder, à ce qu'il paraît, des maisons, on exigeait d'eux des loyers énormes; ils demandèrent en conséquence qu'on leur bâtit vingt-quatre logements, pour lesquels ils s'engageaient à payer un loyer de mille écus.

On vient de voir que le roi leur permit de prêter à un denier d'intérêt pour livre par semaine, ce qui faisait par an plus de vingt-cinq pour cent; quand l'argent devint plus commun, et que le taux des prêts baissa naturellement, le parlement ne leur permit plus de prendre que dix à douze pour cent. Le duc Léopold de Lorraine restreignit à cent quatre-vingts le nombre de familles juives qui pouvaient habiter le duché; encore leur était-il défendu d'occuper des maisons contiguës à celles des catholiques.

Quoique beaucoup plus nombreux en Alsace, ils y étaient pareillement assujettis à des règlements très gênants : on ne voulait pas les admettre dans la ville de Strasbourg; le sénat avait même défendu aux bourgeois toute transaction et tout trafic avec les juifs.

Momentanément expulsés de la Haute Alsace en 1374, les Israélites y furent pourtant bientôt admis de nouveau, et s'y accrurent considérablement. Les privilèges ou règlements des juifs alsaciens furent confirmés par Louis XIV, lors de la conquête de cette province en 1671; mais il s'en fallut de beaucoup que leur état fût définitivement fixé; d'une part le traitement rigide qu'on leur faisait essuyer, de l'autre leurs usures furent le sujet d'un grand nombre de plaintes; la législation se modifia plusieurs fois à leur égard, et, quoique depuis trente ans admis aux droits de citoyens français, les juifs de l'Alsace occupent encore de temps à autre la sollicitude du gouvernement. On dirait l'esprit d'usure se débattant contre la force des lumières, et contre l'ascendant d'une législation régulière.

Les juifs dans le Moyen-âge, par C. B. Depping, Bruxelles

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N.B.  : L'académie royale des inscriptions et des belles lettres a décerné en 1823 une mention très honorable à cette histoire des juifs en Europe, pleine d'enseignements.


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3 mars 2010 3 03 /03 /mars /2010 00:00
Il y a dans la ville de Metz une communauté d’environ 3000 juifs que l’on y tolère. Ils occupent un quartier séparé & limité à la droite de la Mozelle, près du retranchement de Guise.

Leur nombre étant devenu beaucoup plus considérable qu’il n’était autrefois, ils sont obligés d’élever leurs maisons jusqu’à cinq & six étages pour pouvoir se loger. Ils ont une magnifique boucherie sur le bord de la rivière. Il est libre à chaque particulier ou bourgeois de la ville de Metz d’y aller faire sa provision, mais il est défendu aux Juifs de porter de la viande hors de leur quartier pour la vendre ailleurs.

Quant au commerce, ils peuvent faire toute sorte de trafic et l’on trouve chez eux des marchandises de toutes espèces, quoiqu’il ne leur soit pas permis d’avoir des boutiques. Lorsqu’ils sortent de leur quartier, ils sont obligés d’avoir un manteau noir, qu’ils portent ordinairement sous le bras et un rabat blanc. La plupart ont aussi une barbe qui les distingue. Ils ont une synagogue qui n’a rien de remarquable : elle est fort petite et  les femmes y sont séparées des hommes. Elles sont placées dans une salle élevée d’où elles ne sont pas vues, mais où elles peuvent entendre tout ce qui se dit et voir tout ce qui se passe dans la synagogue. On y lit le texte de la loi, écrit d’un côté à l’antique, sur de grands rouleaux de parchemin, qu’ils renferment soigneusement derrière les rideaux d’une armoire ; ils ont une manière de chanter en lisant et l’honneur de lire le texte sacré s’achète au plus offrant : le rabbin explique ce qui a été lu. Ils font des prières pour le roi, les princes et les magistrats (1).

Tous les ans au mois de juillet, ils font une assemblée, dans laquelle on procède en forme d’élection, soit pour nommer leurs nouveaux syndics, qui sont ordinairement au nombre de sept, soit pour confirmer les anciens. Ces syndics sont chargés de la police ; ils administrent les affaires de la communauté et  imposent par rôle toutes les sommes nécessaires à leurs charges et autres objets.

Dans les affaires qui naissent entre eux, ils n’ont point d’autre juge que leur rabbin, qu’ils font ordinairement venir de loin, afin que n’ayant point de parents il ne favorise personne ; mais sa décision n’a force qu’autant que les deux parties veulent s’y soumettre. Quant aux affaires qu’ils ont avec les catholiques, ils sont traduits devant les tribunaux ordinaires ;et lorsqu’ils sont obligés de faire serment, ils le font sur le texte de la loi que le rabbin y apporte.

Les juifs de Metz observent des coutumes et usages extraits du cahier qu’ils ont présenté le 2 mars 1743 au parlement de Metz, en exécution des lettres patentes du roi du 20 août 1742, registrées au parlement le 30 du même mois. Ces coutumes ont été lues en l’assemblée des commissaires le 20 février 1744, mais elles ne sont pas encore homologuées (1767).

Mathias Robert de Hesseln, 1771
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(1) Ce paragraphe a été emprunté à
la Notice de la Lorraine, de Bar et du Luxembourg, tome II, écrite par Dom Calmet. Robert de Hesseln en a laissé tomber la dernière phrase. Il a fait un vrai travail de journaliste qui décrit la situation sans être submergé par les préjugés ou des sentiments personnels.
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3 mars 2010 3 03 /03 /mars /2010 00:00

Une des plus remarquables singularités de la ville de Metz, sont les juifs, qui y sont en grand nombre, y ont une synagogue et le libre exercice de leur religion. Il est vrai qu’ils sont resserrés dans une seule rue; mais ils s'y sont tellement multipliés, qu’ils ont élevé leurs maisons à une telle hauteur, et se sont logés si à l’étroit, qu’ils renferment dans cette rue la valeur d’une bonne bourgade. Autrefois on les avait obligé de porter un chapeau jaune ; aujourd’hui on ne les distingue des autres bourgeois de Metz, que par ce qui distingue les juifs dans tous les pays du monde : leur couleur pâle, leur malpropreté, leur barbe, leur puanteur. A Metz, ils portent ordinairement un manteau brun.

 

Autrefois il y avait des juifs à Metz, comme dans la plupart des villes du royaume. Ce n’est proprement que depuis les croisades, qu’on les a chassés de toutes les villes du royaume de France.

 

En 629, ou 630, dans un concile tenu à Reims, auquel Saint Arnould, évêque de Metz, assista, il est beaucoup fait mention des juifs, qui étaient alors en grand nombre non seulement à Metz, mais aussi dans toute la France.

 

En 888, dans un concile tenu à Metz, Guntbert, princier de l’église de cette ville, présenta une plainte par écrit aux évêques assemblés, contre les juifs qui demeuraient à Metz. Il fut défendu aux chrétiens de manger avec eux, et de recevoir d’eux aucune nourriture.

 

En 945, dans une charte d’Adalberon, évêque de Metz, qui rétablit l’abbaye de Sainte Glossinde, on remarque dans le dénombrement des biens de cette abbaye, une vigne que tenait David le Juif, soit qu’il en fut le possesseur ou qu’il en fut simplement le vigneron.

Le même prélat avait une compassion et une bienveillance particulière pour les juifs, qui étaient alors nombreux à Metz ; ce qui faisait même murmurer contre lui les malveillants et les envieux ; mais il souffrit tout cela avec une patience admirable ; les juifs au contraire lui étaient très attachés et très reconnaissants de la bonté qu’il leur témoignait.


Philippe de Vigneule dans sa chronique, fol. 265, verso, dans le dénombrement des tonneaux, telonium, ou péages de la ville de Metz, en 1237, dit que chacun juif qui entre dans Metz doit trente deniers.

 

On remarque aussi qu’en 1320, on accusa les lépreux, qui étaient alors en grand nombre dans le royaume, d’avoir voulu empoisonner les puits ; le complot fut découvert, et on fit brûler les lépreux. C’est ce que marque la chronique de Metz, sous l’an 1320. Adonc furent ars les Musels, ou les lépreux. On crut que les juifs avaient eu part à cette abominable résolution, on en brûla plusieurs, on confisqua leurs biens, et le roi Philippe-le-Long, les chassa du royaume. En 1321, il en fit brûler plusieurs à l’occasion de l’empoisonnement des puits et des fontaines, dont on les accusa de même que les lépreux.


La ville de Metz n’était pas alors sous la domination de la France, mais il y a lieu de croire qu’on n’y fut pas fâché de se défaire de cette odieuse nation et de se saisir de leurs biens.

 

En 1365, le tonnerre étant tombé le dix-sept juillet sur la rue où demeuraient les juifs à Metz, et ayant mis le feu, vingt-deux maisons furent consumées. Les bourgeois s’étant imaginé que c’était un châtiment de la main de Dieu, chassèrent les juifs de la ville ; mais ils leur permirent d’y revenir bientôt après.

 

Toutefois il est certain qu’au quinzième siècle il n’y avait point de juifs établis dans Metz ; car on voit dans les registres de la ville qu’ils n’y entraient que par la porte Serpenoise, qu’ils payaient un denier par tête au profit de la ville, comme il se pratique encore aujourd’hui à Strasbourg et en d’autres villes d’Allemagne.

 

Mais on trouve dans les registres de l’hôtel de ville, du deux juillet 1562, une injonction du maître échevin de Metz, au juif Mardochée, à son serviteur, et à un autre juif nommé Isaac, de sortir de la ville dans la saint Jean lors prochaine.

 

Sur cette injonction ils présentèrent requête au maréchal de la Vieille-Ville, alors gouverneur de Metz, par laquelle attendu l’utilité qu’ils apportaient à la ville et au pays, ils demandaient qu’ils leur fût permis d’y demeurer pour exercer leur trafic de prêt, aux offres qu’ils faisaient de payer deux cents écus d’abord, et deux cents francs messins chaque année au profit des pauvres. Cette requête fut communiquée au commandant, au maître échevin et aux treize.

 

Il fut permis aux familles de Mardochée, Isaac, Michel et Gerson, de demeurer et trafiquer à Metz, à certaines conditions qui furent entr’autres : de ne pouvoir être en plus grand nombre que quatre familles ; qu’ils payeront les deux cents écus par eux offerts et les deux cents francs messins par chacun an ; et qu’ils ne pourraient loger dans les grandes rues, ni prêter à plus haut prix, que d’un denier par semaine ; de ne recevoir des soldats pour gage, aucune arme, sans le congé de leurs capitaines ; de ne vendre ces gages qu’après quinze mois écoulés ; d’assister eux et leurs familles une fois chaque mois, aux prédications qui se font dans les églises de la ville, sous peine de quarante sols d’amende au profit des pauvres ; de ne rien attenter contre le service du roi, ni de la ville, sous peine de confiscation de leur corps et biens. Fait à Metz le six août 1567.


Ayant de nouveau été inquiétés en 1603, ils s’adressèrent à M. le duc d’Epernon, pour lors gouverneur de Metz, qui ordonna le deux janvier 1605, que les huit ménages accordés par le roi Henri III, avec leurs descendants au nombre de cent ving personnes, faisant vingt-quatre ménages, y continueraient leur résidence. On défendit d’y en joindre d’autres, si ce n’est par mariage, et de s’approprier aucun immeuble. On leur permit de trafiquer à honnête intérêt, et que pour le paiement de leur créances, ils seront maintenus à leur rang, au cours de la justice, en payant les droits accoutumés à l’hôpital ; et on mit leurs personnes et leurs biens sous la protection du roi.

 

Cette ordonnance fut confirmée par le roi Henri IV, étant dans sa ville de Metz, le vingt-quatre mars de la même année.

 

Sur de nouvelles plaintes, que firent peu de temps après les bourgeois de Metz au commandant, contre les juifs, il y eut un nouveau règlement le 7 avril 1604, par lequel on fixa leurs intérêts à seize pour cent, la collocation pour leur créance, sur les biens de leurs débiteurs ; on leur défendit d’accepter pour gages aucune chose dérobée, à peine de perdre les deniers prêtés. Ce règlement fut confirmé par lettres patentes de Henri IV, le huit octobre 1603.

 

Le dix-sept janvier 1614, il y eut une ordonnance de M. le duc d’Epernon, qui confirme leur établissement pour cinquante six ménages.

 

Les plaintes que firent les orfèvres de la ville l’année suivante, donnèrent lieu à une ordonnance du maître échevin, par laquelle il leur défendit de faire aucun commerce de billons ; argenteries, ou autres besognes d’or ou d’argent, et leur ordonna de vendre en public, à l’encan toutes les matières, ou les porter à la monnaie, ou aux orfèvres, pour en recevoir le juste prix, sous peine de confiscation.

 

Environ ce temps là, et au commencement du règne du roi Louis XIII, M. Charpentier, président pour le roi dans la ville de Metz, dressa un mémoire pour demander au nom des juifs de ladite ville, qu’on leur fit bâtir aux dépens de sa majesté, vingt-quatre petits logements dans le retranchement, afin de s’y pouvoir loger, en payant par an le loyer de mille écus pour lesdites maisons : attendu que la bourgeoisie de Metz, sachant la nécessité où ils sont de se loger dans des maisons empruntées, leur font payer des loyers exorbitants.

 

On leur assigna donc vers ce temps-là le quartier de Saint Ferroy, sur le bord de la Moselle, en considération du secours qu’ils donnaient aux soldats, des ameublements qu’ils fournissaient aux officiers. Là non seulement ils eurent des maisons, mais même il leur fut permis de les acquérir, sans pouvoir s’étendre au-delà des huit premières familles : alors il en était provenu soixante et seize.

 

En 1624 ils obtinrent de M. le duc de la Valette, alors gouverneur de Metz, la confirmation de leur établissement.

 

Toutes ces différentes confirmations furent suivies de celle que leur accorda Louis XIII par ses lettres patentes de l’année 1652, à la charge par eux d’observer les anciens règlements faits à leur sujet.

 

Après l’établissement du parlement, ils lui présentèrent une requête le 23 octobre 1634 pour l’entérinement de ces lettres patentes.

 

Les corps des marchands orfèvres, merciers, drapiers et autres bourgeois, se joignirent à M. de Madaure, suffragant de l’évêché de Metz, tant en son nom, que de tout le clergé, pour en empêcher l’entérinement. Mais par arrêt du 3 mai 1635 il fut ordonné qu’ils jouiraient du contenu de ces lettres patentes, et à la charge d’observer les règlements qui sont renouvelés par cet arrêt, qui leur permet de trafiquer en toutes sortes de vieilles marchandises ; à condition de payer les charges accoutumées, et de plus, cent cinquante livres par an, pour le pain des pauvres prisonniers ; et faisant droit sur la requête de M. de Madaure, leur défend d’aller par la ville, les jours de dimanches et de fêtes solennelles, leur enjoint de demeurer dans leur quartier sans pouvoir travailler en public.


Le 25 septembre 1657 étant au nombre de quatre-vingt-seize familles, issues des premières, ils obtinrent de Sa Majesté Louis XIV assez longtemps après son avènement à la couronne, des lettres de confirmation de leurs privilèges, et de toutes les permissions qui leur avaient été accordées ; à charge à l’avenir de ne pouvoir choisir un rabbi, ni appeler des juifs du dehors du royaume, sans au préalable obtenir la permission de Sa Majesté. Par ces lettres ils leur fut permis de vendre et acheter toutes sortes de marchandises, en payant le droit de ville, même de vendre de la viande.

 

Il y eut encore opposition à l’enregistrement de ces lettres de la part des marchands merciers, bouchers et députés des paroisses : ils en furent déboutés. Néanmoins il fut fait défense aux juifs de tuer d’autres bestiaux que ceux qui leur sont nécessaires, et il leur fut permis d’exposer en vente seulement les quartiers de derrière, dont l’usage leur est interdit par leur tradition, à cause du nerf que l’ange toucha à Jacob au retour de la Mésopotamie ; de plus, on leur permit d’exposer en vente des viandes impures, dont ils ne mangent point, comme du porc. On leur interdit le commerce des marchandises neuves, et étoffes fabriquées dans la ville de Metz et pays messin ; On leur permit toutes les autres, à la charge d’en trafiquer comme marchands forains, en payant les droits de la maltôte. On leur défend de faire des amas de blé et de vin, et on les assujettit à la visite des marchands.

 

En 1670 un enfant chrétien étant trouvé mort dans un bois du côté de Boulay, un juif nommé Raphaël, du village de Chlincourt, fut accusé de l’avoir soustrait et tué, et d’avoir ouvert ses entrailles pour le faire servir aux superstitions des juifs. La jalousie des chrétiens se réveilla, et l’on voulut faire retomber sur tous les juifs qui sont à Metz, le crime du particulier. Celui-ci fut condamné par arrêt du 16 janvier à être brûlé vif, et ordonné qu’il serait informé des autres crimes, profanations et usures, dont on accusait les juifs. Après les informations, il y eut un autre arrêt qui condamna Mayeur Schaulte et Abraham Spiré, à des restitutions pour usures. Cet arrêt fut suivi d’un règlement du 6 septembre 1670 qui leur enjoint de faire la vente des gages en public, et d’écrire leurs billets et quittances en français.

 

En 1674 ils remirent un état de leur nombre, qui montait à cent dix-neuf familles, faisant six cent soixante-cinq personnes.

 

En 1686 intervint arrêt du parlement, pour l’observation du dimanche et des fêtes, dans tout le ressort dudit parlement.

 

Il y eut en 1695 procès entre les marchands merciers de Metz et les juifs, sur lequel intervint arrêt le 16 juillet, qui permit aux juifs de faire dans leurs maisons commerce de toutes marchandises neuves et étrangères, en payant les droits. Les merciers se pourvurent contre cet arrêt au conseil, en cassation ; ils en furent déboutés.


Par tout ce récit, on voit jusqu’à quel point ces quatre premières familles se sont augmentées. En 1698 ils étaient deux cent soixante-quatre ménages, faisant neuf cent cinquante personnes, qu’ils disaient être sortis des quatre premières ; ajoutez trente-deux familles étrangères réfugiées à Metz, après les ravages du Palatinat ; ce qui fait en tout le nombre de douze cents.

 

La multiplication a été encore plus sensible depuis la guerre de 1670. Le ministre de la guerre ayant reconnu l’importance qu’il y avait d’avoir de ces sortes de gens dans Metz, pour la fourniture des équipages et pour la remonte de la cavalerie, envoya un procureur-général faire défense aux juifs de marier leurs filles hors du royaume.

 

En l’an 1698 la récolte modique faisant appréhender une disette, les juifs de Metz firent venir de Francfort six à sept mille sacs de froment à leur compte, ce qui a empêché l’extrême disette dans le pays. Il est vrai qu’ils y ont perdu, peut-être, plus de trente mille livres. Mais cela fait voir quelles sont leurs liaisons, leurs intelligences, leur industrie et l’utilité qu’on en peut tirer dans l’occasion ; et l’empressement qu’ils ont de se rendre utiles, même à perte, dans les nécessités publiques.

 

On ne leur permet pas, non plus qu’aux juifs de la campagne, de posséder aucun immeuble, si ce n’est leurs maisons, qui sont, comme nous l’avons dit, resserrées dans le quartier qui leur est assigné. Ces maisons sont tellement remplies qu’il y a dans chacune jusqu’à douze ou quinze familles ; ce qui joint à leur malpropreté, pourrait quelque jour causer dans la ville des maladies contagieuses, et obliger les magistrats à leur donner un terrain plus vaste.

 

Ils sont très odieux dans le pays par les usures qu’ils exercent envers les gens de la campagne, qu’ils ne pressent pas de payer pour accumuler intérêts sur intérêts, et les réduire enfin à vendre leur fonds et à les ruiner entièrement.

 

La facilité qu’ils ont de voyager sans qu’il leur en coûte rien, parce qu’ils exercent entre eux l’hospitalité gratuitement, fait qu’ils peuvent donner leurs marchandises à meilleur prix que les autres marchands, et y gagner plus que d’autres.

 

Ils sont soumis à l’autorité du magistrat de police, dans ce qui regarde le gouvernement extérieur ; mais dans les affaires qui naissent entre eux, ils n’ont point d’autres juges que leurs rabbis, qu’ils font venir ordinairement de loin, afin que n’ayant point de parents, ils ne favorisent personne, au désavantage d’un autre. Dans les affaires qu’ils ont avec les chrétiens, ils sont traduits devant les tribunaux ordinaires, et quand ils sont obligés de faire serment, ils le font sur le texte de la loi que le rabbi y apporte. Leur langage entre eux est un mauvais allemand, auquel ils mêlent quelques mots hébreux. Leur écriture de même est un allemand corrompu mêlé de termes hébreux, ce qui fait qu’on ne peut que très difficilement découvrir le secret de leur commerce.

 

Leur synagogue n’a rien d’extraordinaire ni pour sa grandeur, ni pour sa beauté, ni pour sa propreté ; les femmes y sont séparées des hommes, et sont placées sur des tribunes, où elles ne sont point vues, mais d’où elles peuvent voir ce qui se dit et ce qui se passe dans la synagogue. On y lit le texte de la loi écrit sur de grands rouleaux de parchemin, écrits d’un seul côté à l’antique. Ils ont une manière de chanter en lisant, et l’honneur de lire le texte sacré s’achète à qui plus. Le rabbi explique ce qui a été lu. Ils font des prières pour les princes, pour les magistrats (1). On dit qu’ils maudissent les gentils Goim, et on croit que sous ce nom ils entendent les chrétiens.

 

Ils sont grands observateurs de certains préceptes extérieurs de la loi de Moyse, par exemple du repos du sabbat et de l’abstinence de certaines viandes ; mais ils sont aussi peu fidèles à l’égard des préceptes essentiels, qu’ils l’étaient du temps de notre seigneur Jésus-Christ. Aussi sont-ils décriés partout pour leur usure, pour leur infidélité dans le commerce. Ils désignent ordinairement les chrétiens sous le nom d’Edomiens, ou d’Iduméens.

 

Notice de la Lorraine, de Bar et du Luxembourg, tome II, par Dom Calmet, 2e édition, Lunéville 1840

 

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(1) Ce paragraphe sera presque entièrement repris par Mathias Robert de Hesseln dans son dictionnaire universel de la France

 

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1 mars 2010 1 01 /03 /mars /2010 00:20
En Jurue

La plus ancienne mention d’une présence juive à Metz remonte au 7e selon Dom Calmet. D'autres sources la mentionnent au 9e siècle. Les traces sont menues, tout d’abord un nom de rue, en Jurue ...
En Jurue... c'est le magnifique roman historique de Jean-Bernard Lang, Sous le sceau de Jeurue, prix Erckmann Chatrian 1997, qui nous a fait découvrir cette rue il y a plus de dix ans. Ce livre que nous avions dévoré, nous l’avons offert à une connaissance bruxelloise - fière d’être un goy féru de culture juive - pour lui servir de livre de chevet lors d'une longue convalescence.

Metz JurueDécembre 2007, marche de Noël à Metz. Seule sous la tempête après avoir égaré les camarades de marche à l'Hôtel départemental ...
En sortant de Sainte-Ségolène... place Jeanne d'Arc... En Jurue !

Ce livre, qui nous a fait découvrir la communauté juive de Metz, est actuellement épuisé aux éditions Serpenoise mais nous ne désespérons pas de le retrouver sur un marché parallèle dès notre retour au pays ainsi que l'
Histoire des juifs en Moselle, dont la première trace connue date de 888 et on ignore les conditions dans lesquelles ils disparurent, au XIIIe siècle, peut-être même avant dixit son auteur au RL le 21 juillet 2008.

Jean-Bernard Lang  est aussi l'auteur des Fanchen, histoire d'une saga lorraine et d'un livre plus récent Les robes écarlates,

Pour ceux qui s'intéressent à la riche culture juive, nous avons fait l'effort de recopier intégralement certains passages de livres anciens la concernant.

A paraître incessamment...

En attendant, vous pourrez toujours visiter une salle des Musées de la Cour d'or entièrement dédiée à la Communauté Juive de Metz,   visiter en Jurue et la rue d'Enfer la nuit en toute sécurité sans quitter votre fauteuil et même vous cultiver davantage avec de larges extraits d'
Etre juif dans la société française du Moyen-Âge à nos jours avec Béatrice Philippe Larges, même anticiper nos efforts de mettre gratuitement à votre disposition la vision très personnelle qu'avait Dom Calmet des Juifs de Metz.




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1 mars 2010 1 01 /03 /mars /2010 00:00
Ste-Segolene-Metz-7dec07.jpgSainte-Ségolène - façade - Metz, 7 décembre 2007

L'église Sainte-Ségolène, située sur la colline Sainte-Croix, dans le quartier de l'ancienne ville de Metz, donne sur la place Jeanne d'Arc où aboutit En Jurue.

Une première chapelle fut construite au début du 9e siècle. De la construction primitive ne reste qu'une crypte sous le choeur de de l'église actuelle.
Robert de Hesseln n'en dit pas grand-chose si ce n'est : Sainte Ségolène se donne alternativement au concours &  par le chapitre de la cathédrale.

Ste-Segolene-nef-Metz-7dec07.jpgEglise Sainte-Ségolène - choeur à une travée et nefs latérales - Metz, 7 décembre 2007 -

Style caractéristique du gothique messin du 13e siècle.

Image221.jpgSainte-Ségolène - Chapelle de la Vierge - Metz, 7 décembre 2007

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28 février 2010 7 28 /02 /février /2010 16:45

 

Freistroff 23mai2010 833

Château Sainte-Sixte versant sud - 23 mai 2010 -


La terre, seigneurie et paroisse de Freydorff ou Freistroff sur Nied, à six lieues de Metz, consiste au chef-lieu de ce nom, dans lequel est un grand, et autrefois deux forts châteaux, avec doubles fossés et pont-levis, et en quatre villages : Anzeling, Edling, Diding, Guiching, et la cense de Vintrange.


Le possesseur moderne dudit château est François-Louis-Joseph-Luc, baron Schenek de Schmidtbourg, au nom de son épouse Marie-Thérèse, baronne d’Eltz, unique héritière de ladite terre et seigneurie.


La terre de Freistroff paraît avoir tiré son origine des comtes de Freydorff. On appela la terre ou seigneurie du nom de ces seigneurs, Freydorff ou Freistroff, qui signifie en français franc-aloeuf (alleu) ou ville-franche, parce que les sujets de cette terre ne servaient anciennement qu’à leur seigneur dans son district.


L’an 1022, Beringer de Freydorff, fit un testament et disposa du comté de Freydorff en faveur de Sigefrid, comte de Viltzbourg, comme le prouvent les termes dudit testament écrit en latin.

Quatenus bona et jura, ope et marte servata, sine heraede non desinant, haeredem meum instituo Sigfridum comitem Viltzburgensem, nepotem et consanguinem meum.

 

Freistroff 23mai2010 866 château

Le testateur nomma en outre, en cas d’extinction de la famille de Viltzbourg, par forme de substitution, le comte de Grineck et Rudolph, en ces termes :

Casu, quo Sigfridus, eomes Viltzburgensis, haereditatem non capit, sive Sigfridus et successores Viltzburgenses sine haerede sunt, Grinecktium comitem et Rudolphum nobilem Eltzianum legitimos haeredes quorunicumque eorum specialiter substituo, qui in comitatu de Freydorff, insignibus armis, et omni possessionum jure, et jurium servato ordine invicem succedent.


Il est encore exprimé par le même titre que les successeurs ne changeraient jamais le nom appellatif de cette terre, Freydorff, dont voici les termes du testateur :

Ità tamen, quo comitatus de Freydorff nomen, quod ab ortu meorum Atavorum traxit, apud se et suos successores perpetuo’ mancat.


Ce testament est scellé des armes du testateur et finit comme suit :

Meam ultimam voluntatem in publicum do, ut omnibus et singulis noteat. Datum et actum more castrensi sub sigillo meo Comite XIIII, calenda Ms. Anno millesimo vigesimo secundo, Henrico secundo imperatore regnante.


En 1295, il y avait deux châteaux appelés le château haut et le château bas.


Bémond Gomer, comte de Viltzbourg, représentait pour lors le seigneur du haut château et avait les qualités de châtelain.


Regnier et Elisa, son épouse, représentaient le seigneur du bas château qui était un fief noble héréditaire.

Freistroff chateau goths

Château de Freistroff, an 2002


Contestation survint à cette époque entre ces deux seigneurs, à cause de la châtellenie : sur l’arbitrage de Simon comte de Salm, Ferri comte de Choiseuil, et Jean de Germiny, les difficultés ont été composées et décidées.


Cette transaction est scellée avec cinq sceaux y appendans. Volfgang Adolphe et Friderich Ernest, barons d’Eltz, ayeuls et respectivement grands-pères de madite dame de Schmidtbourg, ont réuni avec ces deux châteaux, la châtellenie en 1699.


En 1301 Virion et Regnier de Freistroff , frères, citoyens de Metz, reprennent de Ferri, duc de Lorraine, en hommage, le château de Freistroff ; la haute justice réservée au duc. L’acte est passé par Gérard évêque de Metz.


En 1471, le jeudi après la saint Rémy, Henri de Warsberg écuyer, reprend au nom de Fulker d’Ellentz, son beau-père, le château de Freistroff, avec ses dépendances.


En 1474, le jour de la translation Saint-Nicolas, Henri de Wasperg, écuyer reprend du duc René II le château et revenus de Freistroff, en fief héréditaire.


En 1457, la veille de la fête-Dieu, Foulques d’Ellentz, Voué de Vinkringen, reprend de Jean, duc de Calabre et de Lorraine, le château de Freistroff, et la haute justice, à la dédicace dudit lieu, et les amendes pendant l’année.


En 1493, le jour de saint Brice, Guillaume de Warsberg reprend de René II pour amélioration de son fief, la haute justice de son château de Freistroff. La haute justice lui avait été donnée par le duc, en 1492.


En 1497, le 25 mai, le duc René II donne la haute justice de Freistroff, à Villaume de Vasperg.

 

Freistroff 23mai2010 776


En 1555, le 12 juin, Philippe de Warsberg, tant en son nom, que comme tuteur des enfants de son fère Jean de Warsberg, et de Marguerite d’Helmstat sa femme, à savoir Samson et Jean. Item au nom de Jean et Jean Fauste de Strombourg, à cause de Christine de Putelange, femme audit Philippe. Item Catherine d’Helmstat, veuve d’honoré sieur Philippe de Libestein, tant en son nom, que comme tutrice de Philippe, Jacob, Jean, Otto, Fraultz, Frideric et Anne ses enfants, tous ensemble, seigneur de Freistroff, en font les reprises de S. A.


En 1357, il y a une reprise de Samson de Varnsberg, vicomte de Reincek. En 1625, le 6 août, Samson de Warsberg, reprend par Vautier de Warsberg, du duc Charles et Nicole, la moitié du château et seigneurie de Freistroff, dont l’autre moitié est aux sieurs Jean-Paul Fauste de Strombourg et Christophe de Livestein. Idem les trois quarts ès villages de Pheningen, Eblingen, Bichingen, Tutting, Holdingen et Rumelfangen, la moitié d’Enseligen ; l’autre moitié étant à S.A.


En 1613, Samson de Warsberg, reprit du duc Henri.


En 1665, le 25 mai, Jean Edmond, baron Walpot de Baseinheim, reprend par procureur, la moitié du château et seigneurie de Freistroff.


En 1666, le 7 avril, François Philippe de Vignéville du Sars, reprend de S.A. le quart de la seigneurie de Freistroff.

 

Freistrof vu de Remelfang Freistroff, vue de Remelfang, an 2000


Outre l’église de l’abbaye située sur le bord gauche de la Nied, il y a encore à l’autre extrémité du village de Freistroff, une église paroissiale, elle est petite et ancienne, et il en dépend plusieurs hameaux ; l’abbé de Bouzonville est collateur et décimateur, le curé est à compétence. Diocèse de Metz, baillage de Bouzonville, cour souveraine de Lorraine.

 

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  • : Hestroff, village de la Moselle francique
  • : Hestroff avant, pendant, après, de 1680 à 1789, 1939-45, 2009, 2010, 2011. Ses habitants, son histoire, sa généalogie, son actualité. Histoire et généalogie pays de Nied, Metz, Moselle
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