Dom Calmet rapporta que le bourg de Bouzonville n'avait rien de fort remarquable et que c'était son pont sur la Niede auprès de l'Abbaye, fort fréquenté par le passage des troupes qui avait contribué à l'agrandissement de la localité.
Même qu'il avait été question de transférer l'Abbaye de Bouzonville en un autre endroit, et de faire du monastère et de l'église qui subsistent aujourd'hui, une espèce de fort et de magasin pour la commodité des troupes qui y passent et y séjournent souvent, et pour la sûreté du passage qui est de grande conséquence, surtout en temps de guerre.
Des passages de troupe à Bouzonville, nous nous bornerons à rappeler que le 9 août 1703, lors de la guerre de succession d'Espagne, le duc de Bourgogne envoya ordre à M. de Varennes de tirer trois bataillons et quelques escadrons de nouvelle levée et de les assembler à Bouzonville, sur la Nied, pour couvrir le pays Messin.
Ainsi dans le cadre de la campagne d'Allemagne, on put noter à Bouzonville la présence de M. le marquis de Varennes, lieutenant général, M. de Grammont et M. de Saint-Laurent, maréchal de camp. 3 bataillons d'infanterie (Surbeck et Tilly). 13 nouvelles compagnies de cavalerie et des dragons (Villegagnon).
En 1705, Thionville, Sarrelouis et Luxembourg furent menacés par l'armée combinée Anglo-Batave, commandée par Churchill, si connu sous le nom de Marlboroug, l'homme le plus fatal à la grandeur de la France qu'on eût vu depuis plusieurs siècles. Comme tout annonçait que le projet des alliés était d'attaquer une ou plusieurs places de la frontière du nord-est, de se mettre en relation avec l'armée du duc de Lorraine, d'isoler l'Alsace et de porter la guerre au sein de la France affaiblie, la petite armée de la Moselle fut renforcée. Malgré des renforts et quelques nouvelles levées, cette armée ne s'éleva qu'à 55000 hommes. Villars, fait maréchal depuis 3 ans, fut donné pour chef à cette armée. Il en coûta cher aux habitants car Villars fit ruiner tout le pays qui était devant lui, ainsi que nombre de villages aux environs de Luxembourg et toute la campagne autour de Sarrelouis et de Bouzonville; son but était de nuire à l'ennemi et de l'empêcher de se maintenir dans le pays en le privant de ressources. Il fit établir un camp entre Bouzonville et Freistroff sous les ordres du maréchal de camp Streiff. Marlborough ou Malbrouck, contrarié dans ses desseins se retira sur les Pays-Bas après avoir perdu 4 à 5000 hommes par la désertion ou par les maladies.
Dans l'histoire de Jean Churchill, duc de Marlborough, il est bien précisé que le poste de Bouzonville sur la Nied étoit occupé par les François, ainsi que le château de Bourgaiche, situé vers le flanc des alliés (Bourgesch près de Schwerdorff). Si Malbrouck battit en retraite c'est parce qu'il ne reçut point les renforts du prince Louis de Bade qui tomba malade à Creutzwald.
Bouzonville l'échappa bel !
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A la mort de Charles II d'Espagne en 1700, le roi de France, l'Empereur d'Allemagne, (tous deux apparentés au défunt roi ) et l’électeur de Bavière, revendiquent la couronne. Charles II avait désigné comme successeur Philippe d'Anjou, petit-fils de Louis XIV. Celui-ci, qui y voit l'occasion de réunir les couronnes de France et d'Espagne, conserve au nouveau roi ses droits de succession éventuelle à la couronne de France. Eventualité qui entraînerait un déséquilibre européen que ne peuvent accepter les autres puissances.
L'Angleterre, les Provinces-Unies, la Prusse et l'Autriche se coalisent pour contrer la politique du Roi-Soleil. (Traité de La Haye (1701) conclu entre l'Angleterre, la Hollande, l'Empereur et la plupart des princes allemands, le Danemark et le Brandebourg). Heinsius, grand pensionnaire de Hollande, Malborough, général anglais chef du parti whig, et le prince Eugène en Autriche, animeront la coalition.
Cette guerre de succession, considérée comme une première guerre mondiale et économique, est parfaitement synthétisée sur l'excellent site 1789-1815.com sur lequel nous reviendrons bientôt.