Arnould Uten-Steenweghe, dit van der Noot, est le premier d'une maison réputée qui fit partie au 13e siècle des 7 familles patriciennes de Bruxelles.
Pour mieux comprendre la position sociale des UteSteenweghe, appelés plus tard van der Noot, il est essentiel de revoir l'organisation primordiale des communes dans le Brabant, en prenant pour types deux importantes cités comme Louvain et Bruxelles.
A Louvain comme à Bruxelles, les patriciens, goede liede, wel geborne (bien nés), étaient au premier rang de la bourgeoisie. Ils étaient divisés en sept lignages, dont chacun avait de droit son représentant dans l'administration urbaine. A Louvain ces sept familles, septem tribus patriciae, étaient les suivantes → de Liemingen, van der Calstren, van Redingen, van den Steene, Verrusalem, Gielis et van Rode ←. A Bruxelles, c'étaient les Sleeuws, les Sweerts, les Serhuyges, les Steenweg ("chemin(s) de pierre" nos van der Noot), les Coudenberg, les Serroelofs, et les Rodenbeke.
Les blasons des Sept Lignages de Bruxelles, gravés par Jacques Harrewyn, 1697
Le reste des bourgeois étaient libres, mais ne prenaient aucune part au gouvernement de la cité. A Louvain, les Peetermans, homines Sancti Petri, mansionarii Santi Petri, furent, dit-on, affranchis par le duc Henri 1er, en reconnaisance des services qu'ils lui avaient rendus dans ses guerres contre les Liégeois. Les échevins étaient au nombre de sept, un de chaque lignage. Ils étaient présidés, à Louvain par le mayeur, à Bruxelles par l'amman, proeco. Cet officier était chargé du pouvoir exécutif. Il surveillait l'observation des ordonnances du collège échevinal, recevait le serment des officiers inférieurs et des bourgeois, procédait aux arrestations et aux exécutions judiciaires. Il était aidé dans ses fonctions par un subordonné, appelé à Bruxelles clerc du sang, clerck van den bloede, parce qu'il siégeait dans les affaires criminelles, et par des sergents, qui marchaient armés devant lui, vorsters.
Bruxelles et Louvain possédaient, dès cette époque reculée, des jurés, geswoorne, qui partageaient les attributions des échevins, sans qu'on puisse déterminer d'une manière rigoureuse jusqu'à quel point ils intervenaient dans l'administration. Entre les lignages et les métiers, officia, ambachten, auxquels appartenait toute la petite bourgeoisie, les artisans et les détaillants, la gilde de la draperie, lakengulde, formait à Bruxelles comme une classe intermédiaire. Elle comprenait également et les patriciens et les plébéiens, si l'on peut emprunter ces dénominations à l'histoire de l'antiquité, qui se livraient à la fabrication et au commerce en grand.
Les principales branches de ce commerce étaient l'importation de la laine d'Angleterre ou d'Irlande, et en général celle de toutes les matières premières l'exportation des draps et des différents tissus en France, en Allemagne, en Lombardie etc., l'armement des vaisseaux et le change des monnaies. La direction suprême de cette corporation était confiée à deux doyens, decani guldae, guldekens, et à huit autres membres qu'on appelait simplement les huit de la gilde, octo guldae, de chat van de gulde. Tous les métiers qui s'occupaient de la préparation des draps, tels que les tisserands, les foulons, les tondeurs, les teinturiers, étaient soumis à la jurisdiction de ce tribunal. Chaque métier avait aussi ses chefs appelés doyens, et élus par le magistrat, sur une double liste de candidats présentée par la corporation. Chacune de ces petites sociétés avait également son saint patron, sa chapelle ou du moins son autel dans une des églises de la ville, sa caisse de secours pour les malades et les infirmes, sa bannière portée dans les cérémonies publiques, sa maison ou sa salle de réunion, ses archives, son huissier.
Pour être admis à exercer une profession mécanique, il fallait avoir fait son apprentissage chez un maître reconnu pendant un temps déterminé, et avoir donné des preuves de son habileté. On était successivement apprenti, ouvrier ou compagnon, maître enfin, quand on s'établissait et qu'on travaillait pour son propre compte.
Voici la liste des métiers de Bruxelles : ils sont groupés d'après la nature de leurs travaux :
Marchands de denrées et de boissons boulangers→ brootmasckers, bouchers et abatteurs→ beenhouwers en slagers, marchands de poisson salé et ou de poisson de rivière→ visschers en groen-visschers, marchands de légumes,→ brouckoisen , fruitiers→ fruyteniers, graissiers→vettewariers, brasseurs→ brouwers, brieders, marchands de bière→ medeblanderen, marchands de vin→ wyn terverniers , meuniers→ molders.
Artisans travaillant le bois, la pierre, etc : charpentiers→ timmerlieden, tourneurs, drayers, ébénistes → schrynwerckers, charrons→ raedemaeckers, tonneliers→ cuypers, tailleurs de pierres→steenhowers, maçons→ meisers, fabricants de tuiles→ pannemaeckers, couvreurs en tuiles, en ardoises et en chaume→ ticheldeckers, schailliedeckers, stroydeckers, badigeonneurs → pleckers, scieurs→zagers, vitriers → gelassemaeckers, plombiers →tengieter, vanniers →mannemaeckers, peintres →schilders .
Travaillant les métaux : orfèvres→ gouldt ends silver smeden, forgerons→ smeden, couteliers→ mesmaeckers, serruriers→ sloetmaeckers, batteurs d'or→ goudtslagers, éperonniers→ spoormaeckers
Travaillant le cuir : tanneurs→ vetters huydevetters , selliers→ sadelmaeckers, fabricants de harnais→ harnasmaeckers, gantiers→ handtschoemaeckers, fabricants de ceintures→ riemmaeckers , cordonniers→ schoenmaeckers, savetiers,→ oude-schoenmaeckers, fabricants de ceintures→riemmaeckers , cordonniers→ schoenmaeckers, savetiers→ oude-schoenmaeckers.
Employés à la fabrication et à la vente des tissus : tisserands→ wevers, foulons→ volders, teinturiers→ verwers , tondeurs→ droogscheerders, apprêteurs→ aendoenders, blanchisseur→ blyckers, drapiers→ laeckenmaeckers, tailleurs→cleermaeckers, fripiers→ oude-cleermaeckers, peletiers, peltiers passementiers→ passementmaeckers.
Métiers divers : merciers→ kremers, meerslieden, bateliers→ schippers, barbiers→ barbiers.
Les plus importants des métiers étaient ceux des tisserands et des foulons. A Bruxelles, la draperie était, dès le 13e siècle, le plus florissant et elle faisait des envois considérables d'étoffes aux grandes foires de Champagne et de Brie, d'où ces étoffes se répandaient dans tout le reste de la France et jusque dans l'Italie. La halle aux draps existait déjà à cette époque, entre la halle au pain et la halle à la viande. L'industrie des draps était également florissante à Louvain. La céruse, destinée à la teinture, est exemptée de tout droit de tonlieu dans la charte de 1211. Le même document nous apprend que cette ville fait aussi un grand commerce de bétail et de miel. Cette dernière substance était employée en quantité notable pour la confection de l'hydromel.
Certes, il est bien fastidieux de vous donner la traduction flamande - graphie du 19e - de tous ces métiers. Mais si vous vous donnez la peine d'y prendre garde, vous serez en mesure de comprendre mieux certains patronymes flamands dérivés des métiers, tout comme vous vous rendrez compte que le flamand n'est pas si loin du francique ... Let's go
Source : Nobiliaire des Pays-Bas et du Comté de Bourgogne, Volume 8, 1661-1686
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A lire ou à relire sur Wikipedia les Lignages de Bruxelles
Les "Lignages de Bruxelles" formaient depuis le Moyen Âge jusqu’à la fin de l’Ancien Régime une véritable oligarchie de familles patriciennes qui dirigeaient la ville de Bruxelles.
Ces sept lignages étaient : le Lignage du Lion (Sleeus ou S'Leeuws Geslachte), de l'Hôte (ou, dit-on parfois, de l'Epée, Sweerts ou S'Weerts Geslachte), des fils d'Hugues (Serhuyghs ou S'Hughe-Kints Geslachte), Ceux de la Chaussée (Steenweeghs ou Die Uten-Steenweghe), Ceux du Froid-Mont (Coudenbergh ou Coudenberg, ou Die van Coudenbergh), le Lignage de Sire Rodolphe (Serroelofs ou Ser-Roelof Geslachte) et Ceux du Ruisseau rouge (Roodenbeke ou Die van Rodenbeke). Chaque lignage possédait son hôtel fortifié (ou "Steen").
En vue d'administrer la ville, chaque lignage désignait un magistrat nommé échevin. Ces sept échevins, formant la représentation officielle de la bourgeoisie de Bruxelles, administraient la ville avec l'amman, l'officier du duc de Brabant.
La qualité lignagère se transmettait tant par les hommes que par les femmes. Durant l'Ancien Régime, les personnes désirant faire partie des lignages devaient démontrer leur ascendance jusqu'à une personne ayant été échevin de Bruxelles. Ces listes ont été conservées et publiées, notamment dans les "Tablettes du Brabant" (Recueil, tomes X et XI) et également sous le lien suivant : http://fr.wikipedia.org/wiki/Lignages_de_Bruxelles .Entre autres particularités, notons que la qualité lignagère donnait gratuitement droit à la bourgeoisie de Bruxelles.
De nos jours, une association regroupe les descendants contemporains des lignages de Bruxelles (voyez notamment l'ouvrage de Baudouin Walckiers, "Filiations lignagères contemporaines", Bruxelles, 1999). L'Association des Descendants des Lignages de Bruxelles (ADLB) est considérée comme l’association bruxelloise la plus prestigieuse, voire même l'association belge la plus prestigieuse, bien loin devant l'association de la noblesse belge (ANB). En effet, si constitutionnellement, le Roi fait des nobles à volonté, il n'a cependant pas le pouvoir de faire admettre des personnes aux Lignages. L'ADLB est un véritable conservatoire de la mémoire de Bruxelles et se consacre, comme jadis les ancêtres lignagers sur les remparts de la cité, à la défense culturelle de Bruxelles et à la sauvegarde du passé.
Par ailleurs, de nos jours, selon la coutume, chaque membre descendant des Lignages peut sur sa carte de visite faire suivre son nom des initiales P. B. (Patricius Bruxellensis) ou N. P. B. (Nobilis Patricius Bruxellensis) s'il appartient à la noblesse, comme on le trouve déjà dans les écrits de Jean-Baptiste Houwaert.