L'abbé Louis Hackspill, bien que né à Bouzonville (Moselle) le 29 juin 1871, avait ses racines profondes à Hestroff.
Inhumé à Bouzonville, Louis, Pierre, Jean-Baptiste, fils d'Antoine Hackspill, fondateur de la société de musique Sainte-Cécile de Bouzonville en 1865, s'était éteint à Craincourt, sa dernière paroisse, le 19 décembre 1945, tel que l'annonça l'Institut catholique de Toulouse au sein duquel il avait été professeur d'éxégèse biblique :
" Une belle figure de patriote lorrain. Une pénible nouvelle nous est parvenue : M. l'abbé Louis Hackspill s'est éteint au matin du 19 décembre, un peu avant six heures, en son presbytère le 19 décembre 1945 .."
Député de la Moselle de 1919 à 1924, Louis Hackspill fit ses études au petit et au grand séminaire de Metz, puis à Rome et à Paris. Ordonné prêtre en 1895 à Metz, docteur en théologie en 1896, nommé vicaire à Thionville en 1897, puis professeur d'écriture sainte à l'Institut catholique de Toulouse de 1902 à 1907, et enfin curé de Saulny (diocèse de Metz) en 1907, il se lance dans la vie politique en 1911 à l'occasion des élections au Landtag d'Alsace-Lorraine, où il est candidat du « Centre lorrain » dans la circonscription de Saint-Avold. Elu au deuxième tour, opposé au centre allemand, il défend au Landtag une politique purement lorraine, ce qui le rend suspect aux yeux des autorités allemandes. En 1918, il devient directeur du journal Lothringer Volkszeitung, La libre Lorraine, journal catholique. Dès la libération de l'Alsace-Lorraine, il participe à la création du parti de l'union républicaine lorraine. Il se présente sur la liste de ce parti aux élections législatives de 1919. La liste de l'union républicaine lorraine obtint la majorité absolue et sur les huit députés qu'elle comportait Hackspill obtint le septième rang avec 61.204 voix ; sur la même liste Robert Schuman avait été élu second avec 62.089 voix. Les candidats de la liste socialiste unifiée n'avaient réuni que 27.229 à 26.407 voix et la liste française républicaine lorraine 6.955 à 6.467 voix.
A la Chambre, membre de la commission d'Alsace-Lorraine, il manifesta par ses propositions, rapports et interventions, l'intérêt qu'il portait à sa province meurtrie, notamment en matière de mines de potasse, chemins de fer, conseils de prud'hommes, indemnités aux internés et expatriés.
Critiqué dans son pays à la fois pour son activité de directeur de journal, pour ses propos très libres et ses conceptions sociales, il ne fut pas désigné comme candidat par son parti aux élections de 1924.
Nommé en 1927 curé de Graincourt, il cessa toute activité politique.
Pendant la seconde guerre mondiale il se réfugia dans l'Ariège dès 1939.
Source : Assemblée nationale
Elu au Landtag, suspect aux yeux des autorités allemandes, Louis Hackspill fut conduit en 1914 en prison, menottes aux mains, comme un malfaiteur de droit commun.
Les activités de Louis Hackspill ne s'arrêtaient pas à la politique. Il avait également publié un travail intéressant sur certaines parties de la version éthiopienne de l'Evangile, ses élèves s'occupant de copier des manuscrits arabes qui contenaient des renseignements historiques sur l'Abyssinie, l'origine de l'alphabet des Sabéens, expliquée à l'aide des écritures safaïtique et lihyanite.
En 1913, les mémoires de l'Académie de Metz, dont il faisait partie, l'évoque en ces termes : "M. l'abbé Louis Hackspill, curé de Saulny près Metz, aussi un Lorrain, ancien professeur de langues orientales, un de nos vulgarisateurs les plus érudits. J'aurai à parler de l'éloquent discours qu'il a prononcé au Landtag, ..."
L'abbé Louis Hackspill assurait aussi de décembre 1918 à avril 1923 la direction politique du Lothringer Volkszeitung (sous titré La Libre Lorraine), quotidien catholique de langue allemande, publié à Metz entre 1918 et 1940, qui s'inscrivait dans la continuité d'un précédent quotidien messin, le Lothringer Volksstimme, paru de 1902 à 1918. Le Volkszeitung se plaçait sur une ligne autonomisante et défendait ardemment le particularisme alsacien-lorrain.
L'abbé Louis Hackspill repose auprès de ses parents et de ses frères Paul Joseph Marie, médecin à Hayange, et Mathieu ingénieur à Strasbourg.
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