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1 août 2009 6 01 /08 /août /2009 06:44
Abraham BLUM, fils de Michel de Metz, marchand de bestiaux, et Sara ISRAËL, vendeuse de pain à Metz rue de l'Arsenal, épouse Elisabeth OSBILD à Hestroff le 30 septembre 1846.

Un mariage comme tant d'autres ? Que nenni !

A côté du cimetière de Hestroff,  les maisons HUMPSH et BLUME transformées depuis les années 1980.

Abraham, coquetier puis marchand de porcs en 1847 à Hestroff, est né à Luttange le 20 novembre 1811. Il connaît celle qu'il vient d'épouser depuis ces 21 ans, soit 13 ans au moins.

Elisabeth OSBILD, coquetière, fille de Louis Sylvestre et de Barbe Catherine BOUSENDORFFER, née à Hestroff le 28 juillet 1804, n'est-elle pas
la mère de ses enfants Catherine née en 1833, Anne-Catherine en 1835, Nicolas en 1837, Marie en 1939, Jean-Pierre en 1842 et Pierre en 1844 ?

Sur l'acte de mariage enregistré ce 30 septembre 1846 à Hestroff on peut lire :

"la mère refuse son consentement, il nous a été exhibé par le futur époux un acte respecteux fait le 8 août dernier par Maître Nicolas RICHARD, notaire à Metz adressé, à Sara  ISRAËL .... par lequel il lui demande de consentir à son union avec Elisabeth OSBILD ... les formalités requises étant remplies, le délai expiré ...
"

Une petite fille prénommée Marguerite viendra le 20 mars suivant enrichir cette union et porter nos petits goym au nombre de 7. La maman a près de 43 ans et l'heureux papa en a presque 36.

Inutile de vous rappeler que la descendance d'Abraham BLUM ne sera jamais reconnue au sein de la Communauté juive.

Par contre, au début de ces tristes années dominées par le nazisme, avec la complicité du secrétaire de mairie  - pour effacer toutes traces de racines juives -, fut rajouté en grand secret et avec dextérité un "e" à tous les BLUM de l'état-civil de Hestroff.

Nos vrais faux BLUME (Fleur pour les Teutons) n'en ont pas dormi pour autant sur leurs deux oreilles... Si dans le village on ignorait alors tout des camps de concentration, on savait qu'il valait mieux faire profil bas tant il n'était pas bon d'être Juif.

Descendance de BLUME Abraham

BLUME Abraham N : 20/11/1811 Luttange (57)  D : 04/05/1858 Hestroff (57) Coquetier; Marchand de porcs en 1847
x OSBILD Elisabeth N : 28/07/1804 Hestroff (57) M : 30/09/1846 Hestroff (57) D : 11/05/1865 Hestroff (57) Coquetière
| ...BLUME Catherine N : 29/08/1833 Hestroff (57)  
| ...BLUME Anne Catherine N : 26/09/1835 Hestroff (57)   
| ...BLUME Nicolas N : 12/10/1837 Hestroff (57)  Coquetier, Ferkelshändler en 1874
| ...BLUME Marie N : 22/12/1839 Hestroff (57)  
| ...BLUME Jean Pierre N : 04/01/1842 Hestroff (57)  
| ...BLUME Pierre N : 08/07/1844 Hestroff (57)  Ouvrier
| ...BLUME Marguerite N : 20/03/1847 Hestroff (57) D : 09/12/1848 Hestroff (57)


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29 juillet 2009 3 29 /07 /juillet /2009 00:00
Vie et mort des Juifs sous l'occupation - 7 -

Sylvain Caen et son groupe de rescapés pensaient que la guerre éait terminée, mais les Américains étaient toujours au combat. A l'heure du couvre-feu encore de rigueur, ils se firent arrêter.

"Cest là que j'ai peut-être passé la nut la plus désagréable de ma vie. Les Américains nous avaient collés avec des SS qu'ils avaient arrêtés peu avant nous. Partager la même cellule qu'eux était insupportable. Chaque fos que je protestais, une sentinelle pointait sa mitraillette sur moi.

"Le lendemain, un officier est venu nous libérer avec des excuses. Mais notre voiture ne nous fut pas rendue. On a raconté notre mésaventure aux Français qui nous avaient aidés et ils allèrent aussitôt voler la voiture pour nous la rendre. Cela s'est déroulé en l'espace de trois jours."

Par la suite, Sylvain Caen attrapa le typhus et resta dans le coma, sous perfusion, six jours et six nuits. Puis il "revient au monde". Comme il parvenait difficilement à s'alimenter, sa guérison fut très lente et il lui fallut attendre un certain temps avant de pouvoir marcher. Il passa par un camp de personnes déplacées et, dès qu'il fut transportable, on le rapatria en France, le 2 juin 1945. Il arriva en France par Sarrebourg, à quelques kilomètres de l'une de ses soeurs.


"J'ai téléphoné et on est venu me chercher. A l'arrivée, avec mes bottes, des vêtements civils et un pardessus, je pesais cinquante kilos. Il fallut me refaire une santé... J'appris avec soulagement que toute ma famille directe était sauve. En revanche, du côté maternel, mes oncles, tantes et cousins ne sont plus jamais revenus...

"Enfin rétabli, je suis rentré à Metz, où j'ai retrouvé ma future femme que j'avais rencontrée avant la guerre. On s'est mariés en 1946, on a eu des enfants peu après, la vie a repris le dessus.


Mais depuis son retour, à l'issue de cette expérience inhumaine, quelque chose avait profondément changé en Sylvain Caen. Il établit une distinction entre sa nationalité et son appartenance.

"Quand j'étais sur la frontière suisse, j'aurais pu passer sans difficulté et me mettre à l'abri, mais j'étais officier, j'avais été éduqué dans une famille française, dans l'esprit du devoir. Les Juifs d'Alsace-Lorraine étaient profondément patriotes. Curieusement, ce n'est pas au moment du statut de 1940 que j'ai eu ce débat intérieur : "Juif ou Français ?" C'est arrivé après la guerre...

"J'ai eu une éduction juive traditionaliste, pratiquant le judaïsme comme il se vivait dans nos régions : avec des connaissances imparfaites. On était comme tous les Français israélites : Juif chez soi, et Français dans la rue. Il faut savoir que l'antisémitisme était virulent en France depuis 1934. Je me souviens que, comme jeune étudiant, puis dans l'armée, je me revendiquais en tant que citoyen français de religion israélite. Les Juifs étaient français depuis des siècles. J'avais les mêmes droits et les mêmes devoirs que tous les Français...

Je suis entré dans la résistance car je pensais que c'était mon devoir de citoyen, en tant que Français, en tant qu'officier et en tant que Juif, de combattre l'ennemi.

"Pour moi le problème a été simple : j'étais un Français de religion israélite avant la guerre, mais ce gouvernement pour lequel j'avais combattu dans l'armée, ce gouvernement qui n'avait rien fait pour nous sauver de la déportation, ce gouvernement représentait à mes yeux la France. J'ai alors pris conscience, après la guerre, qu'il s'était produit en moi une mutation. Je suis devenu, depuis ce jour, je le suis encore et le revendique hautement, je suis devenu un Juif de citoyenneté française. C'est différent..."

Après la guerre, Sylvain Caen fut nommé à un grade supérieur de l'armée. Même pendant sa déportation, alors qu'il se trouvait à Auschwitz il avait été nommé sous-lieutenant puis lieutenant le même jour, par de Gaulle, à Alger.

"Je suis devenu un sioniste actif. Pendant vingt-cinq ans, j'ai été collecteur de l'Appel juif unifié et responsable de l'Association France-Israël jusqu'en 1985, afin de promouvoir des voyages et des liens de sympathie auprès des non-Juifs pour Israël.

"Actuellement, je suis secrétaire général du comité de Yad Vashem en France. Je suis entièrement concerné par le judaïsme et Israël..."



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28 juillet 2009 2 28 /07 /juillet /2009 00:00
Vie et mort des Juifs sous l'occupation - 6 -


  Vie et mort des Juifs sous l'occupation - 6 -

"Devant l'avancée des Américains, les SS décidèrent l'évacuation du camp. Les Juifs furent rassemblés sur la place d'appel, parqués dans une usine, puis embarqués. Personne n'a survécu à ce convoi, qui, arrivé à Dachau, ne contenait plus que des cadavres. J'ai pu y échapper. Au moment du rassemblement des Juifs, grâce à la complicité des résistants français, je pus me faire passer pour un détenu politique. C'est à ce moment-là que j'appris l'existence d'un mouvement de résistance au sein même du camp, auquel j'adhérai aussitôt.

"Au moment de l'évacuation de Buchenwald, le 10 avril 1945, je compris qu'il y avait deux groupes, ceux qui partiraient à pied et ceux qui prendraient le train. J'avais l'expérience des deux et m'arrangeais pour être de ceux que l'on mettait dans les trains.

"Ce ne fut pas une bonne idée car, le lendemain, Buchenwald fut libéré par les résistants du camp, juste avant l'arrivée des Américains...

"On arriva dans un autre camp, celui de Flossenburg, qui fut également évacué. Nous marchions trente kilomètres par nuit, jusqu'à ce que les Américains nous libèrent sur la route, tout près de la frontière tchèque."

Les Allemands étaient cernés, d'un côté par l'avance des Russes, de l'autre par celle des Alliés. Malgré tout, ils cherchaient une issue car, dans leur esprit, il était hors de question de libérer qui que ce soit. Tous devaient être exterminés. Eichmann avait même donné la priorité aux convois de prisonniers juifs sur ceux de l'armée. L'extermination l'emportait sur l'efficacité militaire...

"Libéré dans la petite ville de Cham située dans le Haut-Palatinat, à la frontière tchèque, j'ai rencontré un sous-officier de l'armée française. Il était avec douze hommes chargés du renseignement. En réalité, ils recherchaient déjà des criminels de guerre. Certains SS tentaient de se faire passer pour des déportés.

"On m'a présenté au capitaine de cette troupe qui, en découvrant l'état dans lequel nous étions, nous a équipés et a réquisitionné pour nous une grosse voiture américaine ayant appartenu aux autorités nazies hongroises. Ils ont rempli le réservoir, ajoutant dans le coffre une réserve de cinquante litres d'essence et chacun d'entre nous s'est vu remettre un pistolet au cas où il aurait à se défendre."

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27 juillet 2009 1 27 /07 /juillet /2009 10:11

"En honorant ceux qui ont refusé de se plier à la fatalité de la volonté exterminatrice de l´idéologie nazie, la médaille des Justes contribue à rétablir l´Histoire dans sa vérité."


Simone Veil



Le Comité Français pour Yad Vashem, association fondée en 1989, par Sylvain CAEN et Charles CORRIN,  est constitué presque exclusivement de bénévoles. Actuellement, les présidents d'honneur en sont Samuel PISAR, Simone VEIL, Elie WIESEL et Dr Richard PRASQUIER.

Ce comité s’est donné trois missions essentielles :

  1. Faire reconnaître et honorer les Justes des Nations
  2. Collecter les noms des victimes de la Shoah
  3. Favoriser la transmission de l’histoire de la Shoah

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27 juillet 2009 1 27 /07 /juillet /2009 00:00

Vie et mort des Juifs sous l'occupation - 5 -
Sylvain Caen passa d'un kommando à l'autre, pour des travaux très durs, jusqu'au jour où il eut la chance inespérée d'avoir comme chef un sous-officier de la DCA allemande qui était un ancien légionnaire français. Il prit Sylvain en sympathie et lui apporta tous les jours un petit supplément alimentaire qu'il transportait dans sa serviette.

Tout l'hiver 1944-1945, Sylvain Caen le passa dans la plaine entourant Auschwitz, non loin de Birkenau dans la vallée de la Vistule, gardé par des troupes de la DCA. Ce n'était pas aussi dur que le régime SS, sauf au moment de rentrer au camp.

"Ce même Allemand qui me nourrissait m'avait donné des bottes toutes neuves, un don inestimable dans notre situation et me demandait toujours de lui préparer son feu. Grâce à lui, je pus "durer" jusqu'à l'évacuation du camp, puis résister à "la marche de la mort" qui commença le 18 janvier 1945."

A chaque étape de cette marche qui les mena d'Auschwitz à Gleiwitz, les détenus étaient parqués dans d'autres camps, avant de repartir dans la neige, par moins 30 degrés.

"A Gleiwitz, les Allemands formèrent des convois vers différents camps du centre de l'Allemagne. Un de mes anciens kapos, un Tchèque juif communiste qui avait déjà fait sept ans de camps, m'informa de la constitution d'un convoi destiné à Buchenwald, un camp qui, d'après lui, était plus supportable que les autres. Je me suis précipité vers l'endroit où s'opérait le tri. Aptes à droite, inaptes à gauche. Mes bottes de caoutchouc attirèrent la convoitise d'un kapo allemand détenu de droit commun, qui m'aiguilla vers les éclopés, d'où je réussis à repartir vers le quai d'embarquement. Nous fûmes entassés dans des bennes à charbon découvertes, debout, sans pouvoir nous asseoir un seul instant. Il neigeait. Pour tromper la faim et étancher notre soif, nous mangions la neige sur le dos de nos voisins.

"Très vite, il y eut des morts. Nous avons traversé la Tchécoslovaquie, sans boire ni manger pendant plusieurs jours. Arrivées à Buchenwald dans la nuit du 25 janvier, nous avons dû marcher par cinq, les moins faibles soutenant les plus fragiles. Douches, désinfection, rhabillement, nouvelle immatriculation, toutes ces opérations précédèrent une maigre distribution de pain. Au matin, nous avons intégré le "petit camp", où les conditions de vie étaient épouvantables.

"Je fus rapidement repéré par d'anciens résistants français qui me firent passer dans un "grand camp", où la vie était un peu mieux organisée, depuis que les "politiques" avaient éliminé le "droits-communs".

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26 juillet 2009 7 26 /07 /juillet /2009 09:49
Vie et mort des Juifs sous l'occupation - 4 -

"A l'arrivée, ce fut la scène aujourd'hui bien connue : la sélection sur le quai, les bagages que l'on laisse dans les wagons, les détenus en tenues rayées qui nous font descendre; et on ne comprend pas ce que cela signifie, ni qui ils sont. On nous met en rang en nous bousculant, sans nous parler. Puis vient le tri effectué par les médecins SS : les hommes d'un côté, les femmes et les enfants de l'autre. Enfin c'est la sélection à l'intérieur de ces premières colonnes, afin de définir qui est apte au travail... On ne comprenait pas. On avait même une idée complètement fausse de ce qui nous attendait. Cela parce que les dirigeants de Drancy, pour éviter les révoltes et les évasions, avaient déclaré que nous allions rejoindre des familes déjà déportées, dans une colonie agricole, ou un camp de travail en Pologne.

"Pour nous donner le change, la veille du départ, on nous avait demandé de déposer notre argent français, contre lequel on nous avait remis un bon pour un certain nombre de zlotys à recevoir en Pologne..."

Sylvain Caen fut sélectionné parmi les hommes aptes au travail. Rien de surprenant à cela, il avait vingt-cinq-ans, il était grand et sportif. Il fut envoyé au camp de Monowitz, surnommé "Buna", qui dépendait de l'usine de l'I.G. Farben Industrie, fabriquant du caoutchouc et de l'essence synthétiques. Le camp, immense, comptait près de dix mille hommes de toutes nationalités.

"On ne s'était pas posé de questons sur ceux qui étaient restés sur le quai, ou qui avaient pris une autre direction. On ne savait pas encore... Je pensais que les autres groupes allaient être conduits vers d'autres camps.

"Aussi, lorsqu'on nous annonça à notre arrivée à Monowitz : "Ici, vous entrez par la porte et vous ressortez par la cheminée...", on n'a pas compris ce que cela signifiait. Nous trouvions même la plaisanterie de fort mauvais goût."



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Voir aussi fiche expo de l'Université de Nancy : http://www.ac-nancy-metz.fr/Academie/Esprit_defense/Fiches_Expos_DMPA.pdf
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25 juillet 2009 6 25 /07 /juillet /2009 05:24
Vie et mort des Juifs sous l'occupation - 3 -


Au siège de la Gestapo, on l'interrogea, et Sylvain Caen ne chercha pas à nier sa véritable identité, que d'ailleurs les Allemands connaissaient déjà, et déclara qu'il s'était muni de faux papiers parce qu'il était juif. Cela le sauva.

"Dans ces moments-là, on réfléchit très vite ! J'avais appris que, dans la prison où l'on me dirigeait, se trouvaient déjà quelques résistants. Je les connaissais, eux aussi. Je voulais absolument éviter d'être confronté à l'un d'entre eux, avec le risque qu'il admette que j'étais leur chef. Je ne vis qu'une solution : en me déclarant d'emblée juif, on m'enfermait ailleurs. Je suis resté quinze jours en cellule dans les caves de l'école Saint-François d'Annecy et je fus presque soulagé le jour où l'on me transféra à Drancy. Evidemment, j'ignorais encore ce qui m'attendait..."

Sylvain Caen arriva le lendemain du départ d'un convoi de déportation... Il était encore à Drancy au moment du débarquement. Les internés apprirent la nouvelle et commencèrent à nourrir quelque espoir. En vain, car, le 30 juin 1944, il fut déporté à Auschwitz, alors que les Alliés avaient déjà conquis la Normandie.

"Je suis arrivé à Auschwitz au début du mois de juillet, par une chaleur torride. Nous étions soixante hommes par wagon et tous d'accord pour tenter de nous évader. Nous avions pu emporter quelques outils, mais les gardiens nous ont surpris à l'oeuvre. Ils nous ont fait descendre du train, nous mirent à nu en balançant nos vêtements dans le wagon, puis nous firent remonter dans cet état, jusqu'à Auschwitz, sans boire ni manger, entassés dans ces wagons plombés, entourés de barbelés, sous le soleil de juillet . "Nous avions de quoi manger grâce aux petites réserves que nous avions pu emporter. Mais la soif était pire que la faim. N'ayant pas une goutte d'eau à boire, nous ne pouvions rien avaler, ça ne descendait pas."

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Lire autre témoignage de Sylvain Caen à l'adresse suivante : http://www.fmd.asso.fr/updir/20/02_27px.pdf


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24 juillet 2009 5 24 /07 /juillet /2009 06:55
Vie et mort des Juifs sous l'occupation - 2 -

Une fois civil, Sylvain Caen rejoignit les siens en Haute-Savoie et trouva rapidement un travail. Quand les mouvements de résistance commencèrent à se former, il n'hésita pas un instant et chercha à y entrer.

"Je me suis engagé dans l'armée secrète en 1943, en qualité de chef de secteur de base, ayant sous mes ordres tout ce qui était résistance armée entre Bonneville et Sallanches. J'étais avec un des officiers d'un bataillon de chasseurs alpins qui faisait partie de l'armée d'armistice dissoute lorsque les Allemands avaient envahi la zone sud. Ces soldats sont presque tous entrés dans la clandestinité et ont formé des groupes militaires. Nos activités consistaient en des actions de sabotage, de renseignements, de recrutement et de réserve pour le jour du débarquement.

"Malheureusement, en 1944, je fus dénoncé par un jeune qui travaillait dans l'hôtel où je logeais : il avait vu que j'avais une carte d'alimentation dont le nom était différent de celui figurant sur ma carte d'identité, cette dernière étant bien entendu fausse.

"La Feldgendarmerie m'arrêta le 23 mai 1944 et m'emmena à la Gestapo d'Annecy."

En cours de route, Sylvain Caen écouta attentivement les propos que les Allemands tenaient devant lui sans se méfier, ignorant qu'il parlait parfaitement leur langue. C'est ainsi qu'il apprit que le patron de son hôtel avait également été arrêté et surtout que les Allemands ne savaient absolument rien de ses activités clandestines, leur unique grief étant sa fausse carte d'identité. Il savait dès lors ce qui lui restait à faire...
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23 juillet 2009 4 23 /07 /juillet /2009 00:11
Vie et mort des Juifs sous l'occupation

Sylvain Caen se trouvait dans un bataillon autonome. Sergent-chef dans les chars, il fut envoyé, durant l'hiver 1939-1940, à l'école des officiers à Versailles, d'où il sortit trois mois plus tard, aspirant. Alors qu'il se trouvait en permission, il fut rappelé le 10 mai, au moment de l'attaque des troupes allemandes sur la Hollande et la Belgique. Affecté à un bataillon de chars en formation stationné dans le Loiret, il fut surpris par la débâcle.

"Nous étions en formation, il n'y avait donc ni les effectifs ni le matériel voulu. Nous dûmes faire notre retraite d'abord à pied, puis nous avons embarqué à Châteauroux, afin de descendre vers le sud, comme toute la France."

A Angoulême, Sylvain Caen partit comme volontaire avec une section de chars sans canons, dont l'objectif était de défendre la ville de Bordeux contre l'invasion allemande. Ils sont arrivés à Bordeaux le jour de l'armistice. Dans la nuit, ils reçurent l'ordre de traverser la Garonne, ce qui leur a évité d'être faits prisonniers...

"A partir de ce moment-là, j'ai fait les efforts nécessaires pour rechercher ma famille, que je finis par retrouver à Annemasse, le long de la frontière suisse. Pour ma part, j'étais disposé à rester dans l'armée. J'avais été élevé dans un esprit patriotique, dans le principe d'une France forte, avec une armée moderne. Je faisais partie d'un régiment de chars qui était à l'avant-garde. Toute l'armée n'était pas ainsi, à l'époque. Les Français ne voulaient pas "mourir pour Dantzig". A leurs yeux, c'était le problème de la Pologne avec l'Allemagne, ils ne se sentaient pas concernés. C'est surtout aux yeux de ceux-là que Pétain avait l'air d'un sauveur...
"J'avais vingt-et-un ans au moment de l'Armistice et j'étais désemparé parce qu'on n'était pas parti en guerre pour la perdre. Ce fut une grande déception. Lorsqu'en septembre, on a commencé à parler d'un statut des Juifs, promulgué en octobre 1940, je n'ai pas voulu subir l'affront d'être mis à la porte de l'armée. J'ai demandé à être démobilisé, alors que c'est au sein de l'armée que j'aurais été le mieux à l'abri avec mon traitement d'officier...
"Il y eut vingt-deux généraux juifs destitués de l'armée en 1940 ! Pas un seul des autres généraux, en voyant son camarade juif renvoyé, n'a donné sa démission pour autant, ne serait-ce que par solidarité militaire... Même de Lattre de Tassigny est resté dans l'armée d'armistice jusqu'à l'occupation de la zone sud. Il n'est devenu résistant qu'après. Les choses n'étaient pas si simples..."
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22 juillet 2009 3 22 /07 /juillet /2009 00:00

Sylvain CAEN, résistant, déporté sous l'occupation

Né en Lorraine, dans un petit village (Hestroff) proche de la frontière allemande où sa famille s'était implantée depuis des siècles, Sylvain Caen avait vingt ans en 1939. Il était sous-officier dans l'armée, après s'être engagé en 1937 par devancement d'appel et avoir effectué deux ans de service militaire à Metz, sous les ordres du Colonel de Gaulle.

"Le village dans lequel habitait mon père, se trouvait en pleine ligne Maginot. Les habitants furent évacués en 1939 et dirigés sur des lieux de refuge, situés en général dans l'ouest de la France. Mon père est, lui, allé s'établir chez une de mes soeurs qui se trouvait dans la région de Sarrebourg. En juin 1940, à l'issue de l'avancée allemande, toute la famille est partie vers le sud de la France. Ils ont été coupés par les Allemands dans le Doubs, et sont passés par la Suisse. Très vite après la signature de l'armistice, les Suisses leur ont signifié que, la guerre étant terminée, ils devaient rentrer chez eux. Ce qui était impossible, puisque l'Alsace-Lorraine avait été annexée par l'Allemagne. Il était hors de question pour les Juifs d'y retourner. Les rares qui s'y trouvaient encore à ce moment-là avaient été expulsés. Restait la zone sud...
"Ma famille s'est donc installée en Haute-Savoie.
"En 1939, j'ai fait l'entrée en Allemagne. La plupart des gens ignorent qu'en 1939, c'est la France qui a attaqué et nous sommes entrés en Sarre, très facilement du reste. Nous n'avons rencontré que très peu de résistance, car les Allemands étaient en grande partie engagés dans leur campagne de Pologne et la plus grande partie de leur armée se trouvait de l'autre côté. C'est véritablement à ce moment que l'état-major français n'a pas su exploiter les possibilités qu'il avait ! Au bout de quinze jours on s'est replié devant, puis derrière la ligne Maginot. Nos chefs militaires étaient des incapables. Les guerres ne se gagnent pas toujours par ceux qui, militairement, sont les plus forts : l'erreur tactique peut être lourde de conséquences.

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Présentation

  • : Hestroff, village de la Moselle francique
  • : Hestroff avant, pendant, après, de 1680 à 1789, 1939-45, 2009, 2010, 2011. Ses habitants, son histoire, sa généalogie, son actualité. Histoire et généalogie pays de Nied, Metz, Moselle
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