2 septembre 1939
Tôt ce matin-là, 303 personnes de Hestroff, se partageant 18 voitures attelées, entament leur douloureux voyage, laissant divaguer leurs chats et chiens, la basse-cour, les lapins dont on avait ouvert les clapiers, les cochons et les vaches que certains par compassion ont traites avant le départ.
Première étape : Saint-Privat-la-Montagne
Les ordres sont clairs. Il va falloir parcourir plus de 40 kilomètres par monts et par vaux en évitant au maximum les voies principales réservées à l'armée. Les personnes valides doivent descendre des voitures à l'abord des côtes pour ménager les montures.
Direction Ebersviller. D'Ebersviller, il faut remonter le grand massif forestier pour rejoindre Aboncourt. Puis direction Altroff, tout en haut sur la colline. Il ne faut surtout pas traverser Bettelainville où cantonnent les soldats français. D'Altroff on va rejoindre Flévy où on pausera.
Vingt kilomètres viennent d'être parcourus et tout le monde est déjà bien fatigué. Bêtes et gens sont désaltérés. Chacun tire son casse-croûte du baluchon.
Cependant, il faut aller de l'avant et traverser la Moselle pour rejoindre sur l'autre rive Maizières-les-Metz d'où on rejoindra l'étape finale tard le soir.
Il s'agit de remonter le seuil de l'Argonne, véritable épreuve pour les gens et les chevaux qui ont déjà parcouru près de 30 kilomètres.