Après les années fastes, l’exode…
1er Septembre 1939.
Les rumeurs d'une guerre imminente s’amplifiant, c’est au tour de Hestroff, classé en zone rouge à cause de la grande proximité de la Ligne Maginot, d’être évacué.
Emile BASSOMPIERRE, le garde-champêtre, l'annonce au village qui en reste pétrifié.
Le maire Joseph LEMMERY et l’instituteur THIEL seront les coordinateurs de l’évacuation de 303 personnes, principalement vieillards, femmes et enfants, en 18 voitures attelées.
Quelques heures leurs furent accordées pour plier bagage ou plutôt préparer leur baluchon. Un bagage à main par personne. Plusieurs voitures attelées furent réquisitionnées.
C’’est ainsi qu’avec zack oon pack, nos anciens prirent à pied la direction de Montier-en-Der en Haute-Marne d’où ils furent convoyés vers Saint-Sauveur près de Châtelleraut dans la Vienne.
Les habitants qui vivaient dans leur grande majorité des revenus de leurs terres durent abandonner leurs récoltes, leurs bêtes et même les tonneaux de schnaps prêt à être distillé.
Que faire des animaux de la ferme ? Sinon leur redonner la liberté ?
On ouvrit grandes les portes des poulaillers, de l’étable, de la porcherie.
Belle pagaille et scènes de détresse. Les vaches laitières en errance meuglaient tant... qu’on pouvait voir, dans les prés, les hommes du village réquisitionnés pour la guerre et les soldats du 162e RIF les traire pour soulager leurs pis douloureusement gonflés.
Plusieurs villageois, aujourd'hui octogénaires et une mémoire sans faille, se rappellent et peuvent témoigner de cette journée tragique où tout un chacun dut se résigner, la mort dans l'âme, à errer sur les routes comme des vagabonds...
Ils ne savaient pas encore que ce jour-là, à 4h45, les Allemands venaient d'envahir la Pologne avec le prétexte d'une attaque polonaise de la station de radio de Gleiwitz. Il s'agissait en fait d'une attaque montée par les SS, qui utilisèrent des prisonniers de droit commun vêtus d'uniformes polonais. L'opération s'appelait ironiquement "boîte de conserve"...