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25 mars 2012 7 25 /03 /mars /2012 17:20

Dans son livre sur les étymologies du nom des villes et des villages du département de la Moselle, Auguste Terquem n'a pas voulu suivre les étymologies toutes faites pour Kemplich, l'une des plus difficiles à fixer ou à définir selon lui. Terquem fait de l'histoire rétrospective d'environ dix siècles.

 

Capture Kemplich by Google

Kemplich by Google, probablement printemps 2011

 

Charlemagne en exterminant les Saxons, déporta et distribua les survivants dans ses diverses possessions et principalement dans celles de Thionville. On retrouve la trace vivante de ces déportés dans les noms de plusieurs villages, ainsi : Dodenhoven, Colmen, Fixem, Filstroff, Hestroff, etc. Dès lors, on n'est pas surpris d'entendre le campagnard de ces cantons prononcer une infinité de mots allemands, comme on parle l'anglais, par exemple, en remplaçant l'S par le R, etc.

 

Hormis la présence avérée de Charlemagne dans nos belles forêts giboyeuses, qu'a donc en commun Hestroff avec Kemplich ? Poursuivons la lecture :

 

Avant de donner l'étymologie de ce nom, il faut que l'on sache que KEM est employé dans le pays pour désigner toutes les terres déclives. On sait que ce dernier mot dérive du latin, et signifie hauteur ou éminence, qui va en pente. Voyons alors si la position de ce village répond à l'origine de son nom saxon.


1° Kemplich est à la droite de la route nouvelle qui va de Thionville à Bouzonville (17 kilomètres de Thionville); 1° est situé sur le penchant d'une colline (déclive); 3° le Haut du village a un plateau assez vaste, etc.;  4e il faut gravir environ un demi kilomètre; 5° son horizon est assez étendu, quoiqu'entouré de deux côtés par des montagnes boisées, et d'un autre, par une montagne nue et dépouillée. Il résulte de cette position topographique que Kemplich est sur une hauteur.

 

C'est bien le cas autant pour Hestroff que pour Filstroff... Poursuivons la lecture :

 

Kem : vieux mot saxon dont l'allemand a fait kamm, pour désigner une crête, une éminence ou un côteau;

Plich : mot tronqué de blicken, regarder autour de soi, jeter la vue sur...

 

De cette étymologie, il résulte que ce village, placé sur une hauteur, servait, comme autrefois les tours de la plaine, à observer et surveiller les mouvements ou l'approche de l'ennemi.

 

En somme comme les villages se terminant en stroff... voir cette définition.

 

Terquem propose néanmoins une autre étymologie qui pourrait s'appliquer aux époques féodales.

 

Ainsi Kemplich serait l'équivalent du mot tudesque Kampfplatz, lieu d'un combat; comme Metzervisse est la prairie du carnage, Kemplich est le champ de bataille. A la longue on aurait tronqué Kampf par Kem et Platz par Plich...

 

Terquem donne encore une troisième étymologie en se basant sur le dictionnaire celtique : Ken, Kend voulant dire colline ou sommet; Plic, sinuosité ou courbure, donc une colline déclive.

 




 


 

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3 juin 2010 4 03 /06 /juin /2010 00:00


L'abbé Nicolas Dicop, curé de Veckring en 1962, auteur d'un essai de reconstitution seigneuriale et paroissiale sur le Hackenberg, s'est attardé sur l'étymologie de Hackenberg.

 

 

veckring_cite2L620.jpgVue sur Veckring du Hackenberg, juin 2004


Si pour tout germanophone le Berg signifie "montagne", il est intéressant de mieux revisiter la signification du suffixe Hack- qui nous interpela tant dans le cadre de l'étude du patronyme Hackspill, victime des plumes tant des servants de Dieu que des serviteurs de l'Etat.


L'abbé Dicop rappelle qu'on a justement beaucoup épilogué sur l'origine du terme Hackenberg et que toutes les conjectures sont gratuites : certaines jouissant de quelques probabilités, aucune ne s'imposant tout en notant que le Hackenberg lorrain n'était pas unique  en Moselle ni même dans les pays germaniques. Il rappelle qu'il existait au Grand-Duché de Luxembourg ... un Hackenberg qui est une cense construite vers 1584 sur un haut plateau vers lequel une route monte à partir des villages situés en contrebas, sa configuration géographique présentant quelques analogies avec le Hackenberg lorrain.

 

Nicolas Dicop porte à notre connaissance la thèse d'Auguste Terquem que nous avons déjà eu l'occasion de citer dans le cadre de l'étymologie de la finale -Stroff. Ainsi Terquem, à ce sujet, dit ceci : "Hackenberg est un nom francisé, et nous en sommes certain; la preuve, c'est l'M qui est placé devant le B; la langue allemande n'admet pas comme obligatoire dans son orthographique que l'on mette un M devant B ou P; au contraire, d'après les usages allemands, elle dira Haken, et nullement Hakem. Celui-ci n'a aucune application et ne signifie rien. Pour donner son véritable nom, il faudrait écrire : Hagenberg, Hagen, de Hag : bois, buissons; Berg montagne. Montagne boisée, couverte de bois".

 

Hag... nous rappelle opportunément que nos premier Hackspill signaient Hagspiel... C'est grâce à cette graphie originale que vous avions été invités par les cousins Hagspiel d'Oberstaufen d'où provenaient nos ancêtres.

 

 

 

C'est aussi cette racine qui a permis à  Marie-Thérèse Fischer, historienne, maîtrisant parfaitement la langue de Goethe, de nous écrire il y a plus de deux ans :


Je me suis laissé entraîner par les méditations sur le composé hack + spill / hack + spiel. J'aurais dû penser au génitif en -s: Hacks + piel. J'aurais aussi dû penser que, ici, les noms de Suisses et autres qui se sont installés au 18e siècle ont été affublés d'un suffixe "-piel" ou "pill" (ou des trucs farfelus dont je te fais grâce!) pour "bühl" (colline). Brächbühl est devenu Prachpiel, entre autres. Quant au "hack", j'aurais dû penser aussi aux altérations d'occlusives si fréquentes chez les greffiers de jadis... Donc, "Hackspill" ou "Hackspiel", à la base, devait être "Hagsbühl" (il y a un écart de ce nom dans le canton de Berne), avec la variante "Hagspiel". Cela se rattache aux innombrables noms qui ont défini une famille par rapport à la situation de sa maison (les Dupont, Chenevière, Duchêne, Laforêt et autres, pour ne parler que de la France). Les Hagspiel devaient habiter sur la pente d'une colline buissonneuse ou couronnée par un petit bois.

 

Voilà qui est dit. Même si l'abbé Dicop a trouvé l'explication de Terquem quelque peu fantaisiste tout en lui laissant la valeur qu'elle mérite sans toutefois y attacher une importance excessive, il laissa à des compétences plus qualifiées, selon lui, le soin d'élucider l'énigme en se référant à plus modeste et moins péremptoire dans ses assertions M. Théodore de Puymaigre qui, dans son étude du Hackenberg, écrivit : "Pourquoi ce nom ? Montagne de crochet, du hoyau, de la houe ?"

 

Ce qui nous fait sourire dans la mesure où à Hestroff certaines plaisanteries s'attardent encore de nos jours sur Hackenschtill... littéralement manche de la bineuse...

 

Si l'abbé Dicop avait connu Marie-Thérèse Fischer, il n'aurait pas consulté le professeur Ernst Christmann de Kaiserslautern, une des voix les plus autorisées en la matière à son époque, qui écrivit :


"On ne peut expliquer certains noms qu'en partant de leurs formes les plus anciennes. Hackenberg est évoqué en 1120 comme Hakeberg, et en 1145 comme Hackamberg. Sous cette forme, l'M devant le B a assimilé l'N primitif qui manque dans la première forme. notre point de départ sera donc la forme Hackenberg. La première partie du terme correspond au mot Haken, en dialecte régional : Hooke. Son sens premier est : un objet recourbé à sa pointe. Cette pointe peut saillir, surtout quand on lui donne une orientation de bas en haut. De cette façon, une montagne caractérisée par un sommet aigu peut s'appeler Hacken ou Hackenberg. C'est ainsi que j'expliquerais le Hakenberg lorrain".

 

D'où conclusion de l'abbé Dicop : Somme toute donc, une élévation assez saillante ou encore un éperon avancé, ce qui semble davantage répondre à la configuration géographique du Hackenberg.


Nous laisserons nos lecteurs juger par eux-mêmes. Seulement quand l'émérite professeur Christmann affirme qu'au mot Haken correspondrait, en dialecte régional, Hooke, nous aimerions savoir à quel parler local il se réfère... Car Hook, en francique néerlandais, correspond à notre Ecken, c'est-à-dire le "coin". Par ailleurs, Hagspiel, coquet village,  entre Bavière, Suisse et Autriche, est perché au sommet d'une montagne pas si saillante que cela...

 

Hagspiel-215-vallee.jpg

Vue sur une partie de la vallée Hagspiel - Oberstaufen dans l'Allgäu, en limite des frontières suisses et autrichiennes - juin 2009 -


Au contraire Hagspiel se situe sur une montagne au sommet boisé réputé pour offrir à ses visiteurs un panorama exceptionnel et un Dreiländerblick, "regard sur trois Etats".

 

C'est bien aussi le cas de notre Hackenberg du sommet duquel les Romains pouvaient aisément surveiller le trafic routier et dominer le pays...

 

Notre conclusion : C'est  Marie-Thérèse Fischer, en rejoignant l'hypothèse d'Auguste Terquem que nous apprécions particulièrement, qui a le mieux cadré l'étymologie de Hack-. 

 


 


 

 

 

 


 


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23 février 2010 2 23 /02 /février /2010 20:00

"En l’an 69, l’armée de Vitellius, disent les chroniqueurs, commandée par F. Valens, se porta sur Divodurum (Metz ancien), capitale de la Médiodomatricie, et y massacra 4000 habitants…


En 261, la ville fut saccagée par les Germains qui avaient pour chef Chrocus…


Enfin en 451, elle fut entièrement réduite en cendres ses habitants furent passés au fil de l’épée par Attila, surnommé le fléau de Dieu.


Ce n’est qu’en 496 que la ville s’étant repeuplée, les nouveaux habitants composés de Francs, etc., etc., donnèrent à la ville, tant de fois saccagée et détruite, le nom de METZ, par abréviation du mot tudesque Metzeln, qui veut dire massacrer, sabrer, tailler en pièces, égorger, passer au fil de l’épée. Certes jamais nom n’a été plus convenable et mieux approprié que le nom de Metz.

Plus tard, longtemps après, elle fut désignée sous les noms latinisés de Métis, Metensis, etc."

 

Etymologies dédiées à l'Académie impériale de Metz,
Auguste Terquem, 1830


Nous avons déjà évoqué cette étymologie pour nos lieux-dits Metzerwiese et Metzler à Hestroff. Bien entendu, Auguste Terquem, dans son ouvrage, cite les villages de Metzervisse,  Metzeresche et Aumetz. Il continue à y affirmer que le mot metz- signifie bien carnage, tuerie, etc.


Aumetz, selon Auguste Terquem pourrait bien être Vieux-Metz, "Au" dérivant de "alt" qui signifie vieux. Selon le même auteur, il n'est pas du tout exclu que des rescapés du carnage de Divodurum se soient réfugiés à la place où se trouve aujourd'hui Aumetz. Ce ne serait que plus tard lorsque Divodurum sortit de ses cendres et prit le nom de Metz, on donna à cet endroit, occupé par les réfugiés, le nom de Alt (vieux) Metz, pour désigner que ce sont des anciens habitants de la ville détruite, par opposition à Metz nouvelle.


Que dit la mairie de Metz ?


Les plus anciennes traces d'occupation trouvées remontent à 3000 ans avant Jésus-Christ. Metz fut la principale cité du peuple celte des Médiomatriques auxquels elle doit son nom (Médiomatrices puis Mettis, puis Metz)


Que dit le Saint-Bernard de Wikipédia ?


Metz s'appelait à l'époque romaine Divodurum mediomatricorum, d'un nom celtique à finale latinisée Divodurum, de divo "sacré" (même origine indo-européenne que le latin divinus, divin et devin) et duro-, forum, marché, des Médiomatriques, tribu celtique (de la Gaule Belgique) dont Metz était la capitale. La ville est citée sur la table de Peutinger sous le nom de Dividurum ou Divo Durimedo Matricorum...

Elle est attestée sous la forme Metensis au IIIe siècle puis Civitas Mediomatricorum Mettis sous Honorius, puis Mettis en 511... Les formes Metz ou Metze ne sont mentionnées qu'à partir du XIIIe et XIVe siècles puis Mets et enfin Mès ou Mées au XVIe siècle par évolution de l'affriquée /ts/ en consonne simple /s/, phénomène courant dans différents dialectes de la langue d'oïl.

A noter qu'un élément - metz - est relativement répandu dans la toponymie française, tout en ayant une étymologie différente, exemple : Jametz, Limetz, Gometz, etc...

 


 

------------------

Wikipedia poursuit plus loin en rappelant que le nom de la ville se prononce [mɛs] — et non [mɛts] contrairement à ce que l’on peut entendre çà et là.


Si les Mosellans sont tatillons sur la prononciation du nom de leur capitale, c’est sans doute que leur mémoire associe la prononciation [mɛts] à la germanisation qu'ils ont dû subir à deux reprises. Or Metz est traduit Metz et se prononce [mɛts] dans toutes les langues même en russe et en bulgare. Aussi ne soyez pas étonné si au-delà de nos frontières quand vous prononcez [mɛs] cela prête à confusion (la" messe" pour les francophones belges et canadiens) à moins de leur donner un petit cours d'histoire et de géograhie.



 

 

 

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12 février 2010 5 12 /02 /février /2010 00:00


Trouver l'origine d'une étymologie, sa racine, son dérivé, etc., cela ne peut s'appeler ni de la science ni de l'érudition; ce sont des heures de loisir agréablement employées.

Etymologies dédiées à l'Académie impériale de Metz,
Auguste Terquem, 1830
Etymologie


La syllabe Stroff ne doit pas être confondue avec Droff et Troff signifiant village ou hameau. "Stroff" serait un vieux mot saxon. Stroff ou Straff signifie punitions, condamnations. Le mot Stroff ou Straff, soudé à un aute nom, indiquait un fief, une seigneurie ayant droit de haute-justice et de répression dans toute son application; et cela ne pouvait être autrement du temps de la féodalité, où chaque seigneur, chaque village guerroyait contre son voisin."

En clair, les villages en Stroff auraient été des juridictions criminelles.

Pour ce qui concerne Hestroff, l'auteur donne la définition suivante :

He, avec suppression de ld, pour dire Held, guerrier, militaire. Ce pouvait être une espèce de sénéchaussée, un fief militaire, une commanderie.

Or Hestroff n'étant que la dernière graphie de notre village, nous devons également nous intéresser à Heschetroff, Herstroff, Erstroff... graphies en vogue dans différents actes d'avant le 17e. Mais comme le dit l'auteur à propos du village d'Erstroff, ces sortes de monosyllabes sont très élastiques et pourraient fournir des interprétations à perte de vue. Donc Er, serait une abréviation tronquée de Ehre, honneur, respect... En somme une juridiction très en honneur, respectée.

Jean-Louis KIEFFER de Gau un Griis avait pour le compte de la SHAN développé sa propre vision des villages en Stroff. Nous avons vaguement retenu que les villages en Stroff étaient à l'origine des campements de soldats, qu'ils avaient la particularité de se situer en hauteur et avaient ou ont eu des annexes. Répondent bien sûr à ce profil Hestroff, Helstroff, Halstroff,
Filstroff, Freistroff, etc...

Les habitants de Filstroff n'ignorent peut-être pas que Filstroff dériverait de deux anciens mots saxons : Fil, abréviation de filzen, verbe actif, réprimander, donner une mercuriale; stroff, juridiction correctionnelle. Que Filstroff pouvait être un tribunal spécialement destiné à l'appel d'abus contre des fonctionnaires.

Quant à Freistroff, outre bénéficiant d'une franchise, le village aurait été aussi siège criminel.

Revenons à Hestroff dont la toponymie très ancienne était au 10e Heruwinivilla ou Harainville ou Herivinivilla ? Selon H. HIEGEL et la SHAN, ce nom dériverait de celui d'un homme germanique nommé Hariwin, Harwin, Haruin, Heriwini ou Herwin... Ce nom aurait été changé en Haro, Hero ou Heri. Le suffixe latin -villa aurait été traduit en -dorf...

Sans compter avec Dom Calmet qui avait quelques doutes. Il disait ne pas vouloir être trop affirmatif car Harainville pourrait bien être Ebersviller...






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11 février 2010 4 11 /02 /février /2010 16:23

Un livre ancien "Etymologie du nom des villes et des villages du département de la Moselle" écrit par Auguste Terquem, 1860, propriété de Columbia University in the City of New York, a été numérisé par Google. Ce livre est consultable et téléchargeable.

 

La définition intéressante qui y donnée pour la syllabe "Stroff" nous incite à créer une nouvelle catégorie "Etymologie 1830". Si le sujet vous intéresse vous n'aurez qu'à cliquer sur la catégorie nouvellement créée.


Hestroff rue du tilleul entre ru de Piblange et fossé du B

Collection Marie-Laure CASARA-SCHNEIDER - février 2010 -

 

Nous en profitons, dès maintenant, pour corriger la Metzerwiese, avant qu'elle ne se transforme en lac ou en chutes du Niagara. Nous l'avions prosaïquement et hâtivement appelée le Pré de Metz ou la Prairie ou le Pré des Messins.

 

Nous avions TOUT FAUX ! Metz ne serait que l'abréviation du terme tudesque METZELN qui veut dire massacrer, sabrer, tailler en pièces, égorger, passer au fil de l'épée !

 

En somme notre Metzerwiese ne serait autre que la prairie du carnage. Un combat a dû y avoir lieu tout comme au Metzler faisant partie des vieilles vignes.

 


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Présentation

  • : Hestroff, village de la Moselle francique
  • : Hestroff avant, pendant, après, de 1680 à 1789, 1939-45, 2009, 2010, 2011. Ses habitants, son histoire, sa généalogie, son actualité. Histoire et généalogie pays de Nied, Metz, Moselle
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