Bildstock de Diding, copyright Solange Carpentier
Le Bildstock de Diding, à quatre faces et quatre niches à l'instar de celui de Hestroff, fut érigé en 1630 par Nicolas DALSTEIN, maire du ban de la Chartreuse de Rettel. Successivement restauré en 1750 et 1781, il fut soigné par la même famille pendant plusieurs générations.
Le monument, hauteur 4,20 m, est formée d'une stèle carrée, ornementée des instruments de la passion : coq, marteau, tenaille, lance, colonne de flagellation, verges, roseau, le Christ en croix couronnant le tout.
Dans les quatre niches se trouvent les statuettes suivantes :
Sainte Marguerite
Deux légendes différentes parlent de Sainte Marguerite.
1ère légende
L'une la dit bergère après avoir été chassée de chez elle pour être devenue chrétienne, convertie par sa nourrice. Marguerite fut attaquée par le diable déguisé en dragon qui l'avala toute crue. Avec une petite croix qu'elle portait, elle lui ouvrit le ventre, en sortit et étrangla la bête à l'aide de sa ceinture. Le gouverneur tomba amoureux d'elle mais lui reprocha d'adorer un dieu honteusement crucifié. Elle l'irrita tellement qu'elle eut la tête tranchée.
2ème légende
Une autre légende rapporte que cette sainte a été martyrisée en 271 à Antioche sur l'ordre du préfet roumain Olybrius. Elle avait quinze ans quand Olybrius, venu dans cette ville persécuter les chrétiens, fut séduit par sa beauté et lui proposa de l'épouser. Elle se révéla chrétienne et fut emprisonnée. Elle vit alors un dragon symbolisant le démon tenter de lui faire abjurer sa foi dans sa prison. La croix au sommet de laquelle était venue se poser une colombe lui est apparue comme lumière divine venue la renforcer dans sa foi, contre le démon, les ténèbres de sa geôle. A un autre moment, le démon prit forme humaine.
Marguerite pria, puis le saisit par la tête, le jeta par terre et le maintint au sol de son pied; image légendaire souvent reprise dans l'iconographie.
Son culte est devenu populaire au Moyen Âge. On la voit sur les bildstocks associée au dragon qu'elle a maîtrisé avec quelque fois la croix fortificatrice dans la main.
Saint Nicolas
Saint Nicolas, comme à Hestroff, avec son manteau aux pans ondulés, tenant une crosse à la main gauche, à ses pieds 3 enfants dans le cuvier, est le patron de Nicolas Dalstein, sixtimeyer de Diding, à l'origine de l'érection de ce bildstock.
Les trois petits enfants dans le saloir
Si à Diding, les 3 enfants dans le saloir ont davantage été épargnés par les outrages du temps qu'à Hestroff, les historiens n'en déplorent pas moins le peu de renseignements vraisemblables concernant Saint-Nicolas. Mais ils s'accordent tous sur les quelques faits suivants : Saint-Nicolas est né vers 270 à Pare, Lycie (Turquie actuelle). Plus tard, il fut évêque de Myre. On fixa sa mort au 6 décembre 343. Pendant sa vie, un certain nombre de miracles lui sont attribués. Ces miracles ont donné naissance à plusieurs légendes. Voici l'une d'elles :
Un jour, un paysan demanda à ses enfants d'aller dans les champs pour glaner les épis de blé laissés par les moissonneurs. Les heures passèrent et la nuit les surprit. Ils comprirent très vite qu'ils s'étaient perdus, mais ils continuèrent à marcher... Soudain, l'un d'entre eux aperçut une lueur dans le lointain. Ils se dirigèrent dans cette direction et arrivèrent devant une maison isolée dans la campagne. Ils frappèrent à la porte et un homme de forte corpulence leur ouvrit.
"-Pourriez-vous nous loger ? demandèrent les enfants.
- Entrez,entrez, petits enfants, répondit l'homme, je suis boucher et je vais vous donner à souper".
A peine étaient-ils entrés que le boucher les tua, les découpa en petits morceaux et les mit dans son saloir.
Sept ans plus tard, Saint-Nicolas passa devant cette maison et demanda à souper.
"-Voulez-vous un morceau de jambon ?, dit le boucher.
- Je n'en veux pas, il n'est pas bon !
- Peut-être une tranche de veau ?
- Tu te moques de moi, il n'est pas beau ! Du petit salé, je veux avoir, qui depuis sept ans est dans ton saloir !"
Entendant cela, le boucher s'enfuit en courant.
Le grand saint alla s'asseoir sur le bord du saloir, il leva trois doigts et les enfants se levèrent tous les trois.
Sainte Elisabeth
tenant un panier dans la main droite
Sainte Elisabeth de Hongrie est la fille d'André II de Hongrie et Gertrude d'Andechs-Meran. Elle fut fiancée à 4 ans et mariée à 14 ans au landgrave Louis IV de Thuringe.
On l'appelle aussi Sainte-Elisabeth de Thuringe. Des franciscains allemands lui font découvrir l'esprit de Saint-François d'Assise et elle décide alors de se mettre aux services des pauvres. Son époux meurt en 1227. Comme elle refuse d'être remariée, sa famille la chasse avec ses trois enfants.
Son oncle, évêque, calme la famille. Les trois enfants seront élevés par la famille ducale. Elisabeth revêt l'habit du Tiers-ordre franciscain et prend pour directeur spirituel Conrad de Marbourg qui la traite sans ménagement, voire avec cruauté à laquelle elle répond avec une douceur exemplaire. Désormais, elle consacrera toute sa vie et son argent aux pauvres pour qui elle fait construire un hôpital.
Elle meurt à 24 ans à Malbourg.
On dit qu'elle portait secrètement du pain aux pauvres d'Eisenach, à pied et seule, ce que réprouvait son mari. Un jour, elle le rencontra sur le chemin et son mari, furieux, lui demanda ce qu'elle cachait sous son manteau. Elle lui répondit que c'étaient des roses, et non que c'était du pain, et lorsque son mari lui ordonna d'ouvrir son manteau, il n'y trouva que des roses. C'est le miracle de Sainte Elisabeth de Hongrie.
Saint Etienne
Diacre avec sa dalmatique (chasuble) tenant dans la main droite la palme des martyrs et dans la main gauche des pierres avec lesquelles il fut lapidé
Saint Etienne, premier martyr de la chrétienté, est le patron de la paroisse de Freistroff dont dépendait et dépend toujours Diding.
Etienne ou Stéphane veut dire couronne en grec; en hébreu il signifie règle. Il fut la couronne, c'est-à-dire le chef des martyrs du Nouveau Testament; comme Abel de l'ancien. Il fut encore une règle, c-à-d un exemple aux autres de souffrir pour J.-C. ou bien d'agir et de vivre dans la sincérité ou de prier pour ses ennemis. Stéphane signifierait encore, d'après une autre étymologie, Strenue fans, qui parla avec énergie, comme il apparaît par son discours et par sa belle prédication de la parole de Dieu. Stéphane signifierait aussi : qui parle avec force aux vieilles, Strenue fans anus, parce qu'il parlait avec énergie, avec dignité aux veuves qu'il instruisait et dirigeait d'après la commission qu'il en avait reçue des apôtres, et qui, à la lettre, étaient vieilles. Il est donc couronné comme chef du martyre, règle du souffrir et du bien-vivre, orateur énergique dans sa prédication, riche, et parlant "aulx vieilles" (hip hip hourra) dans ses admirables instructions.
Etienne fut un des sept diacres ordonnés par les apôtres pour exercer le ministère. Source : La légende dorée de Jacques de Vorgine Strenue fans, qui parla avec énergie, comme il apparaît par son discours et par sa belle prédication de la parole de Dieu. Stéphane signifierait aussi : qui parle avec force aux vieilles, Strenue fans anus, parce qu'il parlait avec énergie, avec dignité aux veuves qu'il instruisait et dirigeait d'après la commission qu'il en avait reçue des apôtres, et qui, à la lettre, étaient vieilles. Il est donc couronné comme chef du martyre, règle du souffrir et du bien-vivre, orateur énergique dans sa prédication, riche, et parlant "aulx vieilles" (hip hip hourra) dans ses admirables instructions.
Etienne fut un des sept diacres ordonnés par les apôtres pour exercer le ministère. Source : La légende dorée de Jacques de Vorgine
LE CHRIST EN CROIX
pour couronner le tout
L'ATTRIBUT PROFESSIONNEL
Le commanditaire ou le donateur semble avoir été blasonné... De tout temps l'Homme a eu besoin d'affirmer son identité et se faire reconnaître par les autres. Cette identification personnelle ou de clan s'effectuait à l'aide d'un système emblématique utilisant de nombreuses figures symboliques. Laisser une trace et apposer sa marque !
Les représentations qu'on trouve sur les écus sont très souvent relatives à une symbolique spirituelle, à un fait d'armes, à une situation artisanale, à un métier, à une corporation, etc...
Dans le champ de l'écu figurant sur le bildstock de Diding figure un soc. Quant à sa forme, elle s'approcherait de l'écu français du 13e siècle. Sur la partie supérieure de l'écusson on peut noter deux petites branches, l'une partant vers la gauche et l'autre vers la droite. Si le commanditaire a voulu afficher son activité sociale, on peut supposer que le donateur désirait marquer son appartenance au monde agricole.
L'écusson est bordé sur sa partie supérieure, où figurent les initiales NDSM (qui pourraient correspondre aux initiales du donateur, soit Nicolas Dalstein Sixti Mayer), par des fleurs de lys stylisés également présentes sur le fût de Hestroff.
L'héraldique étant un art qui se consacre à l'étude du blason et des armoiries, voire une science et un langage, ce blason, dont les couleurs ont été effacées par le temps, n'a pas encore révélé son secret.
Source : http://blasons.free.fr/heraldique/
LES INSTRUMENTS DE LA PASSION DU CHRIST
Le bildstock de Diding représente tout comme celui de Hestroff les instruments de la passion du Christ : échelle, lances, éponge, coq, marteau et tenaille, lanterne, gant du grand prêtre, la tunique, la coupe de boisson amère, le fouet, la croix, la bourse et les écus. Ces instruments feront l'objet d'une étude séparée.
LES INSCRIPTIONS
ZU MEHREN
LOB GOTTES
HAT NICOLAS
DALSTEIN
SIXTIMEIER
ZV DIDINGEN
DIS CREVTZ
AVFRICHTEN
LASEN
Nicolas Dalstein, sixte maire de Diding, a fait édifier cette croix à la gloire de Dieu
DIS CREVTZ HAT
JACOB DALSTEIN
SIXTIMEIER VON
DIDINGEN LASEN
AVFRICHTEN SO
FERFALEN WAHR
IM JAHR 1750
Cette croix a été restaurée par Jacques Dalstein, sixte maire de Diding en l'an 1750
DIS CREITZ HAN LASEN AVFRICHTEN DIE KINDER VON JACOB DALSTEIN VON DIDINGEN 1781
Cette croix a été érigée à la demande des enfants
de Jacques Dalstein de Diding, 1781