Robert WAGNER, né le 13 octobre 1895 à Lindach près d'Eberbach sur le Neckar est mort fusillé le 14 août 1946 au Fort Ney à Strasbourg. Il fut Gauleiter du Oberrhein (Rhin supérieur) qui englobait le Pays de Bade et l'Alsace. Il faisait partie des fonctionnaires nazis les plus importants pendant le 3e Reich.
A l'avancée des Alliés, Wagner s'enfuit en novembre 1944 et passa le Rhin. Jusqu'au bout, il essaya de leur opposer une résistance militaire. Il menaça de la peine de mort tous les hommes à la tête du « mouvement », s'ils essayaient de s'enfuir. Le 31 mars 1945, il menaçait encore des tribunaux d'exception tous les « éléments criminels », s'ils « arboraient des drapeaux blancs à l'approche de l'ennemi ». À la fin de la guerre, il se cacha d'abord comme domestique dans une ferme. Après avoir appris la mort de sa femme, qui n'était autre que la belle-soeur de Marie-Joséphine HANN de Hestroff, il se rendit à Stuttgart aux Américains, qui le livrèrent aux Français.
Le 3 mai 1946, le tribunal militaire de Strasbourg le condamna à la mort en raison des crimes qu'il avait commis en Alsace, c'est-à-dire l'expulsion en masse de 20 000 personnes en 1940, la création du camp de Schirmeck et les pressions sur le tribunal spécial de Strasbourg, cause d'un grand nombre de condamnations à mort.
Jusqu'à la fin, Wagner ne cessa de « croire » en Hitler.
Son neveu Robert né à Hestroff en 1919, était pilote dans la Luftwaffe. Son avion fut abattu en 1942.
Les Hann... ont-ils été expulsés de Hestroff à cause de leur alliance avec Robert Wagner ?
Lire : http://www.calixo.net/~knarf/guerre/malgre/malgre.htm
PS : Ce serait Robert Heinrich Wagner qui aurait persuadé Hitler d'introduire le service miitaire obligatoire en Alsace-Moselle. Ce service entra en vigueur le 25 août 1942. 130000 Alsaciens et 30000 Mosellans se retrouvèrent sur le front de l'Est. La plupart furent affectés dans la Wahrmacht. La moitié de la classe 26 fut cependant versée d'autorité dans la Waffen-SS.
Notre souci de reconstituer le plus fidèlement possible la journée du 18 novembre 1944, suite aux derniers témoignages de Roland et d’Alice, nous a fait prendre contact avec Gérard NADé de Moulins.
Gérard, 11 ans, était réfugié au n° 13 à Hestroff avec son frère Guy et sa maman Berthe chez la cousine Céline NADé, épouse du Paté Chaadlé.
En arrière-plan les n° 13 et 14 avec leurs portes de grange à l'ancienne au début du 20e avant incendie en septembre 1944. La maison d'angle fut arrachée après guerre.
Quand le n° 13 fut pris comme cible par un avion américain au cours du mois de septembre 1944, Gérard y était et s’en rappelle fort bien. L’étable dut être évacuée en grande hâte, on chassa la truie et ses petits dans le jardin, de grandes flammes sortaient de partout. Tous les voisins accoururent pour aider à éteindre l’incendie qui se propageait à la maison voisine.
Le refuge étant devenu indisponible, la petite famille de Metz-Sablon fut relogée au presbytère où elle fut accueillie par l’Abbé Mohnen, nouveau pasteur de la communauté, et sa soeur Madeleine.
Hélas, quand à la journée du 18 novembre 1944, Gérard n’a pas gardé de souvenirs. Il ne sait même plus si sa famille était encore à Hestroff à ce moment-là ou si elle était déjà de retour à Metz. De la présence américaine à Metz, il s’en rappelle fort bien et a beaucoup d’anecdotes à nous raconter. Mais nous c’est Hestroff qui nous intéresse. Aussi attendons-nous d’autres témoignages susceptibles d’écrire un scénario tenant la route.
Gérard Nadé, longtemps trésorier de la Société d’histoire et d’archéologie de Lorraine (SHAL), oeuvrant toujours avec son frère Guy pour la sauvegarde de l’histoire du Sablon, nous avait bien soulagée, il y a quelques années déjà, au sujet de cette histoire de cloche sonnée par Alice BLUME. En évoquant cette cloche avec feue Catherine SCHNEIDER, d’autres personnes présentes, nées bien après la fin de la guerre, avaient contesté cette version sous prétexte que toutes les cloches du pays avaient été sacrifiées pour en faire des canons. Donc ce 18 novembre 1944, personne n’était en mesure de sonner une cloche qui n’existait plus… Ces affirmations nous troublèrent. Or, avant de mettre en doute ce que les parents nous avaient maintes et maintes fois répété, nous avions pris contact avec Gérard. Ce dernier nous délivra d’un grand fardeau en nous confirmant la présence de cette cloche que lui-même, à la demande de l’abbé Mohnen, faisait sonner chaque dimanche. Il nous rappela même qu’il y prenait grand plaisir et qu’elle se trouvait à l’entrée de l’église.
Maintenant que des échanges de tir viennent se rajouter à notre fameuse cloche…, toujours soucieuse de vérité, nous avons continué nos investigations auprès de MLH. A ses dires, elle nous rajoute avoir rapporté cette histoire de cloche, non pas parce qu’elle l’avait entendue ce jour-là – les tirs d’ailleurs non plus -, car se trouvant à l’intérieur de la maison du beau-père probablement trop excitée, mais parce que le lendemain tout le village en parlait. Nous vous avions d’ailleurs, à ce propos, parlé du courroux des GI’s.
Avec les nouveaux témoignages de Roland et d’Alice, le voile se lève un peu plus. La panique engendrée dans le haut du village cet après-midi là … c’était parce que deux Allemands, planqués dans un petit bunker face au Moulin des Chèvres, la Geissenmillen, avaient instantanément réagi aux premiers raisonnements de la cloche. Avaient-ils repéré avec une longue vue la silhouette du tank stationné devant la forge de Camille KIEN ? La cloche ou les "cloches" ont-elles trahi l'avancée américaine ? Plus que probable...
Un ami très cher vient de nous contacter dans le cadre d'un prochain film qui devrait être tourné dans la région de Saint-Vith dans l'Ardenne belge. Ce film, dont le producteur est un proche de Spielberg, se focalisera essentiellement sur les Afro-Américains de la 969th FAB et les rescapés du 333rd FAB, deux unités noires dont les actions ne sont pas encore bien connues ni reconnues.
Le thème principal du film s'articulera essentiellement autour des 11 GI's noirs massacrés le 17 décembre 1944 à Wereth par la 3./SS-Pz AA 1 LSSAH.
Ces deux unités remontaient de Colmar vers les Ardennes. Peut-être se sont-elles arrêtées un court instant par chez nous ?
Le producteur de ce film est à la recherche non pas des faits historiques connus, mais des témoignages relatifs au quotidien des GI's noirs lors de leur passage en nos terres (voir le témoignage de MLH lors de la libération de Hestroff le 18 novembre 1944).
Pour information, la région de St-Vith faisait partie de la Prusse avant la Première Guerre mondiale après laquelle elle fut rattachée à la Belgique puis annexée 20 ans après par les Nazis.
Grand dilemne pour cette région frontalière qui se sentait plus allemande que belge. Aussi nos libérateurs américains n'y furent pas reçus avec le même enthousiasme qu'en France.
Si nous ne partageons pas la même histoire avec cette région, nous avons toutefois en commun des affinités culturelles basées sur une même langue : le francique
N'hésitez-pas à visiter le U.S. Memorial Wereth, V.o.E. en hommage aux 11 soldats Afro- Américains du 333rd Field Artillery Battalion et à tous les soldats noirs américains qui combattirent en Europe pendant la Seconde Guerre Mondiale.
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Voir Wereth Massacre
18 novembre 1944. Hestroff est libéré
Hier, 18 novembre 1944, Marie-Louise HUMBERT ne fut pas seule à assister à l’entrée des GI’s à Hestroff. Elle ignorait que le jeune Vincent BOTTER, 15 ans, se tenait à l’arrière de sa maison quand il vit dévaler des soldats américains du Chelenberg.
Hélas, Vincent nous a quittés brutalement et n’a pas pu nous livrer complètement ses premières impressions. Même chose pour son ami Roger BEHEM, 12 ans à ce moment-là, qui nous raconta avoir été impressionné, quant à lui, par la peau très noire des soldats. Tout juste s’il avait vu un Noir en image dans sa Bible…
MLH est incapable de nous dire si les GI's venaient d’Ebersviller ou de Hobling. Vincent Botter supposait que ceux qu’il avait vus devaient venir d’Aboncourt et avaient dû traverser le Hohwald.
N’empêche que les GI’s firent irruption dans les maisons Botter, Hackspill et les voisins par devant et par derrière en même temps. Tout semblait bien coordonné. Il apparaît clair aujourd’hui qu’un de leurs éclaireurs leur avait garanti le champ libre.
Le 18 à la nuit tombée, Marie-Louise rejoint m’Harainville très excitée, heureuse des derniers événements. Elle ne se rappelle plus à quel moment exactement Alice BLUM courut à l’église pour faire sonner la seule cloche qui avait échappé à la fonderie teutonne. Elle se souvient néanmoins que cette manifestation de joie fut stoppée net par nos libérateurs extrêmement courroucés… n’aurait-ce pas été une manière détournée d'alerter les Allemands postés derrière la colline de Gomelange ?
MLH ne se rappelle pas non plus si son beau-frère François NADé, cet après-midi là, sortit de sa tannière. Il était caché depuis 3 mois dans la maison familiale dans un cagibi où même un chien aurait dépéri.
Par contre, elle se souvient de ceux qui ont quitté leur planque le lendemain 19 novembre. Parmi eux, Séraphin ALBERT, son beau-frère le Fitz, soit Joseph SCHMIT, caché dans le Backoofen du Nicolas VANDERNOTTE (ex maison EVRARD), Henri VELLEUR qui descendit du grenier de ses parents, son frère Charles caché dans la boulangerie DELLES, son autre frère Léon, qui avait dû quitter la maison Delles pour aller se réfugier dans le clocher de l’église et qui avait fini par se terrer chez la mère BLUM, et bien d’autres encore comme Alphonse MATHIS qui lui aussi avait profité d’une permission pour ne plus retourner au front de l’Est.
18 novembre 1944, un jour triste et gris. Le ciel est très bas et le village engourdi. Les troupes allemandes s’étaient repliées sur Gomelange. Ils n’avaient laissé que trois des leurs en faction en face de la maison Jauchen, à quelques pas de l’église. Autour d'un grand ploch, ils jouaient aux cartes pour tromper leur ennui. Ils semblaient être en attente d'on ne sait quoi...
Marie-Louise HUMBERT, pas encore 23 ans, maman d’un bambin de 14 mois, sans nouvelles depuis le 2 octobre de son Paulé à Berlin, décide d’aller glaner des pommes qui auraient pu être oubliées ça et là. II est à peu près 3 heures de l'après-midi. Ses parents sont là pour surveiller la sieste de son bébé. Aussi se met-elle en route.
Les temps sont durs. Comme partout ailleurs, il y a peu à manger au n° 92 ém’Harainville. Une petite compote viendrait à point pour son bébé.
En remontant le Borrenberg entre la Altschool et le Borren, en face de la Philomène's Anna, à part trois soldats allemands, elle ne rencontre pas un chat. Elle prend la direction d'Ebersviller jusqu'à la croix du Strochen bordant le sentier menant vers les vergers du Lammert.
Après une bonne heure de vaines recherches, le panier désespérément vide, elle décide de retourner sur ses pas pour traverser la route et aller chercher du côté des Klèèn Hesseln via les Dreiféissian. Là, peut-être, trouvera-t-elle quelques noix ou des nèfles ?
Route d'Ebersviller. En face Dreifüssen et Klein Hesseln. C'est ici que MLH vit les premiers GI's
En revenant sur ses pas, à 50 mètres de la route d’Ebersviller, elle voit brutalement des silhouettes casquées avancer en file le dos vouté et le fusil en avant… Elle en reste pétrifiée. En un instant sa vue se brouille. Tout se bouscule dans sa tête. N’avait-on pas chuchoté depuis quelques jours que les soldats américains n’étaient plus très loin ? Que c’était pour cette raison que les Allemands s’étaient repliés derrière la colline de Gomelange ?
Marie-Louise, toujours tétanisée, la peur au ventre mais la joie au coeur, ne sait que faire. A travers les arbres déjà bien dégarnis, elle voit les soldats s’engouffrer dans les premières maisons, chez les Botter, les Hackspill…
Entrée du village. Maisons Botter et Hackspill
Après 10 minutes, 1 demi-heure ou davantage, elle ne le sait plus, c'est le défilement d'un long cortège de jeeps et de camions. Le cœur en chamade, le panier toujours vide, elle pense à ses vieux parents et son bébé seuls à la maison. Il faut rentrer coûte que coûte. Les jambes en coton, elle s’avance lentement en prenant soin de ne pas faire de gestes brusques. Ne sait-on jamais... on pourrait lui tirer dessus...
Les soldats avaient investi toutes les maisons jusque chez les Caudy. Devant la Floss, une énorme batterie type DCA était déjà pointée vers la colline de Gomelange.
Où aller ? A droite, à gauche ? Ses beaux-parents, le Paté Chaadel et la Oma Céline habitent au n° 13 face à la fontaine ronde toute proche.
Alors, elle presse le pas tout en détournant les yeux de ces visages bariolés et pas vraiment amicaux. Elle n'a plus qu'une hâte. Annoncer la bonne nouvelle à ses beaux-parents.
Elle pousse leur porte : Paté Chaadel ! Kom schnèl ! De Amérikanan sén doo !
Le Ronten Borren à la fin du 19e