3 mai 2009
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Sur la route de l'exode, 2 septembre 1939
3 septembre 1939, les réfugiés de Hestroff se réveillent à Saint-Privat-la-Montagne encore exténués du long périple de la veille.
Ceux qui, il y a 24 heures encore, croyaient qu'il ne s'agissait que d'une fausse alerte, commencent à trouver la pilule bien amère. Certes, ce sont toujours les mêmes qui râlent ou qui se taisent... Force est de constater quand même que tout le monde se retrouve sur la paille au sens propre et figuré.
Si les enfants et les adolescents se croient encore en colonie de vacances, il en va tout autrement des parents qui réalisent qu'ils ont quitté tous leurs biens restés au village. Dormir sur la paille, même fraîche, n'est pas non plus au goût de ces dames qui regrettent de ne pas avoir pu emporter leurs jolis draps de lin amoureusement brodés avant les noces.
Beaucoup d'entre elles ont même sacrifié la couverture de laine pour mettre dans leur baluchon quelques futilités à l'exemple de Barbara HACKSPILL, qui se trimbalait avec son manteau en vison recouvrant nonchalamment un gros jambon fumé enfoui dans ce qu'on appelait une "lessiveuse"... Mais, dans sa frivolité, cette dernière eut quand même le réflexe de s'emparer d'un boutis qu'elle offrit pour la nuit à son vieux père âgé de 87 ans.
Bref, au petit matin, à Saint-Privat-la-Montagne, Hestroff avait le ventre vide et le teint livide...
Certains, comme le très vieux Jean-Pierre Hackspill, jamais à cour d'anecdotes, se rappela que c'est justement à Saint-Privat que le régiment du fils d'un cousin perdu de vue y avait laissé sur le carreau, le 18 août 1870, 500 hommes et 12 officiers... C'est ainsi qu'il raconta à ceux qui partageaient sa charrette empruntée à son jeune fils Camille, avec sa vieille pipe toujours à la bouche et seul objet qu'il emporta, que Saint-Privat, à la demande de Guillaume 1er, qui l'avait appelé "le tombeau de ma garde", fut cédé à l'empire allemand en échange de Belfort qui put ainsi rester français.
A ce propos, rappelons que Saint-Privat, village de l'ancienne province du barrois, avait 331 habitants répartis dans 55 maisons quand la bataille du 18 août 1870 se solda par une victoire des armées prussiennes et saxonnes, malgré la défense héroïque du village par le maréchal CANROBERT. Les derniers combats eurent lieu dans le cimetière du village et l'église fut détruite. Cette bataille décisive eut pour conséquence l'encerclement de Metz par les troupes de BISMARCK. On murmura que, pendant que ses troupes se faisaient décimer, le maréchal BAZAINE, commandant en chef, jouait au billard au quartier général.
3 septembre 1939, les réfugiés de Hestroff se réveillent à Saint-Privat-la-Montagne encore exténués du long périple de la veille.
Ceux qui, il y a 24 heures encore, croyaient qu'il ne s'agissait que d'une fausse alerte, commencent à trouver la pilule bien amère. Certes, ce sont toujours les mêmes qui râlent ou qui se taisent... Force est de constater quand même que tout le monde se retrouve sur la paille au sens propre et figuré.
Si les enfants et les adolescents se croient encore en colonie de vacances, il en va tout autrement des parents qui réalisent qu'ils ont quitté tous leurs biens restés au village. Dormir sur la paille, même fraîche, n'est pas non plus au goût de ces dames qui regrettent de ne pas avoir pu emporter leurs jolis draps de lin amoureusement brodés avant les noces.
Beaucoup d'entre elles ont même sacrifié la couverture de laine pour mettre dans leur baluchon quelques futilités à l'exemple de Barbara HACKSPILL, qui se trimbalait avec son manteau en vison recouvrant nonchalamment un gros jambon fumé enfoui dans ce qu'on appelait une "lessiveuse"... Mais, dans sa frivolité, cette dernière eut quand même le réflexe de s'emparer d'un boutis qu'elle offrit pour la nuit à son vieux père âgé de 87 ans.
Bref, au petit matin, à Saint-Privat-la-Montagne, Hestroff avait le ventre vide et le teint livide...
Certains, comme le très vieux Jean-Pierre Hackspill, jamais à cour d'anecdotes, se rappela que c'est justement à Saint-Privat que le régiment du fils d'un cousin perdu de vue y avait laissé sur le carreau, le 18 août 1870, 500 hommes et 12 officiers... C'est ainsi qu'il raconta à ceux qui partageaient sa charrette empruntée à son jeune fils Camille, avec sa vieille pipe toujours à la bouche et seul objet qu'il emporta, que Saint-Privat, à la demande de Guillaume 1er, qui l'avait appelé "le tombeau de ma garde", fut cédé à l'empire allemand en échange de Belfort qui put ainsi rester français.
A ce propos, rappelons que Saint-Privat, village de l'ancienne province du barrois, avait 331 habitants répartis dans 55 maisons quand la bataille du 18 août 1870 se solda par une victoire des armées prussiennes et saxonnes, malgré la défense héroïque du village par le maréchal CANROBERT. Les derniers combats eurent lieu dans le cimetière du village et l'église fut détruite. Cette bataille décisive eut pour conséquence l'encerclement de Metz par les troupes de BISMARCK. On murmura que, pendant que ses troupes se faisaient décimer, le maréchal BAZAINE, commandant en chef, jouait au billard au quartier général.