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6 novembre 2008 4 06 /11 /novembre /2008 20:21

Parmi les Tyroliens de passage à Hestroff fin du 17e et début du 18e, certains se sont sédentarisés comme les HACKSPILL, les KETZINGER et les TRANSBERGER(ER),  d'autres ont quitté le village pour des destinations connues ou inconnues.

Tous les descendants des familles anciennes encore présents à Hestroff en ce début du 21e siècle descendent à un moment ou à un autre de ces tyroliens venus reconstruire notre pays laissé en ruine après la Guerre de Trente Ans.

Or, dans leur sillage, les Hackspill, Ketzinger et Transberg, artisans dans leur grande majorité, ont ramené d'autres tyroliens qui, s'ils n'ont pas laissé beaucoup de traces, méritent cependant d'être cités.

Il s'agit notamment de :

•    GOMPINGER ou GUMPINGER (d’après signature) originaire de Louval près de Salzbourg. Maître charpentier dès 1700 à Hestroff. A quitté le village avec ses cinq enfants en 1705.

•    Martin DOUDEL, ca 1662, maçon chez Rodolphe Hackspill, certainement tonton des DODELER ou DODELLER

•    Jean DALTROFF

•    Albin ou Albanus GEISLER, trace vers 1703, garçon charpentier; parrain d'Aban PREVOT et Madeleine PETER

•    HEILLEIGEN ou HEILIEGEN, témoin en 1707 du mariage George TRANSBERG x DALSTEIN

•    Barthel LEONARD, LENERT (Leonarch?) d'origine tyrolienne (voir Gomelange les Léonard ou Lenert ?)

•    Jacques CLAUS, maçon

•    Mathias DALLIS,  maître masson à Ebersviller

•    Jean ou Hans Wolfgang REGENSUS

•    Joseph KUNTZELMANN, qui signe en 1717 "Joz Kuntzehlman", cité jeune garçon charpentier originaire de Veiller ou Weiller im Allgäu.

•    FRANC de Menskirch, Nicola FRANCK, masson à Ricrange paroisse de Ottonville

•    Nicolas GEISSENKOTTER ?

•    Martin STARCK, maître maçon tyrolien; Jean STARCK originaire de Caglen, Caplen  ou Coppen diocèse de Brixen (parents Paul et Catherine ZÄNGERLIN ou VECHNARIN) probablement frère de Martin. Jean se marie en 1722 à Hestroff avec Barbe WILHELM; Christian STARCK, leur frère, maître maçon x Julienne CAUDY, fille d'Estienne en 1723

•    Jean WELSCHER, garçon tyrolien masson chez STARCK en 1727
 
•    Gaspard WEISSMAN, garçon charpentier de l'Allgäu, 1713, parrain chez Noêl DALSTEIN

•    Nicolas TALLER,  "garçon tyrolien âgé environ vingt ans est décédé en travaillant de sa profession de maçon" ca1701 +1721

•    Mathieu GRÜNER, garçon tyrolien, meunier, 1721

•    Jacques MAY ou MAYE, garçon charpentier, fils de Jacob, charpentier, marié à Gomelange.

•    FRANTZ ou FRANCE de Gomelange ?

•    Jacques DANNEMAN ?, parrain de Jacob Hackspill, 1724

•    Jean Henry BECKER, qui signe "Hans Heinrich", est masson. Parrain de Anne FIEG en 1727, fille de Joseph Fieg. Originaire d'Oberkirch dans le Tyrol

•    BEITZ de Bambidestroff, voir mariage en 1732 avec Marie STEFF

•    GEORGE x Francisca de Guinkirchen (grandes affinités avec les familles tyroliennes)

•    François KELLER, fils de Nicolas de Ebersviller, x Marie TRANSBERG 1735

•    Jean BOTT, maçon de l'Allgäu, mort le 8 avril 1724.

•    Jean STRAUB de Diding x Anne Barbe TETERGER. Jean est fils de Georges et de Christine de la paroisse de Bernenbeyren en Allgäu.

•    Pierre SCHWARTZ, maçon du Tyrol demeurant à Hestroff, parrain de Marie HACKSPILL,
jeune fille délaissée, servante chez le curé SARREBOURG à Gomelange

•    Chrétien ou Christian PETER (le prénom Christian nous vient du Tyrol)

•    Gaspard WEISSMAN, garçon charpentier originaire de l'Allgäu, 1713, parrain chez Noël D
ALSTEIN

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6 novembre 2008 4 06 /11 /novembre /2008 14:58
Thimothée, père de François Adam, grand-père de Math. ROBERT de HESSELN


"Le onzième juin de l'année 1726 est décédé Thimothée ROBERT , régent d'école à Hestroff depuis  trente ans, âgé de cinquante ans munis des sacrements de la Sainte Eglise,  et cela dans l'hôpital Saint-Georges où il est allé se faire traitter d'une fâcheuse incommodité qui luy était survenue à une jambe. Il y est mort et enterré. Lequel a donné et légué par testament à l'église de Hestroff 14 écus pour avoir une messe annuelle au mois de novembre. La moitié de la rente sera pour Monsieur le Curé et l'autre pour la fabrique."
Signé : Damien HENWEILLER

Thimothée ROBERT est  maître d'école à Hestroff de 1696 à 1726, date de son décès à Metz. Son épouse est une HENNEQUIN, probablement parente de la 1ère ou 2e épouse de Joseph HACKSPILL, charpentier, originaire de Oberstaufen en Bavière (à l'origine Stauffen im Allgäu, Tyrol). Maîtrisant la langue allemande, Thimothée sert d'interprète et de traducteur à la communauté germanophone installée dans le village depuis plusieurs années déjà et semble être très apprécié (voir sa fiche généalogique ci-après).

Nous ne connaissons pas les origines de Thimothée.


Descendance de ROBERT Thimothée

ROBERT Thimothée    ° ../../1676     + 11/06/1726 Metz (57)
x HENNEQUIN Elisabeth    ° Kédange-sur-Canner (57)     
|___ROBERT Philippe    ° 12/04/1699 Hestroff (57)     
|___ROBERT Dominique    ° 05/01/1701 Hestroff (57)     
|___ROBERT François Adam    ° 27/05/1702 Hestroff (57)    + 06/08/1776 Hestroff (57)
|___   x 27/01/1728 Hestroff (57)
|___x GERARDIN ; GIRARDIN Marie    ° ../../1706     + 26/03/1783 Hestroff (57)
|___|___ROBERT Nicolas    ° 17/01/1729 Hestroff (57)     
|___|___ROBERT ; DE HESSELN Mathieu Mathias    ° 21/03/1731 Faulquemont (57)     
|___|___ROBERT Cécile    ° 03/03/1740 Hestroff (57)    + 03/08/1741 Hestroff (57)
|___|___ROBERT Jean Antoine    ° 08/01/1743 Hestroff (57)    + 23/01/1743 Hestroff (57)
|___|___ROBERT Jean Nicolas    ° 20/06/1744 Hestroff (57)    + 11/05/1750 Hestroff (57)
|___|___ROBERT Jean Baptiste    ° 27/01/1747 Hestroff (57)    + 02/03/1747 Hestroff (57)
|___|___ROBERT Mathias         
|___|___ROBERT Marie Josèphe    ° 05/08/1751 Hestroff (57)    + 09/10/1828 Hestroff (57)
|___|___   x 25/01/1780 Hestroff (57)
|___|___x SCHILLINGER ; SCHILLINGEN ; SCHELLINGEN Jacob Jacques    ° ca ../../1758 Tromborn (57)     
|___|___|___SCHILLINGER Marie Joseph    ° 14/05/1789 Hestroff (57)     
|___ROBERT Anne Marguerite    ° 06/02/1706 Hestroff (57)     
|___   x 12/01/1723 Hestroff (57)
|___x DEGROUTTE Adam    ° Aboncourt (57)     
|___ROBERT Jodoque    ° 21/09/1708 Hestroff (57)     
|___ROBERT Jean Paul    ° 16/09/1712 Hestroff (57)


Citations :

Baptême : dimanche 1er août 1700 Hestroff (57) , Parrain, SPRINGER Elisabeth
Union : mardi 7 juillet 1699 Hestroff (57) , Témoin, Beau-frère de l'épousée, SCHILLES Jean & HENNEQUIN Françoise
Union : jeudi 2 juillet 1699 , Témoin, ROLIN Jean & PREVOST Nicole
Union : mardi 23 novembre 1700 Hestroff (57) , Témoin, GOMPINGER ; GUMPINGER Estienne Etienne & WAGNER ; VANER Madeleine
Union : dimanche 28 mai 1702 Hestroff (57) , Témoin, CHARON ; WAGNER Jean & OBRY ; OLRY ; ULRIG ; ULLERICH Jeanne Janeton
Baptême : lundi 14 mai 1703 Hestroff (57) , Parrain, BOUCHER Elisabeth
Union : samedi 24 janvier 1705 Hestroff (57) , Témoin, FREY Quirin & NADé Marguerite
Union : lundi 10 octobre 1707 Hestroff (57) , Témoin, STEFFEN ; STEFF Christian & MASSON Henriette
Baptême : dimanche 6 novembre 1707 Hestroff (57) , Parrain, TRANSBERG ; TRANSBERGER Anne
Union : mardi 26 novembre 1709 Hestroff (57) , Témoin, SIBILLE Jean & DALSTEIN Catherine
Union : jeudi 29 mai 1710 Hestroff (57) , Témoin, LORRAIN Maurice & TOUSSAIN ; TOUSSAINT Anne Catherine
Union : jeudi 26 novembre 1711 Hestroff (57) , Témoin, CLAM ; KLAM Hugo & DAME Marianne Marguerite
Union : dimanche 8 janvier 1713 Hestroff (57) , Témoin, OSBILD ; HOSPIL Mathieu Mathias Mathis & LIZER Catherine
Union : dimanche 12 février 1713 Hestroff (57) , Témoin, GELMINGER Noël & CORDONNIER Suzanne Julianne
Union : mardi 14 novembre 1713 Hestroff (57) , Témoin, BERNARD Claude & BOLZINGER Magdeleine
Union : lundi 8 janvier 1714 Hestroff (57) , Témoin, NICOLAS Claude & LORRAIN Marie
Union : mardi 5 novembre 1715 Hestroff (57) , Témoin, BOUCHER Pierre & LANIO ; LAGNEAU Catherine
Union : dimanche 14 janvier 1703 Hestroff (57) , Témoin, LIZER Nicolas & WEISSE Catherine
Union : mardi 5 février 1709 Hestroff (57) , Témoin, SCHMIDT Nicolas & NADé Anne
Union : Témoin, d'ESTAN Agnès & DESCHOUX Henry
Union : dimanche 3 juillet 1712 Hestroff (57) , Témoin, CREPATTE Nicolas & DESCHOUX Jeanne
Union : samedi 3 janvier 1722 Hestroff (57) , Témoin, SABÉ Claude Claudius & WACHS ; VAX ; WAX ; WALLICH Catherine
Union : mercredi 18 février 1722 Hestroff (57) , Témoin, WILHELM Barbe & STARCK Jean
Union : mardi 10 novembre 1722 Hestroff (57) , Témoin, BREM Jean & SPRINGER Elisabeth
Union : mardi 12 janvier 1723 Hestroff (57) , Témoin, BOLZINGER Ottille Odille Odilia & TOUSSAINT Nicolas François
Union : mardi 12 janvier 1723 Hestroff (57) , Témoin, Père de l'épouse, DEGROUTTE Adam & ROBERT Anne Marguerite
Union : mardi 19 janvier 1723 Hestroff (57) , Témoin, SPRINGER ; SPRENGER Jacques Jacob & WEIS ; WEISS ; WEISSE Catherine
Union : mardi 15 janvier 1686 Freistroff (57) , Témoin, BETTENDORFFER ; BETTENHOFTER Jean Adam & SCHREFFER ; SCHREFTERS Marguerite
Union : mardi 18 janvier 1724 Hestroff (57) , Témoin, HERMANN Nicolas & PIERRET ; PIERRE ; STEIN Gertrude
Union : mardi 29 janvier 1726 Hestroff (57) , Témoin, PAUL Mathias & MARTIN Jeanneton Janeton


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6 novembre 2008 4 06 /11 /novembre /2008 14:33
François Adam ROBERT, fils de Thimothée et Elisabeth HENNEQUIN, père de Mathieu anobli par Louis XV, est né à Hestroff le samedi 27 mai 1702. Son parrain est Adam SIBERT, curé de Guerstling et sa marraine Françoise SCHWEISS, mère de Damien HENWEILLER curé de la paroisse, née à Varize.

Maître d'école comme son père, François Adam quitte le village après la naissance de son premier fils en 1729, y revient  en 1740 pour y enseigner jusqu'en 1749.

Avant de quitter Hestroff, François Adam s'y était marié  en janvier 1728 avec Marie GERARDIN, dont le père Nicolas est régent d'école dans la paroisse de Drogny, et un frère, Mathias,  cité docteur en Sorbonne en 1750 et  aussi chanoine à Chartres dans la Beauce. Il est intéressant de signaler que Marie signe, fait rare à une époque où peu de femmes étaient lettrées.

François Adam décède dans son village natal à l'âge de 74 ans le 6 août 1776, soit 3 ans après la réception des orgues léguées par son fils Mathieu à l'église paroissiale. Lors de son enterrement seront présents son beau-frère Jean-Paul GERARDIN, maître tailleur à Vaudreching et sa belle-soeur Elisabeth demeurant à Bouzonville. Sont également présents Jean Antoine MÜLLER, curé de la paroisse depuis 1741 et Frédéric RAUBER, le nouveau maître d'école.

Descendance de ROBERT François Adam


ROBERT François Adam    ° 27/05/1702 Hestroff (57)    + 06/08/1776 Hestroff (57)
   x 27/01/1728 Hestroff (57)
x GERARDIN ; GIRARDIN Marie    ° ../../1706     + 26/03/1783 Hestroff (57)
|___ROBERT Nicolas    ° 17/01/1729 Hestroff (57)     
|___ROBERT ; DE HESSELN Mathieu Mathias    ° 21/03/1731 Faulquemont (57)     
|___ROBERT Cécile    ° 03/03/1740 Hestroff (57)    + 03/08/1741 Hestroff (57)
|___ROBERT Jean Antoine    ° 08/01/1743 Hestroff (57)    + 23/01/1743 Hestroff (57)
|___ROBERT Jean Nicolas    ° 20/06/1744 Hestroff (57)    + 11/05/1750 Hestroff (57)
|___ROBERT Jean Baptiste    ° 27/01/1747 Hestroff (57)    + 02/03/1747 Hestroff (57)
|___ROBERT Mathias         
|___ROBERT Marie Josèphe    ° 05/08/1751 Hestroff (57)    + 09/10/1828 Hestroff (57)
|___   x 25/01/1780 Hestroff (57)
|___x SCHILLINGER ; SCHILLINGEN ; SCHELLINGEN Jacob Jacques    ° ca ../../1758 Tromborn (57)     
|___|___SCHILLINGER Marie Joseph    ° 14/05/1789 Hestroff (57)


Citations :

Baptême : dimanche 8 août 1717 Hestroff (57) , Parrain, ISLER Marie Françoise
Union : mercredi 18 mai 1746 Hestroff (57) , Témoin au mariage, cousin de la mariée, SPRINGER ; SPRENGER Jacques Jacob & SCHILLES ; SCHILESSE Agnès
Inhumation : samedi 8 mars 1749 Hestroff (57) , Présent à l'inhumation, SIGNORELLE ; LESPAGNOL Marie Catherine
Baptême : dimanche 10 août 1749 Hestroff (57) , Présent à l'inhumation, Fils du maître d'école, PREVOST François
Union : mardi 13 janvier 1750 Hestroff (57) OSBILD ; HOSPIL Michel Michael & COMPAIN ; COPAGNE Catherine
Union : mardi 12 janvier 1751 Hestroff (57) , Témoin au mariage, BERNARD Anne Catherine & WINGERT ; VIGNE ; VINGERT ; WINGARTE ; VINGERTER Philippe
Union : mardi 12 janvier 1751 Hestroff (57) , Témoin au mariage, BASTIEN François & GERARD Suzanne
Inhumation : jeudi 4 février 1751 Hestroff (57) , Témoin à l'inhumation, LALLEMAND Marguerite
Union : mardi 15 février 1752 Hestroff (57) , Témoin au mariage, SABE Jean & OSBILD ; OSSPIL Anne Barbe
Union : mardi 8 mai 1753 Hestroff (57) , Témoin au mariage, BEITZ ; BETZ Jean & BRAUN Elisabeth
Union : mardi 20 novembre 1742 Hestroff (57) , Témoin au mariage, PIMPERNELLE ; PEMPORNELLE ; PEMPERNELLE Nicolas & LIZER Anne
Union : mardi 6 novembre 1742 Hestroff (57) , Témoin au mariage, VILBOIS ; VILLBOIS Pierre & BERNARD Elisabeth
Inhumation : vendredi 20 juillet 1742 Hestroff (57) , Témoin à l'inhumation, LANIO ; LAGNEAU Pierre

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6 novembre 2008 4 06 /11 /novembre /2008 14:09

BOUZONVILLE, en Allemand BUSENDORFF, bourg de la Lorraine Allemande, diocèse de Metz, cour souveraine de Nancy ; siège d’un baillage royal & la résidence d’une brigade de maréchaussée. Ce lieu est situé à droite de la Nied, à 2 lieues au-dessus de son confluent avec la Sarre, à 3 lieues au levant d’été de Boulay, à 4 au couchant de Sarrelouis & à 7 au levant de Metz. On y compte environ 800 habitants.

L’église paroissiale est à Vaudreching, éloignée d’un quart de lieue ; il y a dans Bouzonville une belle abbaye de Bénédictins reformés, placée à une extrémité de la ville, au bord de la rivière. Le pape Léon IX, y alla en 1049, fit des présens & accorda des privilèges à cette maison, dont l’église fut seulement dédiée en 1133 sous l’invocation de Sainte-Croix.

Les lieux renfermés dans le baillage de Bouzonville, font partie du diocèse de Metz, partie de celui de Trèves et régis par la coutume générale de Lorraine. La langue Françoise n’y est en usage que parmi les plus distingués. Les productions de la terre sont à peu près les mêmes qu’au baillage de Boulay.

Au village de Bloberg, à 2 lieues de Bouzonville, on découvrit il y a 1 s ou 20 ans une mine de cuivre & d’azur, qui avoit été anciennement connue & travaillée. On y rencontre aussi quelquefois des morceaux de lapis d’une assez belle couleur.
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6 novembre 2008 4 06 /11 /novembre /2008 14:08

BOULAY, pour les Allemands, BOLCHEN, bourg considérable de la Lorraine Allemande, siège d’un baillage royal, ressortissant à la cour souveraine de Nancy, avec un hôtel-de-ville bien bâti, une recette des finances & une brigade de maréchaussée pour la sûreté du pays. Elle est située entre Metz & Sarre-Louis, à gauche d’un ruisseau appellé Kaltzbach, que la Nied reçoit à une demi-lieue de-là par sa droite, à 3 lieues au couchant d’hiver de Bouzonville, à une égale distance de Sarrelouis & au couchant d’été de S. Avold, à 6 au levant de Metz & à 12 & demie au même point de Nancy. L’église paroissiale a une primisserie & fait nombre parmi celles du diocèse de Metz. Le château de Boulay ayant été cédé à des Récollets Irlandais, ces religieux ont bâti leur couvent dans son emplacement. Une rue entière est occupée par les Juifs qui y tiennent synagogue : cette ville a beaucoup de tanneries & de corroyeries.

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6 novembre 2008 4 06 /11 /novembre /2008 14:03
Topographie (historique de la notion)
Source : http://hypergeo.free.fr/article.php3?id_article=310

"L’une des caractéristiques du mot topographie est son indétermination qui a pour origine l’apparition d’une série de pratiques portant ce nom, parfois consécutives, mais souvent juxtaposées. Le mot est emprunté au grec au XVe siècle et veut dire, de façon littérale, la description (graphia) d’un lieu (topo). Ce sont probablement les variations des significations accordées aux termes “lieu” et “description” qui ont permis cette polysémie. Comme l’écrit Dralet en l’an VIII : “Faire une topographie n’est donc autre chose qu’écrire ou décrire un lieu ; et la signification du mot décrire n’étant limitée par aucun modificatif, une topographie, en général, doit faire connoître le pays qui en est l’objet, sous tous ses rapports.”D’un emploi assez rare avant la fin du XVIIIe siècle, le mot semble alors pouvoir être le synonyme du mot chorographie. C’est ainsi qu’en 1660-1663 est publiée une Topographia Galliae ou Chorographie et topographie générale du puissant royaume de France. L’ouvrage contient une histoire du pays, des cartes géographiques et des gravures représentant les principales villes. Par sa richesse, la description peut se raccrocher au style des “statistiques descriptives” qui connaîtront leur âge d’or sous la Révolution. Celles-ci se développent, en effet, principalement à la fin du XVIIIe siècle dans un contexte de curiosité encyclopédique qui accole l’histoire, la connaissance des monuments, la description des paysages, l’inventaire des productions et l’histoire naturelle. Dans cet ensemble, la topographie peut servir de point de départ à l’enquête. Ainsi, le ministre Chaptal dans sa circulaire aux préfets, de l’an IX, écrit :“Le mémoire doit commencer par une topographie de votre département dans laquelle vous exposerez sa position, ses bornes, le cours de ses rivières, etc ; puis vous me parlerez des plantes qui y croissent, des animaux qui y vivent, de ce qui est relatif à l’histoire naturelle, l’histoire des arts, aux usages et aux coutumes locales”. On pourrait en conclure que la topographie couvre tous les domaines, mais plutôt que par ses objets, il semble plus judicieux de la définir comme une méthode. Comme l’écrit Villeneuve, l’auteur de la statistique des Bouches-du-Rhône, parue tardivement (1821-1829) : “La topographie physique [...] fait connaître les lieux , la topographie administrative [décrit] les habitations”. La topographie serait donc avant tout : faire connaître, décrire... l’idée sous-jacente étant probablement la finesse et la précision. Le dernier tiers du XVIIIe siècle voit également l’essor, dans le cadre d’un néo-hippocratisme ambiant, d’un autre genre de topographie : la “topographie médicale”. En 1776, la Société royale de médecine engage ainsi une vaste enquête visant à la description du Royaume et articulant trois des éléments d’Hippocrate, c’est-à-dire les airs, les eaux et les terres. Les descriptions produites en réponse à ce programme relèvent d’une analyse systémique visant à lier dans une chaîne causale les pathologies observées, l’humidité sous toutes ses formes et le relief, le tout étant lié par l’idée de circulation. L’expression peut alors concerner aussi bien une ville (Paris en 1771, Boulogne sur mer en 1828), une contrée réduite (la vallée de Montmorency en 1839), ou une zone plus vaste (la généralité de Paris en 1783). La Topographia Galliae évoquée plus haut semble également pouvoir être rattachée à une autre tradition, qui connaît un avenir de beaucoup plus long terme que la statistique descriptive : la représentation des contrées par la carte. On peut de ce point de vue parler d’une lente imposition de la carte dans la topographie dont une partie de l’histoire devrait évoquer la production des Cassini. Nous prendrons cependant pour archétype l’évolution des travaux de Robert de Hesseln. En 1771 il publie un Dictionnaire universel de la France, contenant la description historique et géographique des provinces, villes, bourgs et lieux remarquables du royaume, ouvrage qui pourrait se rapprocher de la Topographia Galliae..., mais qui, en ce dernier tiers de siècle s’en sépare par l’absence de carte. On est encore ici du côté de l’ancienne forme de la topographie. En 1780, Hesseln déploie sa pensée du côté de la cartographie en publiant sa Nouvelle topographie, ou description détaillée de la France par carrés uniformes dont les cartes seront accompagnées d’un discours. Cette fois-ci la carte est passée au premier rang du discours topographique. Sa qualité est alors fixée à l’aune des techniques de la mesure et de la triangulation. La carte de Hesseln sera proposée aux Constituants - qui la refuseront - pour servir de base au découpage en départements dont elle aurait en même temps fourni la description. Une quatrième tradition de travaux topographiques, qui correspond aux activités des ingénieurs topographes du dépôt de la guerre doit enfin être évoquée. Quel que soit son nom, il semble qu’il faille faire remonter la création du dépôt à la fin du XVIIe siècle (1688). À l’origine, les travaux topographiques ne comprennent que peu de travaux de projection verticale, et jamais sans les accompagner de nombreux mémoires. Mais face à la concurrence de la carte de Cassini et aux productions du Génie, la carte s’impose progressivement à l’intérieur d’un argumentaire relatif à la supériorité technique des “topographes militaires”. Leurs travaux relèvent tant des levés sur le territoire français en tant de paix (la carte du Dauphiné commencée en 1749, voire la carte des chasses du Roi) que de la production de cartes pour les batailles et de la saisie de cartes étrangères pendant les guerres. La carte de bataille n’est cependant jamais séparée d’une notice historique, le couple ainsi formé devant permettre la description de l’événement. Sous le Consulat, l’institution du dépôt de la guerre affirme fortement sa valeur scientifique en produisant des cartes de très haut niveau, revendiquée comme étant bien meilleure que les cartes de Cassini. Cette prétention de supériorité scientifique est d’ailleurs affirmée dans le Mémorial topographique et militaire qui commence à paraître en 1802, soit au moment où la Commission topographique est amenée à discuter de la mise en chantier de la future carte de France au 1/80000e dite d’état-major. Le dépôt de la guerre, à l’origine de cette commission fixe à ce moment “la langue de la topographie” (pour reprendre les propos du directeur du dépôt de la Marine) dans toutes les institutions françaises. On se trouve donc, dans les années 1810-1820 avec l’existence de quatre topographies coexistantes et qui utilisent parfois les résultats de leurs voisines, comme lorsque la statistique départementale juxtapose les résultats des topographies médicales et la carte, parfois très détaillée, du département. Il semble cependant difficile de conserver plus avant cette impression d’unité puisque s’imposent à cette époque de nouvelles normes, tant dans la représentation que dans la construction des données qui vont entraîner la disparition, parfois lente, de la plupart des topographies au profit de la seule carte topographique. Pour ce qui en est des statistiques descriptives, le genre s’éteint très vite au profit d’une statistique quantitative prétendant à plus d’objectivité et permettant la comparaison. La topographie sensible aux paysages et aux pratiques culturales et aux monuments y disparaît au profit d’un voisinage de circonscriptions contenant des quantités d’habitants ou de productions. La topographie médicale se voit opposer des analyses sociales à la Villermé qui, tout en maintenant l’idée de système, déconnecte l’analyse des questions territoriales. La topographie militaire, à force d’insister sur la technique cartographique défait le lien historique que ses topographes entretenaient avec la description textuelle de l’événement, moins nécessaire il est vrai dans une armée voulue comme étant sans conflit européen, et qui ne s’est pas encore réellement tournée vers l’aventure coloniale. La carte au 1/80000e devient l’élément majeur de la production des services topographiques de l’armée. Trois éléments semblent pouvoir caractériser le deuxième tiers du XIXe siècle. Le premier relève de la tradition et correspond au maintien des usages du mot topographie du côté d’une description littéraire, même si on y insiste principalement sur l’idée de localisation d’une circonscription par rapport à celles qu’elle jouxte, ainsi que sur les formes du relief et sur l’hydrographie, comme chez Abel Hugo. Le deuxième relève d’une tentative expansionniste, voire annexionniste de la topographie militaire qui au travers de la publication de nombreux manuels ainsi que du processus de construction de la carte d’État-major affirme, par un discours technique sa mainmise sur la topographie. Si l’on prend le manuel de topographie militaire du lieutenant Roux, daté de 1846, c’est à la planimétrie et au nivellement que sont consacrés les plus longs développements. Notons cependant qu’une partie du développement relative au dessein, et qui intègre les établissements humains sert de transition à une courte partie relevant de la statistique qui s’intéresse tant aux populations qu’aux productions pouvant être employées par une armée en campagne. Le troisième élément est à chercher du côté de la géologie balbutiante qui, semble attribuer, comme chez Antoine Passy, la “configuration du sol” à la topographie, alors qu’elle s’attribue la mission de “faire connaître les différentes couches minérales”. Le relief (dans le sens que nous donnons aujourd’hui à ce mot) semble donc prendre une part croissante dans une topographie très liée à la cartographie et à ses techniques, cela sans pour autant qu’une description, sous forme littéraire, ne disparaisse complètement. Le grand dictionnaire Larousse, qui paraît à la fin du deuxième tiers du XIXe siècle, donne une définition de la topographie à l’image de ces évolutions. La notice est décomposée en deux parties, tout d’abord l’on y énonce le fait que la topographie peut-être “Description détaillée d’un lieu, d’un pays, d’un canton particulier”, puis qu’elle est “l’art de représenter par le dessin la forme détaillée d’un lieu, d’une contrée”. Vient ensuite une longue définition encyclopédique qui insiste fortement sur la technique de la représentation du relief. Cette importance de la carte va aller croissant durant le dernier tiers du XIXe siècle, avec par exemple l’un des courants majeurs de la géographie prévidalienne qui associe Hennequin, un ancien membre du dépôt de la guerre à Ludovic Drapeyron. Ceux-ci dans le cadre de la réaction à la défaite rêvent de relever la France en apprenant aux plus jeunes la maîtrise de la carte d’État-Major. Ces deux membres fondateurs de la Société de Topographie créée en 1876, s’ils insistent sur la topographie, dont ils font l’abc de la géographie - à partir de laquelle il est possible de passer ensuite à la géologie puis à la botanique - n’en continuent pas moins à considérer les statistiques, la botanique et la géologie comme participant d’une science topographique. Au-delà de cette distance à la description littéraire qui semble impossible à prendre, l’élément principal de l’affirmation de la carte se retrouve tant chez les tenants de la société de topographie que chez les Vidaliens, non-pas dans leurs conceptions scientifiques, mais dans leur engagement pédagogique, principalement dans le cadre de l’école primaire. C’est en effet là que “l’exercice topographique”, qui est celui de l’apprentissage de la lecture de la carte d’état-major (qui sera un jour la carte topographique) trouve sa plus large application. Là, la carte détaillée qui permet la reconnaissance des formes du terrain de sa petite patrie va servir à former une future nation par la topographie. À l’université, la question est autrement débattue, mais la géographie est alors une discipline en pleine construction, dans laquelle le vocabulaire n’est pas clairement fixé et encore moins unanimement reconnu. Le reclassement des vocabulaires, dans les années 1870-1890 donne à voir l’évolution d’un mot qui devient synonyme de relief ou de modelé, tout en conservant une relation forte à la carte. L’échec des propositions de Drapeyron, qui aurait souhaité une topographie-géographie ancrée en dehors de l’université, et la réussite de l’école vidalienne qui impose une conception sensible au “milieu” et au “genre de vie” placent la topographie, réduite aux formes du terrain à petite échelle, dans une position ancillaire. La carte topographique - supplée par la photographie - devient l’outil par excellence de connaissance du terrain. En 1907, le dictionnaire de Demangeon définit la topographie, comme “l’art de représenter sur un dessin appelé carte ou plan, les détails qui se trouvent à la surface du sol, qu’ils soient naturels ou artificiels. Les opérations à l’aide desquelles on exécute ce dessin constituent le levé ; elles sont de deux sortes : la planimétrie et le nivellement”. L’importance de l’aspect technique, continuellement réaffirmé depuis le début du XIXe siècle, a donc progressivement restreint le domaine de la topographie. L’usage de la photo-topographie, qui se développe après la Première Guerre mondiale ne fait qu’ajouter à l’aspect technique de l’activité topographique tout en continuant à la lier par bien des aspects à la mainmise des militaires sur la production des cartes, ceci tant en France que dans le reste de l’Europe. Notons cependant qu’encore à la fin du XXe siècle les définitions du mot topographie ne se sont pas toutes affranchies de l’idée de description d’un lieu ou d’une portion d’espace, comme si les géographes regrettaient d’avoir restreint ce mot à sa portion congrue. Dans son ensemble, le sens du mot topographie ne change pas réellement au XXe siècle, il connaît en revanche un usage croissant chez les géomorphologues d’une part, et, du côté de l’enseignement de la géographie à l’université au travers du fameux exercice de la “coupe topo”. De cet usage découle une précision croissante qui va opposer, par exemple, la topographie en tant que présentation descriptive des formes à la géomorphologie, qui se trouve du côté de l’analyse ou, autre exemple entre orographie dans le sens de disposition du relief et topographie dans celui de description du relief (George 1970)".
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6 novembre 2008 4 06 /11 /novembre /2008 13:53

DICTIONNAIRE

UNIVERSEL

DE LA FRANCE

 

 

Contenant la Description Géographique & Historique des Provinces, Villes, Bourgs & Lieux remarquables du Royaume ; l’Etat de sa Population actuelle, de son Clergé, de ses Troupes, de sa Marine, de ses Finances, de ses Tribunaux & des autres parties du Gouvernement.

 

Ensemble l’Abrégé de l’Histoire de France, divisée sous les trois races de nos Rois ; des Détails circonstanciés sur les Productions du sol, l’Industrie & le Commerce des Habitans ; sur les Dignités & les grandes Charges de l’Etat ; sur les Offices de Judicature & Emplois Militaires ; ainsi que sur ceux de toutes les autres branches de l’Administration.

 

Avec un grand nombre de Tables qui rassemblent, sous un même coup d’œil, les divers districts ou arrondissemens du Gouvernement Ecclésistique, Civil & Militaire.

 

Par M. ROBERT DE HESSELN, ci-devant Professeur en Langue Allemande & Inspecteur de MM. Les Elèves de l’Ecole Royale Militaire.

   

A PARIS,

ChezDesaint, Libraire, rue du Foin-Saint-Jacques,

M. DCCC. LXXI.

 

Avec Approbation & Privilège du Roi.


 

  AVERTISSEMENT

 

Cet ouvrage étoit susceptible de toute autre forme ; on a préféré celle de Dictionnaire, comme la plus en vogue aujourd’hui & la plus commode. On lui a donné le titre d’Universel, parceque l’on y a fait entrer généralement tous les objets qui constituent l’état physique, moral, civil & politique du royaume de France. Par ce mot politique, on n’entend ici que le gouvernement ou l’administration des affaires de l’Etat.

Pour remplir le premier objet de ce Dictionnaire, qui consiste dans les détails de l’état actuel du royaume, relativement à sa constitution physique, on fait connoître sa situation, par rapport au ciel & aux Etats voisins ; son étendue ; sa circonférence ; les mers & pays qui lui servent de limites ; les pêches de ces mers ; les ports & havres ; leur différence, relativement aux objets d’utilité qu’on en tire ou qu’on en pourroit tirer, moyennant des améliorations ; les marais salans, en y joignant des observations sur la qualité des sels qu’ils produisent ; les autres marais & les étangs ; les rivières & canaux ; la direction & la longueur de leur cours ; les différentes propriétés de leurs eaux ; leur utilité pour la navigation & les transports, avec les détails de leurs pêches ; l’étendue des prairies qui les bordent  & la qualité des fourrages de chaque prairie en particulier, ainsi que celle de tous les autres pâturages du royaume ; les puits & fontaines minérales, aussi bien que tous les bains & eaux médicinales ; l’histoire des montagnes, avec la diversité & la nature de leurs productions : on y a joint les détails de toutes les forêts du royaume, avec des remarques sur la qualité des bois ordinaires qui peuplent nos forêts ; sur celle des bois moins communs & de toutes les sortes d’arbres fruitiers, qui croissent en France ; sur les divers usages auxquels les bois de France sont propres ; enfin, sur les accroissemens & diminutions des mêmes bois ; sur les moyens, ainsi que sur les difficultés de leur transport,

On n’a rien omis de tout ce qui peut donner une connoissance exacte des carrières & des mines de toute espèce qui sont exploitées ou qui pourroient l’être ; des sels & des terres médicinales ; des terres qui servent à faire les couleurs ; des serres & des sables propres aux verreries, poteries, fayanceries & de tous les fossiles, considérés ou comme besoins de la vie ou comme simples curiosités d’histoire naturelle.

On donne des notions sur la variété des climats & la salubrité de l’air dans les différentes provinces du royaume ; sur les maladies les plus ordinaires dans chaque canton parmi les hommes & parmi les bestiaux ; sur les différentes sortes de grains que l’on recueille en France ; sur les vignobles & toutes les espèces de productions ; sur le gros & le menu bétail que l’on élève dans le royaume ; sur le gibier & la volaille & généralement sur tous nos animaux domestiques & sauvages, avec des observations sur la qualité & la quantité des animaux de chaque espèce, eu égard à la diversité des climats & des cantons, principalement sur les différentes qualités des chevaux de France &c.

L’Auteur a encore cru devoir indiquer tous les comestibles en usage dans le royaume & entrer dans le détail de ses fabriques, ainsi que de tous les objets de commerce, soit de première nécessité, soit de commodité ou de luxe. On y verra quelles sont les marchandises & denrées qu’on importe dans le royaume ; la quantité & la qualité de celles qu’on exporte, tant de nos manufactures que des productions du sol ; en quoi consiste le commerce passif ou intérieur de la nation ; quels sont les objets de commerce de la France avec ses Colonies ; quels sont ceux du même royaume avec les nations étrangères ; quels sont enfin les établissemens & les moyens imaginés, tant pour la facilité que pour l’exactitude & la bonne foi du commerce. On fait aussi connoître les poids & mesures, ainsi que la valeur des espèces en usage en France.

Tous les objets dont on vient de parler sont envisagés en général & rapprochés à l’article France, par la lecture duquel on fera bien de commencer, pour prendre une idée plus juste du plan de l’ouvrage. On y a inséré le dénombrement des possessions de la France dans les mers & les continens éloignés ; de même qu’une table des provinces & pays du royaume, avec le nom des capitales ou chefs-lieux de chaque province ; des notions sur les mœurs des habitans & sur la diversité des langages que l’on parle dans les différentes provinces.

Aux articles particuliers de chaque pays, on trouve un abrégé des principaux traits de son histoire ; des observations sur les changemens qu’il a éprouvés ; sur les chemins & les rivières qui en facilitent la communication.

A la description de chaque ville, bourg & autre lieu remarquable, on fait connoître sa situation, sa distance des principales villes qui l’avoisinent, celle du même lieu à la capitale ;  on indique de plus, pour les villes épiscopales & celles qui ont quelque célébrité par leur commerce, les routes qui conduisent de la capitale à ces villes ; en quoi elle diffèrent les unes des autres & ce qui peut leur donner de l’importance ou de l’infériorité. On n’omet aucun de leurs établissemens relatifs aux besoins & aux agrémens de la société ; ni aucun des objets d’utilité ou de curiosité qui se trouvent dans leur enceinte ou dans l’étendue de leur territoire, notamment les usages & cérémonies singulières des habitans.

A l’égard de la constitution morale & politique du royaume, on donne une idée générale des différents départemens, dans lesquels le Ministère est divisé ; tels sont le ministère de la guerre, celui de la marine, celui des affaires étrangères, celui des finances, celui de la police intérieure du royaume, celui de l’administration civile. On fait connoître quels sont les héritiers présomptifs de la couronne ; la manière dont les princes succèdent au trône ; les cérémonies en usage à leur naissance, à leur baptême, à leur mariage & à leur mort. On y entre dans les détails de quelques usages de la cour ; de son éclat & des honneurs que l’on y accorde aux Grands du royaume ; des prérogatives des Ambassadeurs, des dignités & grandes charges de l’Etat ; des différens ordres de chevalerie ; des titres en usage pour les terres & les fiefs ; des armoiries ; enfin, des différens ordres qui forment autant de classes particulières de citoyens. On fait que dans le clergé, comme dans la noblesse ou le militaire, il y a des classes différentes ; il en est de même dans la magistrature, dans la finance &c. On trouve des détails circonstanciés sur chacun de ces objets.

Le gouvernement spirituel & temporel du Clergé, les libertés de l’église Gallicane, le pouvoir du pape sur le clergé de France, l’étendue du pouvoir du roi sur le clergé de son royaume, avec des observations sur le droit & la jurisdiction ecclésiastique, sur la collation des bénéfices, sur les différentes dignités en usage pour le clergé, les provinces Ecclésiastiques, les noms des diocèses, la distance de chaque siège d’évêché à la capitale, l’époque de son établissement, le nombre des cures ou paroisses comprises dans chaque diocèse, celui de leurs chapitres & de leurs abbayes ; les revenus de chaque évêché & sa taxe en cours de Rome ; les Abbayes, Chapitres, Prieurés, Commenderies, Ordres religieux, en un mot, tout ce qui regarde le corps ecclésiastique sur royaume est ici développé dans le plus grand détail.

Quant aux forces militaires, l’Auteur fait connoître l’état actuel de toutes les troupes de France, tant de terre que de mer ; les dignités, grades, chrges & emplois militaires, avec des éclaircissemens sur les fonctions, rangs & prérogatives de chaque officier. Il donne une idée générale de toutes les branches de l’administration des affaires de la guerre & de la marine ; des différens grades des officiers généraux & autres revêtus des dignités militaires ; de tous les corps de troupes &c.

Par rapport à la Maison militaire du roi, le lecteur verra quelles sont les compagnies d’ordonnance qui composent la garde de la personne du roi, tant de l’intérieur que de l’extérieur du palais ou château que Sa Majesté habite, ou qui servent uniquement à la décoration de sa cour ; quel rang ces mêmes troupes ont avec les autres, quelles sont leurs fonctions, leurs prérogatives &c.

Au mot Infanterie, on trouve le dénombrement des régimens, tant François qu’étrangers, qui composent ce corps de troupes ; le nombre des bataillons & des hommes ; l’uniforme & l’année de création de chaque régiment ; ainsi que les appointemens & solde, tant de l’officier que du soldat, en paix comme en guerre.

A la fin du même article, l’Auteur donne une idée du corps royal d’artillerie, suivant l’état de sa nouvelle composition : cet article est terminé par le dénombrement des troupes légères & les détails de leur état actuel. Les éclaircissemens sur la Cavalerie, ne sont ni moins amples ni moins satisfaisans.

Après avoir traité succinctement de l’art de naviguer & de son utilité, parcouru les diverses périodes de prospérité & de décadence de notre marine, on entre dans les détails des différentes sortes de vaisseaux dont la nation fait usage ; des hommes employés dans les ports & à la mer ; des grades respectifs des Officiers de la marine ; de leur rang avec les troupes de terre ; de leur pouvoir & fonctions ; des marques de commandement ; des honneurs à rendre en mer & des saluts ; des appointemens ; de l’uniforme ; de l’état exact des différens corps de troupes, particulièrement attachés à la marine & des bataillons d’infanterie destinés à servir sur terre & sur mer, suivant l’exigence des cas ; des différente sortes d’officiers-mariniers ; des classes de matelots, avec des notions sur leur service & leur solde ; des milices-gardes-côtes ; des officiers de plume ou d’administration ; de leur autorité respective & relativement aux officiers de la marine ; de leurs appointemens ; de leur uniforme ; de la garde & sureté des ports ; de leur police & de la conservation des ports & rade ; du lestage & délestage ; du conseil de construction &c ; de la fourniture des marchandises, de leur adjudication ; de leur arrangement ; de leur conservation ; de leur convertissement ; de la levée des équipages ; de leur solde & distribution sur les vaisseaux &c ; des canons & armes & du service de l’artillerie relatif aux vaisseaux ; de la fourniture des vivres ; de la visite du vaisseau, carèe, équipement ; du logement à bord & des bâtimens à la suite d’une escadre ; des hôpitaux & du médecin, également à la suite d’une flotte ; de la police du vaisseau ; du service en rade & sous voile &c ; du désarmement ; des récompenses pour les familles des gens de mer  ouvriers tués ; pour les blessés & pour les invalides ; des différentes sotes de conseils, tels que le conseil de la marine & le conseil de guerre ; enfin, de la justice de guerre & des peines. A la suite du même article, on donne une idée de la marine marchande ; on fait connoître la différence qu’il y a entre cette dernière & la marine militaire & les règles que l’on observe en France par rapport aux vaisseaux échoués.

Pour ce qui concerne l’administration civile, on fait connoître quels sont les tribunaux établis dans les différens districts ou arrondissemens du royaume pour y rendre la justice, chacun suivant sa compétence. Comme les éclaircissemens que l’on donne sur chacun de ces objets, sont aussi détaillés que ceux qui regardent le clergé, les troupes du royaume, la marine &c, il suffit de renvoyer le lecteur aux articles, Conseils, Conseil supérieur ou provincial, Parlement, Cour des onnois, Amirauté, Table de marbre, Chambres des comptes, Cour des Aides, Eaux & forêts, Grevier à sel, Présidiaux, Sénéchaussées, Bailliages, Prévôtés, Vigueries &c, Chancellerie, Sceaux, Edits, Déclarations, Lettres-patentes, Arrêts, Lit de justice, &c. A la dénomination de chaque titre de magistrat ou officier de justice, on trouve les détails de ses fonctions  & prérogatives. Voyez Chancelier, Garde des Sceaux, Conseillers d’état, Maître des Requêtes, Présidens, Conseillers, Avocat-Général, Procureur-Général, Lieutenant-Général, Avocat du Roi, Procureur du Roi, Maître des Comptes, Auditeur des Comptes, Grand-maître des eaux & forêts, Maître particulier, Prévôt général, Lieutenant des Maréchaux de France, Avocats, Procureurs, Huissiers, Notaires &c.

Quant au gouvernement des Finances, on entre dans les détails de tous les départemens ou districts particuliers dans lesquels le royaume est divisé, suivant les différentes sortes d’impôts qu’on a coutume d’y lever. On distingue les divisions particulières faites pour la levée des droits abandonnés aux fermiers généraux, de celles qui sont imaginées pour la perception des tailles, vingtième & capitation. Voyez les articles Finances ; Fermes-Générales, Aides, Gabelles, Tailles, Domaines, Traites & droits y joints, Généralités, Intendances, Elections, Pays-d’Etats, Contrôleur-général, Intendans des Finances, Receveurs-Généraux, Receveurs des Tailles, Collecteurs, Trésoriers, Trésoriers-Généraux des Finances &c.

En faisant l’énumération & en donnant la nomenclature raisonnée des charges  & emplois établis pour le maintien des droits, le bien-être & la conservation des citoyens, l’Auteur a eu non seulement en vue d’instruire le lecteur sur la constitution du gouvernement, mais encore de le mettre en état de juger combien à peu près d’habitans sont enlevés à l’agriculture, aux arts & à l’industrie par le service de la Cour & celui des Grands, par le Clergé & le Militaire & par chaque département de l’administration générale des affaires du royaume.

Le titre d’Universel que porte ce Dictionnaire, n’eut point été complètement rempli, si l’on n’y avoit pas inséré l’histoire de la nation. On a donc cru devoir joindre, d’une part, aux détails de l’état actuel des provinces & des villes, les anecdotes les plus intéressantes, relativement aux révolutions qu’elles ont éprouvées, avec une notice des hommes illustres qui y ont pris naissance, ainsi que des monumens antiques & curieux qui s’y trouvent ; on y a consacré de l’autre, un abrégé de l’histoire de la monarchie, considérée en particulier. Cet abrégé se trouve divisé & placé à la suite des dénominations des trois races de nos rois, connues sous les noms de Mérovingiens, Carlovingiens & Capétiens ; mais on pourra la lire de suite, en commençant par l’article Mérovingiens & en passant d’une race à l’autre, telle qu’elle se trouve indiquée à la fin de chaque article. L’Auteur de cet abrégé s’est proposé de faire connoître l’origine de la monarchie ; les mœurs & le caractère de ceux qui en furent les fondateurs ; les révolutions que cette monarchie a éprouvées, ses accroissemens & ses pertes ; la cause de ses disgrâces & de ses succès ; les lois fondamentales du gouvernement ; la politique des rois ; les intrigues des cours, le ressorts secrets employés par l’adresse des ministres ; les forces absolues & respectives de l’Etat dans les différens temps & suivant les différentes circonstances. On ne s’est point étendu su ces détails ; cela n’étoit pas possible dans un abrégé. On s’est borné à présenter l’histoire de France, pour ainsi dire, dans ses grands traits. Voyez Mérovingiens, Carlovingiens, Capétiens, Valois, Orléans-Valois, Bourbons.

Par l’esquisse rapide & légère qu’on vient de tracer, on peut se former une idée de tous les objets d’instruction & d’agrément que présente ce Dictionnaire. Les lecteurs de tout rang, de tout âge & de toute  profession, tant nationaux qu’étrangers, y puiseront des connoissances utiles, chacun relativement à ses besoins ou seulement à la noble envie d’apprendre. Le patriote surtout y trouvera la facilité de connoître ce qu’il ne lui est pas permis d’ignorer, c’est-à-dire, le royaume où il est né & la manière d’exister de la nation dont il est membre.

L’Auteur n’a rien négligé pour porter cet Ouvrage au plus haut degré de perfection possible. Indépendamment des secours qu’il a tirés d’un grand nombre de livres imprimés, on lui a communiqué d’excellents Mémoires composés par des hommes en place. D’ailleurs, les descriptions de la plupart des lieux, particulièrement celles des Villes les plus importantes du Royaume, il les a fait passer aux personnes les mieux instruites qui habitent ces Villes & qui ont bien voulu corriger ses articles. De plus, l’avantage qu’il a eu de travailler à Paris, le centre des secours en tout genre, est très considérable. Il n’a rien mis dans son ouvrage qu’il n’ait vérifié par des éclaircissemens qu’on lui a donnés de vive voix ou par écrit. Enfin, on peut assurer que, par rapport à ce Dictionnaire, ce que toute l’intelligence humaine & la meilleure volonté ne peuvent pas toujours opérer, a été effectué par un concours de circonstances aussi favorables que difficiles à réunir.

 


 

APPROBATION.

 

J’ai lu, par ordre de Monseigneur le Chancelier, le Dictionnaire Universel de la France, en six volumes, par M. ROBERT DE HESSELN &  je n’y ai rien trouvé qui puisse en empêcher l’impression. A Paris, le 16 Janvier 1771.

BELLIN.

PRIVILEGE DU ROI.

 

Louis, par la grâce de Dieu, Roi de France & de Navarre : A nos amés & féaux Conseillers, les Gens tenant nos Cours de Parlement, Maîtres des Requêtes ordinaires de notre Hôtel, Grand Conseil, Prévôt de Paris, Baillis, Sénéchaux, leurs Lieutenants Civils & autres nos Justiciers qu’il appartiendra : Salut. Notre amé le Sieur NICOLAS DESAINT, Libraire, nous a fait exposer qu’il désireroit faire imprimer & donner au Public le Dictionnaire Universel de la France, par M. Robert de Hesseln : s’il nous plaisoit lui accorder nos Lettres de Privilège pour ce nécessaires. A ces causes, voulant favorablement traiter l’Exposant, Nous lui avons permis & permettons par ces Présentes, de faire imprimer ledit Ouvrage autant de fois que bon lui semblera &  de le vendre, faire vendre & débiter par tout notre Royaume, pendant le temps de six années consécutives, à compter du jour de la date des présentes. Faisons défenses à tous Imprimeurs, Libraires &  autres personnes, de quelque qualité & condition qu’elles soient, d’en introduire d’impression étrangère dans aucun lieu de notre obéissance ; comme aussi d’imprimer, ou faire imprimer, vendre, faire vendre, débiter, ni contrefaire ledit ouvrage, ni d’en faire aucun extrait sous quelque prétexte que ce puisse être, sans la permission express & par écrit dudit Exposant, ou de ceux qui auront droit de lui, à peine de confiscation des exemplaires contrefaits, de trois mille livres d’amende contre chacun des contrevenans, dont un tiers à Nous, un tiers à l’Hôtel-Dieu de Paris &  l’autre tiers audit Exposant, ou à celui qui aura droit de lui &  de tous dépens, dommages & intérêts, à la charge que ces Présentes seront enregistrées tout au long sur le Registre de la Communauté des Imprimeurs & Libraires de Paris, dans trois mois de la date d’icelle ; que l’impression dudit Ouvrage sera faire dans notre Royaume & non ailleurs, en bon papier & beaux caractères, conformément aux Réglemens de la Librairie &  notamment à celui du 10 Avril 1725, à peine de déchéance du présent Privilège : qu’avant de l’exposer en vente, le Manuscrit qui aura servi de copie à l’impression dudit Ouvrage, sera remis dans le même état où l’Approbation y aura été donnée, ès mains de notre très cher & féal Chevalier, Chancelier Garde des Sceaux de France, le Sieur de MEAUPOU ; qu’il en sera ensuite remis deux exemplaires dans notre Bibliothèque publique, un dans celle de notre Château du Louvre &  un dans celle dudit Sieur de MAUPEOU ; le tout à peine de nullité des Présentes : du contenu desquelles vous mandons & enjoignons de faire jouir ledit Exposant & leurs ayants causes, pleinement & paisiblement, sans souffrir qu’il leur soit fait aucun trouble ou empêchement. Voulons que la copie des Présentes, qui sera imprimée tout au long au commencement ou à la fin dudit Ouvrage, soit tenue pour duement signifiée &  qu’aux copies collationnées par l’un de nos amés & féaux Conseillers, Secrétaires, foi soit ajoutée comme à l’original. Commandons au premier notre Huissier ou Sergent sur ce requis, de faire pour l’exécution d’icelle, tous actes requis & nécessaires, sans demander autre permission ; & nonobstant clameur de haro, Charte Normande & Lettres à ce contraire : Car tel est notre plaisir. Donné à Paris, le vingt-septième jour du mois de Février, l’an de grâce mil sept cent soixante-onze &  de notre règle de cinquante-sixième. Par le Roi, en son Conseil.

LE BEGUE.

 

Registré sur le Registre XVIII de la Chambre Royale & Syndicale des Librairies & Imprimeurs de Paris, N° 1516, fol. 442, conformément au Règlement de 1723. A Paris ce 2 Mars 1771.

J. HERISSANT, Syndic.

 

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6 novembre 2008 4 06 /11 /novembre /2008 10:29

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Le parlement de Metz a été établi sous Louis XIII, par édit du mois de janvier 1633, pour servir par semestre : chaque semestre est composé d’une grand’chambre &  des enquêtes-tournelle.

La grand’chambre est composée de quatre présidents & de 21 conseillers. La chambre des enquête-tournelle est composée de trois présidents &  de dix-neuf conseillers.

Il y a, outre ces juges, un certain nombre de conseillers d’honneur nés : savoir, les évêques des trois évêchés, les abbés de S. Arnould & de Gorze, le gouverneur & le commandant du gouvernement général des villes pays & évêchés de Metz & Verdun ; un conseiller d’honneur, qui est le maître-échevin de cette ville ; quatre conseillers-chevaliers d’honneur & sept conseillers honoraires. Viennent ensuite les gens du roi, servant à toutes les chambres du parlement ; les substituts du procureur général ; les substituts honoraires ; les greffiers en chef ; les greffiers des présentations, actes d’affirmations & défauts du parlement ; les trésoriers payeurs des gages du parlement ; les secrétaires-interprètes du parlement ; le maître-clerc de la chambre du conseil ; le maître-clerc de la chambre du conseil de l’audience des semestres de février & d’août &  le contrôleur des greffes ; les commis-greffiers ; le greffier garde-fac du dépôt du parlement ; le greffier garde-fac du dépôt des instances ; le receveur des consignations ; le commissaire aux saisies-réelles ; le contrôleur du commissaire aux saisies-réelles ; le receveur des amendes & droits réservés ; le concierge garde-meuble & l’aumônier des prisons.

Les juges qui ont servi à la grand’chambre le semestre de février & d’août, passent l’année suivante aux enquêtes &  ceux des enquêtes à la grand’chambre.

La rentrée du parlement se fait annuellement le premier février & le premier août, auxquels jours les juges de chaque semestre assistent à la messe solemnelle qui se dit à la cathédrale &  de retour au palais, le premier président reçoit les sermens des avocats & procureurs.

Les gens du roi tiennent leurs audiences au parquet &  jugent les conflits d’entre les chambres du parlement, les incompétences & c. Les avocats généraux prennent communication par les avocats &  le procureur-général par ses substituts, de toutes les affaires dans lesquelles ils doivent donner leurs conclusions.

Le roi a attribué à la cour de parlement la jurisdiction & connoissance en dernier ressort de toutes les matières civiles & criminelles, béneficiales, mixtes, réelles, personnelles, aides & finances &  autres sans exception, à l’instar du parlement de Paris &  autres cours & compagnies souveraines ; de même que celle des appellations des juges des villes &  de toutes les terres & seigneuries appartenantes, tant aux seigneurs ecclésiastiques que temporels, comprises dans l’étendue des provinces & évêchés de Metz, Toul, Verdun & ancien ressort, souverainetés & enclaves ; ensemble des paroisses communes & tenues en surséance, dépendantes des élections de Langres & Chaumont en Bassigny, excepté celles d’entre elles qui ressortissent au parlement de Paris &  en outre des villes de Mouzon, Château-Regnault, des terres & seigneuries qui en dépendent, avec pouvoir néanmoins aux maires, échevins & officiers de l’hôtel-de-ville de Metz, Toul & Verdun &  à ceux de Vic de juger en dernier ressort jusqu’à cent livres.

Les jurisdictions de l’enclos du palais à Metz sont, le parlement, la chambre des comptes, la cour des aides & monnoies, les requêtes du palais, la chancellerie, la chambre des trésoriers de France, la table de marbre & maîtrise des eaux & forêts, le bailliage, le siège présidial & la police.

Les audiences publiques du parlement se tiennent les lundis & jeudis à huit heures du matin.

Celles du parquet les lundis & jeudis à dix heures.

Les audiences à huis clos, les mardis & samedis à dix heures.

Celles des enquêtes, cour des aides & tournelle, les mercredis  vendredis à dix heures.
Les audiences de relevée de la cour, les mardis à deux heures ; & quand ces jours ne sont pas libres, elles se tiennent les vendredis à la même heure.

Le parlement, outre les dimanches & fêtes, n’entre  point non plus le 20 janvier,  les lundi, mardi-gras & mercredi des cendres &  depuis le mercredi-saint jusqu’au lendemain de la Quasimodo ; le surlendemain de la Pentecôte, le jour de l’octave du S. Sacrement, les premiers & 9 mai, les 24 & 29 juin, le 25 juillet, les 10 & 25 août, les 9 & 21 septembre.
La cour préfixe vers l’ouverture des vendanges un temps aux avocats & procureurs pour vaquer à leurs affaires, temps pendant lequel elle vaque elle-même, à l’exception des samedis. Elle vaque aussi le 28 octobre, les 11, 23 & 30 novembre ; les 6, 8 & 27 décembre.

Outre ces jours de vacation, le parlement ne tient point d’audience publique ni de relevée, les quinze premiers & les quinze derniers jours de chaque semestre.
Lorsqu’un des jours ci-dessus désignés ou de quelques fêtes tombe les lundis ou jeudis, les grandes audiences sont remises au lendemain mardi & vendredi, auxquels jours il ne se tient point d’audience de relevée.

Lorsqu’un des jours ci-dessus désignés ou de quelques fêtes tombe les lundis ou jeudis, les grandes audiences sont remises au lendemain mardi & vendredi, auxquels jours il ne se tient point d’audience de relevée.

Les jurisdictions subalternes, qui ressortissent au parlement de Metz, sont :

  • Les bailliages présidiaux de Metz, Toul, Verdun, Sedan & Sarrelouis.
  • Les bailliages royaux de Thionville, Longwy, Mouzon,  Mohon, ce dernier situé en Champagne.
  • Le bailliage seigneurial de l’évêché de Metz, à Vic.
  • Le bailliage de Carignan.
  • Les prévôtés royales de Château-Regnault, de Chauvancy, Damvillers, Montmédy & Marville.
  • Les prévôtés royales de Phalsbourg, Sarrebourg & Sierck.
  • Les maîtrises particulières des eaux & forêts de Metz, Vic, Sedan, Thionville, Château-Regnault, Phalsbourg, Hagenau & Enfisheim, de la province d’Alsace.

Les justices des seigneurs particuliers ressortissent en général aux bailliages & autres jurisdictions dans la dépendance desquelles elles sont situées.
On suit dans le ressort de ce parlement douze coutumes : celles de Metz, Toul, Verdun, Sedan, évêché de Metz, Paris, Vitry, Luxembourg, Lorraine, Vermandois, Saint-Mihiel &  la Petite-Pierre.

La chambre des requêtes, établie en 1694, est composée d’un président, de 11 conseillers, d’un greffier en chef, d’un payeur des gages & de trois huissiers.
Les audiences se tiennent les lundis & jeudis à dix heures.

La chambre des comptes, établie en 1661 est composée de deux conseillers-correcteurs, de quatre conseillers- auditeurs &  d’un pareil nombre d’auditeurs honoraires. Le bureau s’ouvre les lundis, mardis, jeudis & samedis à dix heures.

Outre le corps des avocats au parlement, composé de 60 ou environ, il y a une chambre de consultations, établie dans la salle basse du palais, en conséquence d’une délibération de l’ordre du 22 avril 1761, homologuée par arrêt du parlement du premier juin suivant.
La salle que l’on a fait construire à cet effet sert en même temps de bibliothèque, ouverte une demi-heure avant les audiences des jurisdictions de l’enclos du palais &  les mercredis & samedis depuis deux heures de relevée jusqu’à cinq heures en été &  jusqu’à quatre en hiver.

Cette bibliothèque n’est point publique ; les officiers du parlement & du bailliage &  les avocats inscrits sur le tableau sont les seuls qui y soient admis : toutes personnes cependant peuvent, avec l’agrément du bâtonnier, en consulter les livres sans déplacer.
Le premier samedi non férié de chaque mois, il y a dans la salle de la bibliothèque des conférences publiques sur le droit canonique, civil & coutumier, dont l’affirmative & la négative sont traitées par deux jeunes avocats &  la matière résumée par un ancien. On y prononce aussi quatre discours relatifs à la profession d’avocat, dont deux les premiers samedis d’après les grandes vacances &  les deux autres les samedis d’après la quinzaine de Pâques.

Le corps des procureurs au parlement est d’environ trente.

Les huissiers au parlement sont au nombre de quinze.

La chancellerie, établie près le parlement, est composée de deux gardes des sceaux, un pour chaque semestre ; de quatre audienciers, d’un pareil nombre de contrôleurs ; de quatorze secrétaires du roi ; de deux payeurs des gages ; de deux sceleuis ; de quatre référendaires-rapporteurs, un pour chaque quartier de l’année ; de quatre receveurs des émolumens du sceau, un pour chaque quartier de l’année ; d’un commis de la chancellerie &  de dix huissiers en chancellerie.

Les procureurs au parlement sont propriétaires du greffe de la chancellerie &  les quatre anciens remplissent par quartier les fonctions de cet office.

La table de marbre, établie en 1679, est composée, pour les affaires à l’ordinaire, d’un grand-maître, d’un lieutenant-général, de quatre conseillers, d’un procureur du roi, d’un avocat du roi, d’un greffier en chef &  d’un receveur des amendes.

Pour les affaires au souverain, ce tribunal est composé du double en nombre de présidens & de conseillers au parlement, qu’il y a d’officiers de la table de marbre : d’un procureur-général, d’un avocat-général. Les autres officiers sont les mêmes que ceux de la table de marbre à l’ordinaire, à l’exception du dernier conseiller de ce tribunal qui ne siège pas au souverain.

Le lieutenant-général de la table de marbre à l’ordinaire, est au souverain le rapporteur né &  siège immédiatement après le dernier des conseillers du parlement.

Il y a quatre huissiers pour la table de marbre à l’ordinaire & au souverain.

Les audiences de la table de marbre à l’ordinaire se tiennent les mercredis &é samedis à neuf heures : elles se tiennent à deux heures de relevée à la chambre du parlement, à huit clos, pour les affaires au souverain.

La maîtrise particulière des eaux & forêts a été établie en 1661 : elle est composée d’un maître particulier, d’un lieutenant particulier, d’un procureur du roi, d’un garde-marteau, d’un greffier, de deux arpenteurs, d’un receveur des amendes &  d’un garde-général.
Il y a trois huissiers pour cette jurisdiction.

Les audiences se tiennent les lundis & les jeudis à dix heures.

Le bailliage & le siège présidial ne forment en quelque sorte qu’un même tribunal divisé en deux chambres ou sièges.

Le bailliage a été créé par édit du mois d’août 1634 & le présidial par édit du mois de février 1685.

Ce dernier siège est composé d’un premier président et de deux autres présidens : le dernier n’est que président honoraire. Les autres juges sont le lieutenant-général de police,le lieutenant-criminel, le lieutenant particulier, l’assesseur civil & criminel.

Les officiers communs aux deux sièges sont, dix-huit conseillers, avec un conseiller chevalier d’honneur ; deux avocats du roi ; un procureur du roi ; un substitut du procureur du roi, un greffier en chef, trois greffiers commis ; un commissaire aux saisies-réelles & receveur des consignations ; un payeur des gages ; dix soneillers du roi notaires ; seize procureurs ; huit huissiers ; six huissiers jurés & un concierge garde-meuble du bailliage & siège présidial.

Les audiences du bailliage se tiennent les mercredis & vendredis à huit heures ; celles du présidial les mardis à huit heures &  pour le criminel, les samedis à la même heure.
La ville de Metz, une grande partie des villages du pays Messin & la terre de Gorze sont régis par la coutume de Metz, rédigée en conséquence des lettres-patentes de Louis XIII de l’an 1611.

La chambre de police a été établie en 1699. Elle est composée d’un lieutenant-général de police &  de deux conseillers au bailliage, qui selon l’ordre du tableau ont droit de venir siéger à cette chambre ; d’un procureur du roi &  d’un greffier en chef. Il y a, outre ces juges, dix commissaires de police maîtres & trois huissiers.

Le dernier des commissaires est établi par commission du conseil.

Les audiences pour les grandes affaires se tiennent les jeudis &  pour les rapports les samedis à deux heures de relevée.

L’hôtel des monnoies de la ville de Metz a été établi en 1661 &  les officiers ont été créés en 1690. Ils sont commensaux de la maison du roi &  jouissent des mêmes privilèges : ils ont été renouvelés & confirmés par lettres-patentes de 1719, par apprêt du conseil & lettres-patentes du 5 février 1760, registrés au parlement, cour des monnoies de Mets, le 24 mai suivant. Nous avons déjà dit que les espèces étoient distinguées par la double lettre AA.
Les officiers qui composent ce tribunal, sont le premier juge-garde, le second juge garde, le contrôleur-contregarde, le procureur du roi en titre, le procureur du roi commis par la cour, le greffier en chef.

Il y a, outre cela, un greffier commis, deux huissiers & les officiers du travail, savoir le directeur, l’essayeur, le graveur, le monnoyeur & prévôt, le monnoyeur & lieutenant, le monnoyeur, l’ajusteur-vérificateur &  l’ajusteur pour les poids & balances.

La jurisdiction des traites & fermes du roi a été établie en 1691. Ce tribunal est composé d’un président-juge, d’un procureur du roi, d’un greffier & d’un huissier. Cette juurisdiction connoît de toutes les matières qui concernent la ferme générale du tabac, des droits sur la formule des papiers & parchemins timbrés, des droits de marc d’or & d’argent, des contraventions sur les marchandises dont l’entrée est prohibée &  des droits sur les cuirs, établis par édit du roi du mois d’août 1759.

La subdélégation de la commission de Rheims, est un tribunal établi dans l’étendue des évêchés de Metz & Toul, pour instruire jusqu’à jugement définitif, exclusivement, les procès concernant les contrebandes en sel  & tabac faites parc port d’armes, ou par attroupement au nombre de cinq &  des faits de rébellions des contrebandiers en quelque nombre qu’ils soient. Elle est composée d’un commissaire-subdélégué, d’un procureur du roi & d’un greffier.

La juridiction consulaire de Metz, établie en 1716, est composée d’un juge, de deux consuls, d’un greffier & de quatre huissiers-audienciers. On y connaît en dernier ressort, jusqu’à la somme de cinq cens livres, de toutes les contestations entre marchands & négocians, de tous billets, lettres de change & autres effets de commerce ; les appels pour les sommes plus fortes se portent au parlement.

Toutes personnes ont droit de défendre leurs causes dans cette juridiction. Les audiences se tiennent les jeudis à neuf heures.

La juridiction de la marque des fers a été établie par arrêt du conseil & lettres-patente des 18 & 29 novembre 1727, registrées au parlement de Metz. Elle est composée d’un juge, d’un procureur du roi, d’un greffier, d’un directeur & receveur général, d’un contrôleur ambulant &  d’un receveur particulier.

Son objet est la connoissance en première instance, des droits de marque des fers, aciers & quincailleries, dans l’étendue des trois évêchés, les appels se portent au parlement.
Les jours d’audiences ne sont point fixés ; elles se tiennent lorsqu’il est nécessaire les jours non fêtés, à deux heures de relevée.

Le bureau de la recette du prêt & du droit annuel pour les officiers de judicature, police, finances &é autres, sujets aux revenus casuels du roi dans la généralité de Metz, st composé d’un trésorier-général des revenus casuels, d’un trésorier & receveur particulier pour la généralité de Metz &  d’un contrôleur, commis par le contrôleur général des finances.

L’ouverture de ce bureau se fait ordinairement le premier novembre jusqu’au dernier décembre inclusivement de chaque année, depuis huit heures du matin jusqu’à midi &  depuis deux heures jusqu’à six du soir.

Outre ce bureau, il y en a encore plus de douze autres en cette ville, concernant différens objets, tels que la direction des fermes générales ; la direction des domaines & droits y joints ; la recette des droit d’ensaisinemens ; la direction des octrois municipaux ; la direction & recette des droits des inspecteurs aux boucheries ; la direction des poudres & salpêtres ; le bureau du vingtième ; la régie du droit sur les cartes à jouer & c.

La juridiction du bureau de l’hôtel-de-ville est composée d’un maître échevin, de dix conseillers échevins, d’un syndic royal, d’un ancien syndic honoraire, d’un substitut, d’un secrétaire-greffier en chef, de sept procureurs postulans, maîtres, d’un receveur, d’un inspecteur des bâtiments & de deux stipendiés : il y a deux médecins, deux chirurgiens & un apothicaire.

Les membres qui composent ce tribunal ont été établis pour le gouvernement & l’administration de la maison commune, à l’instar & aux mêmes fonctions, honneurs, autorités, prérogatives, prééminencs &é libertés dont jouissent les officiers municipaux de la ville de Paris. Le maître-échevin &é les conseillers-échevins sont choisis à la pluralité des voix entre les plus notables bourgeois de la ville. Ils ont la jurisdiction civile & criminelle &  jugent tous les différends concernant les droits & deniers domaniaux. Ils exercent aussi toute jurisdiction sur leurs officiers, fermiers & sous-fermiers, pour les abus & exactions qu’ils pourroient commettre en leurs charges seulement ; aussi bien que sur les fermiers des usines publiques & maltôtes, en ce qui concerne les abus, jusqu’à peine capitale &  de mort inclusivement, suivant &  conformément aux ordonnances. Les magistrats de cette ville sont aussi, comme ceux de la ville de Paris, toute jurisdiction & police sur les rivières, ports & quais, officiers, gage-deniers, marchands & marchandises.

L’office de maître-échevin donne la noblesse à laquelle est attachée le titre de chevalier, accordé par une ordonnance du mois de juillet 1305.

Lorsque le maître échevin parle au roi, il jouit des mêmes privilèges que les officiers municipaux des autres principaux hôtels-de-ville du royaume.

Les offices de maître-échevin & échevins s’acquièrent, comme on l’a déjà dit, par la voie de l’élection. Lorsqu’il est question de remplacer ces officiers, qui n’exercent ordinairement que pendant trois ans, on assemble les députés des paroisses jusqu’au nombre de soixante, suivant l’édit du roi du mois de décembre 1640, pour donner leurs voix à ceux qu’ils jugent les plus capables d’administrer la chose publique ; & leur choix étant fait, savoir, de trois sujets pour chaque place vacante, on dresse un procès verbal qui contient les noms des candidats qui ont le plus grand nombre de suffrages, parmi lesquels le roi en choisit le tiers pour remplacer ceux des officiers municipaux qui ont fini leur exercice.
Les trois ordres de la ville sont composés du bureau de l’hôtel-de-ville, des nobles résidans dans la ville, des députés du clergé, du bailliage & du tiers-état ; ils s’assemblent avec la permission du gouverneur &  sont convoqués & présidés par le maître-échevin ; le syndic de la ville y remplit les fonctions de partie publique.

Le syndic, qui étoit en place en 1763, a obtenu le 22 juillet 1760, un brevet de sa majesté, par lequel il est confirmé, retenu & établi en sa charge sous la dénomination de syndic royal & procureur pour sa majesté en la ville de Metz.

Les audiences du bureau de l’hôtel-de-ville se tiennent les mercredis à dix heures du matin &  les assemblées du conseil les mercredis & vendredis à neuf heures.

Chacun des quartiers de la ville déjà nommés plus haut, a un bannerot ou commissaire, chargé de faire les visites pour les logemens des troupes &  lorsqu’il est question de composer les rôles de la capitation ; ce qui se fait conjointement avec les conseillers-échevins.

Il y a, outre les bannerots ou commissaires, un premier huissier & maître des sergents, dix-sept autres messagers de ville.

Les sergents ont pouvoir d’exploiter dans la ville, banlieue & biens appartenant à la ville, pour toutes les procédures & affaires qui regardent les revenus de l’hôtel-de-ville.
Les sergents & messagers font leur service à l’hôtel-de-ville, chez le maître-échevin & chez le syndic, pour y exécuter les ordres & commissions qui leur sont donnés.

Il y a dans la ville de Metz une communauté d’environ 3000 juifs que l’on y tolère. Ils occupent un quartier séparé & limité à la droite de la Mozelle, près du retranchement de Guise.

Leur nombre étant devenu beaucoup plus considérable qu’il n’étoit autrefois, ils sont obligés d’élever leurs maisons jusqu’à cinq & six étages pour pouvoir se loger. Ils ont une magnifique boucherie sur le bord de la rivière. Il est libre à chaque particulier ou bourgeois de la ville de Metz d’y aller faire sa provision, mais il est défendu aux Juifs de porter de la viande hors de leur quartier pour la vendre ailleurs.

Quant au commerce, ils peuvent faire toute sorte de trafic &  l’on trouve chez eux des marchandises de toutes espèces, quoiqu’il ne leur soit pas permis d’avoir des boutiques. Lorsqu’ils sortent de leur quartier, ils sont obligés d’avoir un manteau noir, qu’ils portent ordinairement sous le bras &  un rabat blanc. La plupart ont aussi une barbe qui les distingue. Ils ont un synagogue qui n’a rien de remarquable : elle est fort petite &  les femmes y sont séparées des hommes. Elles sont placées dans une salle élevée d’où elles ne sont pas vues, mais où elles peuvent entendre tout ce qui se dit &  voir tout ce qui se passe dans la synagogue. On y lit le texte de la loi, écrit d’un côté à l’antique, su de grands rouleaux de parchemins, qu’ils renferment soigneusement derrière les rideaux d’une armoire ; ils ont d’une manière de chanter en lisant &  l’honneur de lire le texte sacré s’achète au plus offrant : le rabbin explique ce qui a été lu. Ils font des prières pour le roi, les princes & les magistrats.

Tous les ans au mois de juillet, ils font une assemblée, dans laquelle on procède en forme d’élection, soit pour nommer leurs nouveaux syndics, qui sont ordinairement au nombre de sept, soit pour confirmer les anciens. Ces syndics sont chargés de la police ; ils administrent les affaires de la communauté &  imposent par rôle toutes les sommes nécessaires à leurs charges & autres objets.

Dans les affaires qui naissent entr’eux, ils n’ont point d’autre juge que leur rabbin, qu’ils font ordinairement venir de loin, afin que n’ayant point de parens il ne favorise personne ; mais sa décision n’a force qu’autant que les deux parties veulent s’y soumettre. Quant aux affaires qu’ils ont avec les catholiques, ils sont traduits devant les tribunaux ordinaires ; & lorsqu’ils sont obligés de faire serment, ils le font sur le texte de la loi que le rabbin y apporte.

Les juifs de Metz observent des coutumes & usages extraits du cahier qu’ils ont présenté le 2 mar 1743 au parlement de Metz, en exécution des lettres patentes du roi du 20 août 1742, registrées au parlement le 30 du même mois. Ces coutumes ont été lues en l’assemblée des commissaires le 20 février 1744, mais elles ne sont pas encore homologuées (1767).

Outre un grand nombre de manufactures qui sont dans la ville de Metz, il y en a une qui mérite une attention particulière. Cette manufacture, déjà une des plus considérables du royaume, a été établi en 1761, sous la protection du conseil & celle de l’intendant de Metz  &  par les soins du maître-échevin & conseillers-échevins de la même ville.

Elle a pour objet 1° La fabrique de toutes les espèces de mousselines unies, rayées, à carreaux & brochées. 2° Celle des toiles de coton, dites futaines unies & croisées ; des toiles de coton propres à faire des indiennes, perses & toiles peintes ; de toutes les espèces & qualités de toiles, fil & coton, dites siamoises rayées & à carreaux. 3° La filature de toutes les espèces de coton, lins & chanvres, propres à faire les mousselines, toiles de coton, futaines & siamoises ci-dessus mentionnées.

Cette manufacture a aussi pour objet la fabrique de teinture, peinture & impression des toiles de coton. Elle fournit du travail à près de 3000 personnes des deux sexes &  occupe 70 métiers, dont 52 pour les mousselines &  18 pour les autres toiles.

L’éducation des vers à soie fait à Metz l’objet des soins d’un grand nombre d’habitants. Ils ont formé des plantations de muriers, dont les jeunes plants leur ont été fournis par l’intendant, qui en a fait établir une pépinière. La soie recueillie de ces vers est de très bonne qualité &  il y a tout lieu d’espérer qu’avec le temps on entretiendra en cette ville plusieurs métiers pour en fabriquer diverses sortes de marchandises.

Il y a d’ailleurs à Metz des fabriques d’étoffes de laine, de bas à l’aiguille, de ratines, de droguets, d’étamines, de petites serges &  un grand nombre de tanneries. On y fait commerce de vins, de grains, de sel, de fourrages, de confitures renommées (des mirabelles sèches & autres fruits) & de peaux d’ours.

Correspondance. Il y a une gondole qui part tous les mercredis & dimanches de Metz pour Paris &  de Paris pour Metz. Elle fait la route en six jours &  contient 8, 12 &  14 places, à raison de 36 livres chacune. Le panier contient aussi six places à raison de 20 livres. Un sac de nuit de poids de dix livres ou environ est passé franc ; le surplus de l’équipage se paie à raison de trois sols par livre de Metz à Paris &  à proportion de la distance pour les autres villes & lieux de la route.

On trouve souvent au bureau de Metz ou de Paris des voitures extraordinaires pour faire la même route.

Il y a aussi une messagerie, autrement appelée diligence ou guimbarde, qui ne met que six jours pour la route. Elle part tous les dimanches à quatre heures du matin de Metz et de Paris.

On peut aussi prendre des bidets qui suivent la messagerie, pour 33 livres : quant aux places de la messagerie, elles coûtent 20 livres &  3 sols de port.

Il y a d’autres carrosses à Metz pour Thionville & Sarrelouis, Sedan & Longwy.
Il y a aussi à Paris, rue Mêlée, un carrosse qui part tous les dimanches pour Metz & les autres villes des trois évêchés.

 

Metz 25jan2011 213 chambre

Place de Chambre, aux pieds de la cathédrale, départ des diligences pour Paris

 

 

Pour la correspondance de Metz à Francfort, il y a un chariot de poste ou diligence, qui part de Metz tous les samedis à dix heures du matin pour arriver le quatrième jour à Francfort. Il contient huit places de 25 livres chacune, le paquet de nuit peut être de 50 livres pesant ou environ ; le surplus de l’équpage se paie 15 livres part cent pesant. Ce chariot va & vient sans s’arrêter que pour changer de relais &  couche seulement la première nuit à S. Avold ; il revient les vendredis à dix heures du matin.

A Metz & dans le pays Messin l’arpent ou le journal contient 400 verges carrées, la verge 9 pieds 2 pouces de roi : la verge carrée 84 pieds 4 lignes ; ainsi l’arpent du pays fait 69 perches & demie 9/80 de Paris.

Cet arpent se divise pour les vignes en huit parties qu’on nomme mouées : une mouée contient huit perches quarrées de Paris.

L’arpent de Lorraine contient 250 verges, la verge 10 pieds, le pied 10 pouces 7 ligns de roi ; ainsi cet arpent peut donner 40 perches 2/5 de Paris.

On nomme quarte la mesure ordinaire de bled : elle se divise en demie & en quart qui se nomme bichet. Le out fait cinq boisseaux un tiers mesure de Paris. Le mesurage se fait ras. Ce sont les mêmes mesures pour l’orge & l’avoine, mais le mesurage se fait comble.
La mesure de bois à Metz se nomme corde : elle a huit pieds de roi de longueur sur quatre de hauteur &  la buche trois pieds & demi entre les deux coupes.

La corde de Lorraine est également à celle de Metz pour les longueur & hauteur, mais la buche a quatre pieds de longueur entre les deux coupes.

L’aune de Metz contient 24 pouces 11 lignes 3/7 mesure de roi ; ainsi une aune 3/4 de Metz est égale à l’aune de Paris &  sept aunes de Metz font quatre aunes de Paris.
L’aune de Lorraine contient 22 pouces 11 lignes mesure de roi ; ainsi une aune 7/8 de Lorraine fait l’aune de Paris &  15 aunes de Lorraine sont égales à 8 aunes de Paris.
Les autres mesures sont égales à celles de Paris.

La ville de Metz s’est toujours maintenue dans un état très-florissant, malgré toutes les guerres qu’elle a soutenues &  les révolutions qu’elle a essuyées.

En 1552 Henri II, roi de France, lorsqu’il marchait à la tête de son armée pour aller donner du secours aux princes d’Allemagne contre l’empereur, passa par Metz avec son armée, mit cette ville sous sa protection &  y établit un gouverneur. La même année l’empereur Charles-Quint vint pour assiéger cette ville avec une armée de deux cents mille hommes, mais il fut repoussé par le duc de Guise, quoiqu’il y fit tirer plus de dix-sept mille huit cents coups de canons.

Metz a constamment joui de ses anciennes prérogatives jusqu’à la paix de Câteau-Cambrésis &  cette ville est demeurée sous la protection de la France, qui n’y avoit qu’un gouverneur jusqu’en 1648, où le traité de Munster réunit définitivement les villes de Metz, Toul & Verdun à la couronne de France.

L’article LXVII de ce traité porte que la souveraine puissance sur les villes & évêchés de Metz, Toul & Verdun &  leurs détroits, nommément sur Moyenvic, appartiendra désormais à la couronne de France &  lui sera incorporée à perpétuité & irrévocablement, en la même façon que jusqu’à présent elle avoit appartenu à l’empire Romain, conservant le droit métropolitain de l’archevêché de Trèves.

En 1744, le roi Louis XV étant parti de la Flandre pour aller au secours de l’Alsace qui était menacée par les Impériaux, sa majesté passa par Metz, où elle fut reçue le 4 août avec les démonstrations de la joie la plus vive. Quelques jours après son arrivée il lui survint une maladie qui mit le roi en grand danger &  l’obligea de rester en cette ville jusqu’au 29 septembre suivant.

Ce malheureux événement fut cause que la reine, M. le Dauphin &  toute la famille royale se rendirent en cette ville, ainsi que les princes & princesses du sang, les grands & les ministres du royaume, avec les ambassadeurs des cours étrangères.

Le premier Te Deum pour la convalescence du roi fut chanté à la cathédrale le 20 août &  toute la cour y assista. Ce fut le même jour, époque mémorable de l’attachement des Messins envers leur roi, que M. l’abbé Josset, chanoine de la cathédrale de Metz, dans un discours qu’il fit en présence de la reine, de M. le Dauphin & de toute la famille royale, donna au meilleur des rois le juste titre de Louis le bien-aimé, que l’amour de ses sujets lui a conservé depuis.

« Non, jamais prince ne fut plus sincèrement regretté, plus amèrement pleuré &  plus ardemment demandé ; & si l’histoire lui donne un jour quelque titre, quel titre mieux mérité, plus justement acquis &  qui fasse plus d’honneur à un roi, que celui de Louis le bien-aimé ».

Parmi les hommes illustres auxquels la ville de Metz a donné naissance, on remarque les suivants : David Ancillon, savant ministre protestant, mort à Berlin l’un 1692 ; Paul Ferry, aussi ministre protestant, qui s’acquit tant de réputation par ses sermons & ses écrits, mort l’an 1669 ; Abraham Fabert, maréchal de France, plein de mérite, de probité & de modestie, mort l’an 1662 ; Jacob le Duchat, écrivain plein d’érudition, mort à Berlin l’an 1735 ; Anutius Foès, fameux docteur en médecine, mort l’an 1595 ; Jean-François Baltus, Jésuite, mort en 1743 ; Sébastien le Clerc, excellent graveur, mort en 1637.

M. Baumé, apothicaire de Paris, dans un voyage qu’il a fait en Lorraine en 1767, a découvert aux environs de Metz une carrière de marbre dans une chaîne de montagnes, s’étendant d’une part du côté de S. Avold &  de l’autre faisant partie de la côte de Delme, passant par Château-Salins &  finissant au pied du monastère de Salival, près Moyenvic. Il y a beaucoup de blocs de cette carrière hors de terre à Vazucremont. Les fortes communes dans cette carrière sont du marbre blanc, du rouge tiqueté comme le porphire, du rouge veiné, du gris clair, du noir, du vert mélangé. M. Baumé a fait travailler des échantillons de chacun de ces marbres : ils ont été trouvés très durs, d’un grain fin & fort compact, susceptible d’un poli brillant.

Le désir que j’ai de mettre dans cet ouvrage toute l’exactitude possible, m’a fait prendre toutes les mesures qui ont pu dépendre de moi. Par rapport à la ville de Metz & ses dépendances, j’avais envoyé l’article à la société royale de cette ville &  je l’avais prié de me donner les éclaircissements et  les suppléments qui pouvaient y être nécessaires. M. Stemer, auteur du journal de Metz, qui s’est trouvé saisi, je ne sais comment, de mon manuscrit, a prétendu que ce n’était qu’une copie littérale de son journal &  a empêché la société royale d’en prendre une connoissance suffisante, parce qu’elle s’en est tenue à son rapport. J’invite le public à comparer cet article avec le journal &  à juger : j’avoue que j’en ai tiré des secours, car un ouvrage comme celui-ci ne se fait pas autrement.

Tome IV, page 428

 

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Avertissement : le français du 18e avait coutume d'éliminer le t final d'un mot quand il était mis au pluriel. Exemple : un enfant, des enfans; un habitant, des habitans, etc...

Pour faciliter la lecture il était  préférable de les retranscrire avec leur orthographe moderne. Au risque de trahir l'auteur, nous l'avons fait. Idem pour le verne la 3e personne du singulier ou pluriel de l'imparfait et du conditionnel il étoit, il resoit...)

 

 

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6 novembre 2008 4 06 /11 /novembre /2008 10:26

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 On fixe l’époque de l’érection de l’évêché de Metz à la fin du sixième siècle, où S. Clément vint annoncer la foi de Jésus-Christ au peuple payen qui occupoit alors cette partie des Gaules. Le prélat qui occupe aujourd’hui ce siège est le 95 depuis S. Clément.

 

Metz 030 Ste Glossinde

 

L’évêché de Metz a presque toujours été rempli par des prélats d’une grande naissance, qui ont beaucoup contribué à sa grandeur & à sa puissance, par leur crédit, leur autorité & par les biens immenses qu’ils ont donnés à leur église. Les évêques de Metz, Toul & Verdun sont suffrans de l’électeur de Trèves &  en cette qualité princes du S. Empire. Ils n’assistent pas aux assemblées du clergé de France &  ils n’ont aucune part à son gouvernement temporel.

Le pape Alexandre VII accorda au roi Louis XIV, en 1664, un indult pour nommer aux évêchés de Metz, Toul & Verdun, tant que ce monarque vivroit & Clément IX en donna un autre ampliatif & perpétuel le 24 mars 1668, pour accorder le privilège de nommer non seulement à ces trois évêchés, mais encore à toutes sortes de bénéfices situés dans ces diocèses. C’est en vertu de ces indults que le roi nomme aujourd’hui, non-seulement à ces trois évêchés, mais encore aux abbayes & prieurés ci-devant électifs qu’ils renferment, ainsi qu’à tous autres bénéfices séculiers, anonicats, prévendes, dignités, même aux plus grandes après les pontificales, dans les églises cathédrales ; & aux principales dans les collégiales, quoique jusqu’alors, dit Clément IX, ils ont été accoutumés d’y pourvoir par élection, ou par quelqu’autre moyen que ce fût.

L’indult de Clément IX comprend encore les personnats, les administrations & offices, aussi bien que les bénéfices réguliers, les monastères consistoriaux &  les prieurés conventuels : les commanderies, excepté celles de Malthe ; les prévôtés &  les officies non claustaux. Enfin le pape céda aux rois de France à perpétuité, non seulement la nomination aux prélatures, soit séculières, soit régulières des trois évêchés de Metz, Toul & Verdun, jusqu’alors électifs ; mais encore à tous bénéfices, excepté les seules cures, vicaireries perpétuelles &  autres ayant charge dîmes, auxquels le pape avoit auparavant droit de nommer, lorsqu’ils vaquoient dans les ois réservés au saint siège.
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Le diocèse de Metz est borné au couchant & au midi par celui de Toul, au levant par l’évêché de Strasbourg ; au levant d’été & au septentrion par l’électorat de Trèves. Il est très étendu & renferme le pays Messin, une partie de la Lorraine, la Lorraine Allemande, la province de la Sarre, Thionville, Vic, la partie de la ville de Pont-à-Mousson qui est au couchant de la Mozelle &  plusieurs souverainetés des princes de l’Empire, qui en étaient autrefois mouvantes : en tout 623 paroisses, dont environ 300 sont occupées par des Luthériens.

Toutes ces paroisses sont divisées en 21 archiprêtrés, compris sous quatre archidiaconés ; savoir, le grand archidiaconé, l’archidiaconé de Marsal, celui de Vic &  celui de Sarrebourg.

Le grand archidiaconé comprend les archiprêtrés de Metz, du Val de Metz & de Noizeville.
Sous l’archidiaconé de Marsal sont les archiprêtrés de Marsal, Morhange, Rombas, S. Avold, Varize, Thionville, Raydange & Haboudange.

De l’archidiaconé de Vic dépendent les archiprêtrés de Delme, Gorze, Nomeny, Mousson, Hatrize.

L’archidiaconé de Sarrebourg comprend les archiprêtrés de Sarrebourg, Boucquenome, Vergaville, Sainte  Arnoald, Hornbach.

Outre les 623 paroisses, le diocèse de Metz renferme 11 abbayes d’hommes, 5 de filles, 9 chapitres &  un grand nombre de couvents & de communautés.

L’évêché de Metz vaut près de 200000 livres à son prélat, qui paie 6000 florins à la cour de Rome, lorsqu’il en obtient ses provisions.

L’évêque de Metz est prince du S. Empire ; l’on bat au champ pour lui, lorsqu’il passe devant un corps-de-garde.

L’officialité de Metz est composée d’un grand-vicaire, official, d’un vice-gérent, d’un promoteur & d’un greffier.

Il y a plusieurs chambres ecclésiastiques établies pour l’imposition de toutes les taxes sur les bénéfices du diocèse. L’évêque de Metz en est président né : on y juge toutes les causes en première instance &  les appels se portent directement au conseil.
Il y a, outre ces tribunaux, un bureau d’économats &  régie des biens des religionnaires fugitifs ; un greffe & contrôle des biens de main morte pour les communautés.

 

Metz 130 Vitrail Vitrail du réfectoire des séminaristes du Grand séminaire de Metz 8 juillet 2010 - Date ?


L’église cathédrale de la ville de Metz, dédiée à Saint Etienne, peut être regardée comme un des plus beaux édifices gotiques que nous avons en France. Sa nef est remarquable par sa grande élévation & par sa délicatesse : elle a été achevée en 1480 &  tout l’édifice fut achevé tel qu’on le voit aujourd’hui, en 1519, par les soins des chanoines du chapitre. Le jubé qui sépare le chœur du reste de l’église, ne fut achevé qu’en 1521 &  les stales du chœur furent finies en 1522 : elles ont coûté 2025 francs, monnoie de Metz. Toute l’église a 373 pieds de longueur &  la nef 133 pieds de hauteur sur 50 de largeur ; les bas-côtés n’ont que 44 pieds de hauteur sur 22 pieds 2 pouces de largeur ;

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au lieu de toiture ils sont couverts d’une plateforme en pierres de taille. Tout l’édifice est soutenu sur 34 piliers de figure ronde, de 9 pieds de diamètre. Leur architecture, quoique gothique, est belle, délicate & hardie. La voûte du chœur forme une étoile à huit rayons &  passe pour un morceau des plus hardis. Cette église est percée à jour par deux rangs de fenêtres l’une sur l’autre, sans compter les fenêtres des bas-côtés. Les peintures des vitrages méritent l’attention des connoisseurs curieux. Le vitrage qui donne sur le palais épiscopal, forme une rose très-remarquable par sa grandeur & sa délicatesse.
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Des deux tours de cette église, il n’y en a qu’une d’achevée, l’autre n’est qu’en bois depuis la couverture de l’église.

Celle qui est finie est sculptée & percée à jour : elle a été achevée aux frais de la ville en 1381. Cette tour a 373 pieds de haut depuis le rez-de-chaussée jusqu’au bout de la flèche : elle renferme une grosse cloche nommée mutte, de 7 pieds de hauteur sur 21 de circonférence &  qui pèse 26 milliers.

 

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Le béfroi qui est établi sur la plateforme au-dessus de la mutte, est chargé de sonner la répétition de l’horloge &  d’avertir lorsqu’il aperçoit des incendies dans la ville. Cet avertissement se donne par le nombre de coups de cloche convenus pour chaque paroisse. Lorsque l’incendie devient considérable, le béfroi est obligé de tinter la mutte ; ce qui est le signal pour battre la générale &  engager tous les bourgeois à porter du secours.
On tinte aussi cette cloche tous les soirs à six heures, pour souhaiter le bon soir au roi & à la famille royale ; on la sonne en volée lors de la naissance des enfans de France, à la rentrée des semestres du parlement, lors des processions générales & Te Deum &  au renouvellement des magistrats de la ville.


La sentinelle du roi établie à la tour de Mutte &  nommée par le gouverneur de la place, est chargée d’avertir des partis qui courent aux environs de la ville de Metz pendant la guerre.
L’autre tour, communément nommée le clocher de bois, est à l’entretien du chapitre de la cathédrale ; outre plusieurs cloches remarquables, elle en renferme une grosse appelée Marie, sur laquelle sont gravés cinq vers latin.


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On remarque dans cette église, entr’autres ornements, une cuve d’une seule pierre de porphire, de 10 pieds de long sur 4 de large, 2 pieds & demi de hauteur &  un pied d’épaisseur : elle servait autrefois de baignoire à Jules-César. Son usage aujourd’hui est bien différent : elle sert de fonds baptismaux pour les enfans des premiers de la ville &  pour les Juifs convertis ; c’est un des plus rares monuments de porphire qui se voient en Europe.



 

Une chose à remarquer encore, c’est que le jour de Saint Marc & aux Rogations, on porte à la tête de la procession de la cathédrale, un serpent ou dragon aîlé, vulgairement appellé Kraully ou Grouilly. Le peuple crédule est persuadé que cette figure représente un serpent monstrueux que S. Clément trouva à Metz lors de son arrivée : il débite que cette bête dévoroit tous les jours une jeune & belle fille, mais que ce saint pasteur jeta une étole au cou de ce monstre &  le précipita dans la Seille. Voilà la fable que le peuple fit sur ce serpent, au lieu de croire que c’est une figure allégorique qui marque le triomphe de la religion catholique en cette ville, encore plongée dans l’idolâtrie, lorsque S. Clément, son premier évêque, y vint annoncer la foi de Jesus-Christ.

 

Graoully


Les maire & gens de justice du village de Woipy, dont le chapitre de la cathédrale est seigneur, sont chargés de porter cette figure, faite en relief de toile remplie de foin &  haute de 12 pieds : ils ont pour rétribution un petit pain d’une demi livre, de chaque boutique de boulanger qui se trouve dans les rues & places où passent ces processions.


Le chapitre de la cathédrale est composé d’un princier, d’un grand doyen, d’un grand chantre, d’un chancelier, d’un trésorier, d’un écolâtre, d’un grand aumônier, d’un grand archidiacre, de trois autres archidiacres, d’un ancien archidiacre &  de 30 chanoines, dont trois sont honoraires.

Le bas-chœur est composé de deux sémi-prébendés, de deux sous-chantres, de deux sacristains, d’un maître de musique, de huit enfants de chœur, de 14 chantres & musiciens laïcs &  de quatre vergers.

Les sept premières dignités & les canonicats sont à la nomination du roi pendant les six premiers mois de l’année &  pendant les six autres ces places sont à la nomination du chapître ; les archidiaconés sont à la nomination de l’évêque.

Outre le chapître de la cathédrale, on compte dans la ville de Metz trois collégiales  une chapelle, quatre abbayes royales d’hommes &  trois abbayes royales de filles ; quinze paroisses, onze couvents & communautés d’hommes, deux séminaires ; deux collèges ; une société royale des sciences & des arts ; les écoles chrétiennes ; onze monastères ou couvents de filles &  quatre hôpitaux, sans compter l’hôpital royal militaire de la ville neuve, dont nous avons déjà parlé.

Les collégiales sont S. Sauveur, S. Thibault &  Saint Pierre-le-Grand, ou aux Images.
La collégiale de S. Sauveur commença à être fondée en 879, par Walla, évêque de Metz, mais cette fondation ne fut achevée que vers le milieu du onzième siècle, par Adalberon III, évêque de Metz. Cette collégiale fut transférée de la citadelle dans la ville en 1565. Les ossements des deux fondateurs furent alors tirés de terre &  mis dans une châsse qui est placée à la droite du chœur de l’église S. Sauveur. Le corps d’Adalberon fut, dit-on, trouvé enveloppé d’une châpe faite à l’antique, de soie violette foncée &  entièrement conservée. Le chanoine officiant se sert encore de cet ornement le 13 novembre, jour de l’anniversaire de cet évêque. Le chapitre de cette collégiale est composé d’un prévôt, d’un doyen & de dix chanoines. Deux chantres prêtres, deux chantres laïcs, deux enfans de chœur & un verger composent le bas-chœur.

La collégiale de N. D. de S. Thibault, a été fondée en 1159, par deux pieux ecclésiastiques de cette ville. Son chapitre est composé d’un prévôt, d’un doyen & de dix chanoines. Il y a six chantres laïcs pour le bas-chœur.

La collégiale de S. Pierre-le-Grand ou aux Images, a été fondée en 359, par S. Goéric, évêque de Metz. Son chapitre est composé d’un prévôt & de quatre chanoines. Cette collégiale ne subsiste plus que quant aux revenus &  le prévôt nomme dans tous les temps aux bénéfices vacans.

Le chapelle de S. Rainette, a été fondée par le chapitre de la cathédrale de Metz pour treize pauvres clercs. Les prébendes sont à la collation du grand aumônier de la cathédrale.

Les abbayes royales d’hommes sont S. Clément, S. Arnould, S. Symphorien & S. Vincent.
L’abbaye royale de S. Clément n’était d’abord qu’une chapelle, bâtie par ce saint prélat hors des murs de la ville, sous l’invocation de S. Pierre-aux-champs. Hériman, évêque de Metz, réunit cette chapelle à l’abbaye e S. Félix, en y transférant en 1090 le corps de S. Clément, dont cette abbaye porte depuis le nom. Ce monastère, après avoir été ruiné & rebâti, fut enfin réédifié en 1686, dans l’emplacement où il est aujourd’hui &  que le roi abandonna à ses religieux. L’abbaye de S. Clément est en commence &  de l’ordre de S. Benoît : elle vaut 9000 livres à son abbé, qui paie 120 florins à la cour de Rome pour en obtenir ses provisions.

L’abbaye royale de S. Arnould, a été fondée au commencement du troisième siècle, par S. Patient, quatrième évêque de Metz, hors des murs & au midi de cette ville. Après avoir essuyé différentes révolutions, elle fut transférée en cette ville l’an 1552, dans l’église des PP. Prêcheurs, qui lui avoit été accordée par le duc de Guise. Cette abbaye est de l’ordre de S. Benoît &  en commende : elle vaut 20000 livres ou environ de rente à son abbé, qui paie 1400 florins à la cour de Rome pour ses bulles.

L’abbaye royale de S. Symphorien, a été fondée en 612, sous l’invocation des Saints Innocents, par S. Papolle, évêque de Metz. Elle était d’abord hors des murs de la ville ; mais ayant été ruinée, elle y fut transférée en 1453. Cette abbaye est de l’ordre de S. Benoit &  en commende : elle vaut 15000 livres ou environ à son abbé, qui paie 620 florins à la cour de Rome pour ses bulles.

L’abbaye royale de S. Vincent, a été fondée en 968, par Thierry I, évêque de Metz, qui la dota de ses biens : elle est la seule de la ville qui n’ait pas été déplacée depuis sa fondation. Cette abbaye est de l’ordre de S. Benoît &  en commende : elle vaut 25000 livres ou environ de rente à son abbé : cependant la taxe en cour de Rome n’est que de 400 florins. La manse abbatiale est aux économats depuis 1761. On vient d’orner cette église d’un très beau portail, remarquable par son élévation & la beauté de son architecture.

Les abbayes royales de filles sont, Sainte Glossinde, Saint Pierre & Sainte Marie.
L’abbaye royale de Sainte Glossinde a été fondée en 590, par Sainte Glossinde, fille de Vintron, comte de Champagne : elle la gouverna pendant six ans &  y décéda le 25 juillet 596, âgée de 30 ans. Son corps fut inhumé dans l’église aujourd’hui S. Arnould &  fut transféré 25 ans après dans l’abbaye de son nom. Cette abbaye est régulière depuis 1680. On exige des preuves de noblesse pour y être admis : elle est de l’ordre de S. Benoît &  vaut 30000 livres à son abbesse. Madame de Hoffmann, ancienne abbesse, fit construire une nouvelle église en 1557, qui est très-remarquable par les ornemetns qui la décorent en dedans : on admire surtout le chœur & le grillage de fer qui le sépare du reste de l’église.
Metz-26-9-03-cathedrale-9.JPGPlace d'Armes

Adalberon III, évêque de Metz, établit une confraternité de prières entre les chapitres de la cathédrale, ceux de S. Sauveur & S. Thibault, les quatre abbayes de Bénédictins, é& celles de Sainte Marie & de S. Pierre. Celle de Sainte Glossinde y participoit avant sa clôture.
Les paroisses de la ville de Metz sont, Sainte Ségolène, S. Eukaire, S. Marcel, Sainte Croix, S. Jean-S. Vic, dans la citadelle ; S. Simplice, S. Maximin, S. Victor, paroisse royale ; S. Livier, S. Etienne, S. Simon, à la ville neuve ; S. Gengoulf ; S. Martin, S. Gorgon &  S. George.

Sainte Ségolène se donne alternativement au concours &  par le chapitre de la cathédrale.

 

Ste Ségolène Metz 7dec07


S. Eukaire, de même.

S. Marcel est à la nomination de l’abbé de S. Vincent.

Sainte Croix, à celle du chapitre de S. Thibault.

Le curé de S. Jean-S.Vic est mis en possession par brevet du roi, comme aumônier de la place.

S. Simplice est donné au concours.

S. Maximin est à la nomination du chapitre de la cathédrale.

La cure royale de S. Victor est donnée alternativement au concours &  par le chapitre de la cathédrale.

S. Livier et à la collation de l’abbé de S. Clément : cependant elle se donne aussi quelquefois au concours.

S. Etienne est alternativement donnée au concours &  par le chapitre de la cathédrale.


La cure de S. Simon, à la ville neuve, est pourvue par le général de la congrégation de S. Sauveur, qui nomme en tout temps un de ses confrères pour desservir cette paroisse.
S. Gengoulf est à la collation de l’abbesse de sainte Glossinde.

La cure de S. Martin est élective &  cette élection se fait dans une assemblée des administrateurs de l’hôpital de S. Nicolas, à laquelle préside l’évêque de Metz, ou quelqu’un en son nom. Le curé de cette paroisse est en même temps pourvu d’un prébende de la collégiale de S. Thibault.

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Jardin de St Martin

 

S. Gorgon est à la collation du prévôt du chapitre de S. Pierre aux Images.

S. George est à la nomination du chapitre de S. Thibault.

Les couvents & communautés d’hommes de cette ville sont les chanoines réguliers de S. Augustin, de la congrégation de S. Antoine, les chanoines réguliers de la Trinité, les chanoines réguliers de S. Augustin, de la congrégation de S. Sauveur, les Augustins, les Capucins, les grands Carmes, les petits Carmes, les Célestins, les Jacobins, les Minimes & les Récollets.

Les chanoines réguliers de S. Augustin, de la congrégation de S. Antoine, furent établis dans la ville de Metz dans le douzième siècle ; mais ce n’est que depuis 1670 &  après plusieurs révolutions, qu’ils ont eu l’emplacement qu’ils occupent aujourd’hui à la place Cocotte.

Les chanoines réguliers de la Trinité s’établirent à Metz en 1258 ; mais ce n’est que depuis 1561 qu’ils sont fixés dans l’emplacement qu’ils occupent aujourd’hui &  leur église, telle qu’on la voit maintenant, a été rebâtie pour la seconde fois & achevés en 1720. Le corps de logis ne fut achevé qe quelques années après. Cette maison, depuis son établissement en cette ville, a été gouvernée par 23 supérieurs qui portent le titre de Ministre.

Les chanoines réguliers de S. Augustin, de la congrégation de S. Sauveur, furent établis en la ville neuve en 1735. Ils y desservent la paroisse de S. Simon, tiennent un collège érigé en 1755, sous le titre de collège royal de S. Louis &  prennent des pensionnaires.
Le roi les a fondés par lettres patentes de la même année 1755, pour enseigner, loger & nourrir à perpétuité douze jeunes gentilshommes, dont six deroient successivement à la nomination &  les six autres devoient être à celle du roi de Pologne, duc de Lorraine & de Bar, mort le 23 février 1766. Sa majesté a consenti à cet effet que le titre de l’abbate de S. Pierremont en Lorraine fut supprimé à perpétuité &  a ordonné que le collège royal de S. Louis jouiroit de tous les biens & revenus dont jouissoient les Abbés de S. Pierremont. C’est le prieur qui est principal du collège.

Les Augustins ont été établis en cette ville en 1255. Ils ont remplacé les Templiers dans une petite chapelle qui étoit sur le terrein de Sainte Glossinde, où ils sont aujourd’hui : ces religieux occupent un grand terrain &  leur couvent est fort bien bâti.

M. Fournier, princier de la cathédrale, sacré sous le titre d’évêque Basilitain, suffragant & vicaire général de l’évêché de Metz, établit les Capucins en cette ville en 1602. Leur maison est assez belle ; l’église a été réédifiée en 1724. Il y a une confrérie de N.D. des agonisans, dans laquelle la reine, monseigneur le Dauphin & Mesdames se sont faits inscrire, lors de la maladie du roi en 1744.

L’établissement des grands Carmes en cette ville est fixée en 1275. C’est la seconde communauté qui se soit établie en France, depuis que S. Louis y amena ces religieux de la terre sainte.

Les petits Carmes furent établis en 1644, par permission de M. Meurifle, évêque de Madaure, suffragant de l’évêché de Metz &  avec celle du maréchal Schomberg, gouverneur de cette ville.

La maison des Célestins fut fondée en 1370, par Bertrand le Hongre, riche bourgeois de cette ville.

Les Jacobins ou Dominicains sont à Metz depuis 1221. Ils occupoient d’abord l’emplacement de l’abbaye Saint Arnould ; mais en 1552 ils furent obligés de se retirer dans la chapelle voisine qu’ils occupent aujourd’hui, pour faire place aux Bénédictins de S. Arnould. Ces religieux professent la théologie.

Les Minimes furent établis en cette ville en 1602, par le cardinal de Guise, évêque de Metz, Henri IV confirma cet établissement en 1605 &  le cardinal de Givry, évêque de Metz, unit à ce couvent, en 1610, quatre chapelles épiscopales.

Les Récollets furent introduits en cette ville dans l’ancien couvent des Cordeliers, le 18 octobre 1602, sous la protection de Henri IV & é par la faveur de M. le duc d’Epernon, gouverneur de Metz.

Les deux séminaires de la ville de Metz sont celui de Sainte Anne ou de la Mission &  le séminaire de Saint Simon.

Le séminaire Sainte Anne a été fondé en 1660, par Anne d’Autriche, reine de France & mère de Louis XIV. Ce séminaire est dirigé par les prêtres de la Mission.


Metz rue de la Fontaine face St Nicolas hôtel d'Heu On y prend des pensionnaires, outre les vingt-deux sujets qui peuvent y remplir des places gratuites. Les bâtimens sont gothiques & très-anciens. Ils sont fort reserrés &  ont peu d’air.
Le séminaire de S. Simon a été fondé par M. de Coislin, Evêque de Metz &  bâti en 1746, sous l’épiscopat de M. de Sain-Simon, successeur de M. de Coislin. Il est dirigé par les prêtres de la Mission depuis 1762, année de la mort de M. de S. Simon. Cette maison est grande, en bon air &  fort bien bâti : elle peut être regardée comme un des plus beaux séminaires de France. Le nombre des séminaristes est ordinairement de 120 ou environ &  près de 50 y ont des places gratis.


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Les deux collèges de Metz sont, le collège de la ville & le collège royal de S. Louis ; il y a outre cela plusieurs pensions où l’on enseigne le latin &  quelques communautés de religieux où l’on admet un certain nombre de jeunes gens, pour leur apprendre le commencement des humanités : tels sont les abbayes de S. Vincent & de S. Arnould.
Le collège royal de S. Louis est, comme nous l’avons dit plus haut, dirigé par les chanoines réguliers de Saint Augustin, de la congrégation de S. Sauveur.

La Société royale des arts & des sciences de la ville de Metz, a été établie par lettres patentes de sa majesté, données à Versailles au mois de juillet 1760 &  fondée par M. le maréchal de Belle-Isle, gouverneur de Metz.

Cette société est composée d’académiciens nés, d’académiciens honoraires, d’académiciens titulaires, d’associés libres 2 correspondans &  d’aggrégés ; Elle se propose de consacrer ses veilles et ses recherches au soulagement & au bonheur des citoyens, en enseignant la manière de défricher les terres incultes, de mettre en valeur celles qui n’y sont pas, d’améliorer celles qui sont d’un petit rapport &  de tirer des bonnes ce qu’on en peut attendre : elle a encore pour objet l’histoire militaire, civile, topographique, numismatique & naturelle de la province ; la connoissance générale & particulière du climat & du sol de cette même province, l’examen & la fouille des terres pour découvrir & apprécier les mines, les fossiles &  surtout les bancs de sel qu’on croit devoir se trouver dans les côteaux qui bordent la rivière de Seille ; l’amélioration de l’espèce des bestiaux du pays ; le perfectionnement des manufactures & des arts méchaniques ; l’étude de la physique expérimentale, de la botanique, en un mot de tout ce qui peut contribuer à la conservation de l’espèce humaine &  à la perfection des arts & des sciences.

M. le maréchal duc de Belle-Isle a doté cette académie de 60000 livres, pour la mettre en état de subvenir aux dépenses indispensables, de distribuer des jetons destinés à maintenir l’assiduité &  de délivrer chaque année à l’auteur qui a le mieux traité le sujet indique par la société, une médaille d’or de la valeur de 400 livres, ayant d’un côté l’effigie du fondateur &  au revers la devise de la société ; savoir les trois génies de l’agriculture, de l’architecture civile & militaire, qui confèrent debout entr’eux : avec la légende, utilitati publicae.

Les écoles chrétiennes sont établies dans la ville de Metz depuis 1747, temps où les frères des écoles chrétiennes y furent introduits par M. de S. Simon, évêque ; ils y ont été maintenus par M. de Montmorenci-Laval, son successeur.

Les monastères & communautés de filles de la ville de Metz sont l’Ave Maria, les Carmélites, Sainte Claire, la Congrégation, la Doctrine chrétienne, la Magdelaine, les Prêcheresses, la Propagation de la foi, le Refuge, la Visitation & les Ursulines.

Le couvent des religieuses de l’Ave Maria, dites Sœurs Collettes, fut fondé en 1482, par Nicolle Geoffroi, nièce du cardinal d’Alby &  épouse de Virier-Louve, échevin de Metz : ces religieuses sont de l’ordre de Sainte Claire &  suivent la réforme de la bienheureuse Collette. Leur église est desservie par un Cordelier. La supérieure de cette maison prend le titre d’abbesse.

Les Carmélites furent établies à Metz en 1623, par Henri de Bourbon, évêque de Metz, à la prière du duc de la Valette, gouverneur de cette ville &  de la duchesse de la Valette sa femme. Leur supérieure prend aussi le titre d’abbesse.

Les religieuses de l’ordre de Sainte Claire ont commencé à s’établir en 1249, sous le pontificat d’Alexandre IV &  quatre ans avant la mort de Ste Claire. Mais ce ne fut qu’en 1258 qu’Agnès de Vallis, leur première abbesse, fit construire la maison qu’elles occupent aujourd’hui sur le terrein dit de Tomboy. Cette fondation, fut confirmée par une bulle du pape Alexandre, adressée à Jacques de Lorraine, évêque de Metz, qui contribua beaucoup à faire achever l’église, qu’il dédia à S. Côme & à S. Damien. Ces religieuses suivent les mitigations qui leur ont été accordées en 1264 par Urbain IV. Elles sont dans l’usage d’élire leur supérieure, qui prendre le titre d’abbesse, pour trois ans seulement. Leur église est desservie par un Cordelier.

Les religieuses de la Congrégation de Notre-Dame s’établirent à Metz le 23 avril 1623. Elles suivent la règle de S. Augustin, sous les constitutions du bienheureux père Fourier, leur instituteur. En 1717 elles ont fait bâtir une église qui est assez jolie. Ces religieuses enseignent les jeunes filles &  prennent des pensionnaires.

La Doctrine chrétienne a été fondée en 1712, par Pierre Goize, chanoine & coûtre de la cathédrale de Metz. Cet établissement a pour objet l’éducation de jeunes personnes du sexe &  l’enseignement gratuit des pauvres filles. On y prend des pensionnaires.

La Magdelaine est une abbaye de chanoinesses régulières, établies en cette ville depuis 1400 : elles suivent la règle de S. Augustin. On y prend des pensionnaires.

Les Prêcheresses sont des religieuses de l’ordre de S. Dominique, établies à Metz en 1270.

Les filles de la Propagation furent établies en 1617, pour l’instruction des femmes & filles de la religion prétendue réformée &  la conversion de celles nées dans la religion Juive. Elles prennent des pensionnaires  &  tiennent des écoles publiques.

La maison du Refuge de S. Charles fut fondée en 1703, par M. le duc de Coislin, évêque de Metz. Cet établissement est destiné à servir de refuge aux personnes du sexe qui ont été débauchées. On y prend aussi des pensionnaires qui occupent un quartier séparé.
Les religieuses de la Visitation, fondées par S. François de Salles, furent établies à Metz en 1633. Elles prennent des pensionnaires.
Metz 26-9-03 place st nicolasSaint-Nicolas à la sortie de la rue de la Fontaine


Les Ursulines sont à Metz depuis 1649 ; elles prennent des pensionnaires &  tiennent une école publique.

A une demi lieue au midi de Metz, au midi de Montigny, est le monastère de S. Antoine de Padoue, occupé par des religieuses de l’ordre de S. Benoît. Cette abbaye a été fondée en 1635, par Meurisse, évêque de Madaure.

Les hôpitaux de la ville de Metz sont, l’hôpital militaire, établi à la ville-neuve &  dont nous avons déjà fait mention ; ceux de S. Nicolas, de S. Georges, de Bon-secours &  de la Charité des bouillons.


L’hôpital S. Nicolas a été fondé vers la fin du dixième siècle par les maîtres-échevins, comptes & paraiges de cette ville. En 1222, Conrard de Scarfenech, chancelier de l’empire, légat du saint siège, évêque de Metz & de Spire, ordonna, du consentement du clergé & des bourgeois de la ville, que tous ceux qui mourroient dans la ville de Metz, sans aucune exception, donneroient à cette maison le meilleur ornement des habits qu’ils auroient au jour de leur décès ; ai …, de laquelle donation l’hôpital seroit chargé de recevoir tous les pauvres de cette ville &  d’entretenir les ponts qui seroient sur les rivières qui la traversent ; ce qui a été renouvelé en 1349, par un statut établi entre les corps &é communautés de la ville, confirmé de temps en temps par des jugemens souverains, suivis même d’exécution par différens arrêts du parlement, notamment par ceux des 10 juillet & 30 août 1684, du 4 juin de 1635 &  du 12 juin de 1636, de sorte que toutes personnes, de quelque qualité, condition & sexe qu’elles soient, domiciliées ou non, sont obligées de donner ; avoir un ecclésiastique, robe, soutane & bonnet ; un séculier, manteau, pourpoint & chapeau ; & une femme ou une fille au-dessus de neuf ans, robe, jupe & coëffure, ou la juste valeur des meilleurs habits, dont les parens, héritiers & hôres (hoirs) des décédés sont obligés de se saisir, en avertissant les officiers de l’hôpital &  de les délivrer au plus tard huit jours après le décès, à peine de vingt livres d’amende, ou autres sommes portées par le statut.

 


Metz rue de la Fontaine face St Nicolas Cet hôpital a sa jurisdiction particulière pour l’intérieur de son enclos. Ce tribunal connoît de tous les droits dûs à cette maison, de ses fermes & seigneuries qui tombent en ariérages, de même que des cens, lorsqu’il n’y a point de créanciers tiers intéressés &  peut rendre même des sentences de mort, sauf l’appel au parlement. Pour ce qui concerne les débiteurs par contrats ou obligations, ce tribunal a droit de les traduire aux requêtes du palais.

Cette maison est desservie par des sœurs de la charité, sous la direction des magistrats de la ville. On y reçoit, loge, nourrit & entretient tous les pauvres de l’un & de l’autre sèxe, tant de cette ville que du pays Messin : on y prend soin aussi des enfans trouvés. Il y a différens quartiers pour les personnes des différens âges & sexes &  un quartier séparé pour les fous & furieux.

L’hôpital S. Georges a été construit en 1682 par les bienfaits & sous les ordres d’Aubusson de la Feuillade, évêque de Metz, pour le soulagement des pauvres, tant étrangers que de la ville. Il en confia l’administration aux religieux de la Charité de l’ordre de S. Jean de Dieu. Cette maison renferme 47 lits, sans compter ceux de neuf religieux dotés pour la desservir & l’administrer.

Bon-Secours a été fondé en 1691, par MM Morel & Rollin. M. le duc de Coislin, évêque de Metz, en a depuis augmenté les revenus & les bâtimens. Cet hôpital est desservi par des sœurs de la charité &  destiné pour procurer aux personnes du sexe, dont l’indigence est reconnue, les secours de la charité chrétienne. Il y a 57 lits. Les personnes qui les occupent ne sortent qu’après une parfaite guérison.

 

Metz 197 en quittant St Jacques Ste BlandineL'hôpital Sainte-Blandine a été créé par les Soeurs Franciscaines qui, venues d'Allemagne en 1871 pour soigner les blessés de la guerre dans un hôpital militaire de Metz Sablon, ont pris en charge une institution fondée en 1852 dont l'objet était le placement de jeunes filles démunies et sans travail en qualité de servantes dans les familles de la ville.


La Charité des bouillons est un établissement qui subsiste par les quêtes générales qui se font à Pâques & à Noel dans les paroisses de la ville &  par celles qui se font dans la cathédrale dans le courant de l’année.

Cette maison emploie ces quêtes au secours des pauvres malades pour le pain, le bouillon, la viande & les autres aliments, même les remèdes nécessaires à leur situation, qui doit être constatée par un certificat du curé de la paroisse.

Les premières dames de la ville font ordinairement les fonctions de dames de charité &  s’empressent par leur zèle à procurer à cet établissement les secours nécessaires pour le soulagement des pauvres malades. Cet hôpital a été fondé par la reine en 1662 : il est desservi par les sœurs de la charité &  comme il n’a point de chapelle, il dépend de la paroisse de Sainte Croix, près de laquelle il est situé.

Pour ce qui concerne le gouvernement militaire de la ville de Metz, il n’y a qu’un gouverneur général pour les villes, pays & évêchés de Metz & Verdun ; un lieutenant-général de l’évêché de Metz & pays Messin, commandant dans les évêchés & frontières du Luxembourg ; un lieutenant-de-roi, commandant au gouvernement de Metz, un major & six aide-majors.

L’état-major de la citadelle est composé d’un lieutenant-de-roi commandant, d’un major, d’un aide-major &  d’un adjoint en suivance.

Il y a une compagnie d’archers des bandes à la suite de l’état-major de la ville & de la citadelle. Cette compagnie est composée d’un prévôt, d’un lieutenant par commission du commandant de la ville ; d’un greffier & de douze archers, Les fonctions du prévôt consistent à instruire le procès contre les criminels sujets au conseil de guerre, lorsque la plainte a été présentée & décrétée par le commandant de la place ; le prévôt fait les informations, fait prêter l’interrogatoire à l’accusé, procède aux recollemens & confrontations &  rapport le tout au conseil de guerre. Le greffier écit le sprocédures, assiste aux inventaires des officiers morts &  procède à la vente des effets : il a le sou pour livre de leur valeur. Quant aux fonctions des archers, il s’en doit trouver un tous les jours à la garde & à l’ordre, pour y recevoir les ordres de l’état-major. Cette compagnie s’assemble lors des cérémonies publiques, comme Te Deum & feux de joie &  assiste aux exécutions de ceux qui sont jugés par le conseil de guerre.

Le gouverneur en particulier a une compagnie d’hallebardiers, composée de 24 hommes, commandés par un lieutenant & deux brigadiers. Chacun de ces hallebardiers doit faire le service chez le commandant de la place, pour y recevoir & délivrer tous les jours les clefs des portes de la ville.

Le gouverneur a, outre cette troupe ; une compagnie de 24 gardes à cheval, commandée par un lieutenant, un sous lieutenant & deux brigadiers. Chaque garde de cette compagnie est de service un jour chez le commandant de la place, pour exécuter les ordres & commissions qui lui sont donnés.

Il y a dans la ville un bureau où tous les étrangers qui y entrent sont conduits pour faire leur déclaration ; les bourgeois & aubergistes sont obligés d’y porter les noms de ceux qui viennent demeurer & loger chez eux.

Metz est la résidence du directeur du génie des places de Metz, Toul & Verdun, Marsal & Nancy. Cette ville est aussi la résidence du directeur de l’artillerie au département de Metz, Thionville, Rodemach, Sar-Louis & Verdun ; & celle d’un sous-directeur &  d’un capitaine en premier.

L’école d’artillerie établie à Metz depuis 1720, a son parc d’artillerie dans l’île de Chambrière, au nord de la ville. L’école de pratique se fait les mardis, jeudis & samedis, lorsqu’il y a des troupes d’artillerie en garnison. Les leçons de mathématiques se donnent à l’hôtel de Foës les lundis, mercredis & vendredis.

L’un des régiments du corps royal de l’artillerie, créés en 1766, porte le nom de Metz.
Il y avait aussi à Metz une des cinq équitations ou écoles de cavalerie, établies dans le royaume, par ordonnance du 21 août 1764, pour instruire & exercer les régiments de cavalerie & de dragons, sur des principes d’équitation uniformes & invariables. Cette école était sous la direction d’un officier général des armées du roi. Cette école n’a plus lieu (1767).

La maréchaussée des trois évêchés de Metz, Toul & Verdun, consiste en une compagnie d’un prévôt général, de deux lieutenants, 5 exempts, 3 brigadiers, 6 sous-brigadiers, 56 cavaliers &  un trompette. Metz est le siège de la prévôté générale & de la première lieutenance. Cette dernière est composée du premier lieutenant, d’un assesseur, d’un procureur du roi &  d’un greffier. Les brigades qui dépendent de ce tribunal, sont la brigade de Metz, composée d’un exempt, d’un sous-brigadier, de …

NB : Interférence de la page 484… Manquent les pages 411 & 412.  Pour ce qui concerne les finances, l’intendance de Metz est divisée en onze subdélégations, savoir celles de

Communautés
 
Metz………………………….    252    Montmédy ……….....   73       Vic ………………….          150      
Toul …………………………     68      Longwy ……………         15      Sarrelouis …….........  54      
Verdun …………………......  144    Thionville ………...       153    Phalsbourg ….....….   13      
Sedan ………………………    58     Sarlouis  …….....…       40         


Il y a pour les intendances de Metz & Alsace, deux receveurs généraux & deux contrôleurs généraux des finances. L’intendance de Metz a six recettes particulières, pour chacune desquelles il y a ordinairement deux receveurs particuliers. Les villes où il y a des bureaux de cette, sont Metz, Toul, Verdun, Thionville, Vic & Sedan. Chaque recette particulière comprend deux subdélégations, excepté celle de la ville de Metz qui forme elle seule une recette.

Il y a d’ailleurs pour toute la généralité, c’est-à-dire, pour les intendances de Metz & Alsace, deux receveurs généraux des domaines & bois, deux contrôleurs généraux pour ces mêmes domaines & bois &  un commis à la recette.

Outre ces officiers pour la finance, le roi y aa établi deux trésoriers généraux de l’extraordinaire des guerres ; deux autres pour l’artillerie, le génie & les fortifications ; un trésorier principal de l’extraordinaire des guerres, un trésorier principal pour l’artillerie, le génie & les fortifications.

On paie au bureau du denier le montant des ordonnances concernant les différentes parties du service dont il est chargé pour toutes les places de la généralité de Metz.

On compte encore pour toutes les places dépendantes du gouvernement général de Metz & de Verdun, neuf trésoriers particuliers de l’extraordinaire des guerres.

Il n’y a qu’un seul bureau des finances pour les intendances de Metz & Alsace. Il a été établi en 1661. Ce bureau est composé de deux présidens, d’un chevalier d’honneur, de seize trésoriers de France, de cinq trésoriers honoraires & vétérans, d’un avocat du roi, d’un procureur du roi &  d’un greffier. Les huissiers sont au nombre de cinq.

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6 novembre 2008 4 06 /11 /novembre /2008 10:24

METZ, ancienne, grande & très-forte ville, capitale du pays Messin, gouvernement de place avec une citadelle, le chef-lieu d’un gouvernement général, d’une généralité & d’une recette particulière ; le siège d’un évêché suffragant de Trèves, d’un parlement, d’une chambre des requêtes du palais, d’une chambre des comptes, d’une cour des aides & monnoies, d’une chancellerie, d’un bureau des finances, d’une table de marbre & d’une maîtrise particulière des eaux & forêts, d’une intendance, d’un présidial & d’un bailliage ; d’une chambre de police, d’une prévôté générale & d’une lieutenance de la maréchaussée ; d’un hôtel des monnoies, dont la marque & le caractère distinctif des espèces qui s’y fabriquent sont AA ; d’une jurisdiction des traites & fermes du roi, d’une subdélégation de la commission de Rheims, d’une jurisdiction consulaire, d’une autre pour la marque des fers, d’un hôtel de ville, avec un bureau de la recette du prêt & du droit annuel pour les officiers de judicature, police, finances & autres, sujets aux revenus casuels du roi, dans la généralité de Metz ; avec un bureau pour la recette des domaines & bois & c.

 

Metz citadelle

 

Metz doit être mis au rang des villes du second ordre &  on y compte 36000 habitans, ou environ.

Cette ville est située au confluent de la Seille & de la Mozelle,

 

Capture-Metz-Seille-Moselle.PNG

 

 

partie dans un fond & partie sur une montagne ; à dix lieues vers le septentrion de Toul, à une égale distance au septentrion de Nanci &  au couchant d’hiver de Sar-Louis ; à vingt-sept au levant d’hiver de Bouillon, à vingt-quatre au même point de Sedan, à trente-deux au couchant d’été de Strasbourg, à seize au levant d’hiver de Montmédi, à dix-neuf au couchant d’hiver de Trèves, à cinq au midi de Thionville &  à six au septentrion de Pont-à-Mousson ; à douze au levant de Verdun, à la même distance au levant de Longwy &  au midi de Luxembourg  & à soixante-douze au levant de Paris ; au 23 degré 51 minutes de longitude &  au 49 degré 7 min. de latitude. Route de Paris à Metz, par Pantin, Meaux, La Ferté, Château-Thierry, Dormans, Epernay, Châlons, Notre-Dame de l’Epine, Ove, Sainte-Ménéhould, Clermont, Verdun, Malatour &  de-là à Metz.

 

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La Mozelle environne cette ville au couchant d’été & au septentrion. A une petite distance au-dessus de la ville, sur la gauche de la route de Metz à Paris, une digue de pierres, nommée Wadrineau-et-St-Quentin-METZ-57000-8923-20080217-g7j5v5z4a5.jpgWadrineau, longue de 160 toises, détourne le cours de cette rivière & la partage en deux canaux, dont l’un entre la ville, où il est retenu en différents endroits par des écluses &  l’autre baigne seulement ses murailles. Cette digue a 20 pieds de pente jusqu’au radier &  l’eau de la Mozelle, en passant par-dessus, forme par sa chute dans toute la longueur de la digue une nappe d’eau & une cascade qui font un très-bel effet à la vue. On voit sur la rive gauche de ce bras de rivière & au-dessous de la digue, une promenade publique, vulgairement appelée l’Isle : elle est plantée depuis très-longtemps &  contient cinq allées de 137 pieds d’arbres chacune.

 

Capture-Metz-Wadrinau.PNG

 

La Seille entre dans la ville au midi, à la gauche de la porte Mazelle, après s’être auparavant partagée en deux bras, dont le plus petit baigne les murs des remparts au levant &  y entretient une eau vive. Le bras qui entre dans la ville y est retenu par plusieurs digues & vannes, y fait tourner plusieurs moulins de toutes espèces &  y est d’une grande utilité aux tanneurs. Il entraîne d’ailleurs une bonne partie des immondices de la ville &  va se joindre à la Mozelle, à l’extrémité du retranchement de Guise, vis-à-vis l’ïle Chambrière.

 

Capture-Metz-Seille.PNG

 

Le bras de la Mozelle qui entre dans la ville, n’y est pas moins utile que celui de la Seille. On y passe ces deux bras de rivière sur 13 ponts, dont un ou deux seulement sont de bois : ce sont le pont des Morts, Pontifroit, le pont des Grilles, le pont S. Georges, le pont S. Marcel, le pont du Moyen-pont, le pont Cassaille, le pont Chailly, le pont du Pondé, le pont Moriaux, le pont Malfait, le pont de l’intendance &  le pont de la Comédie. Dans le nombre de ces ponts ne sont pas compris tous les ponts de bois qui sont faits sur les fossés des remparts, avant les portes ou pont-levis.

 

Metz sep2011 Pref DSC02734Moyen-Pont © septembre 2011


On entre dans Metz par sept portes ; savoir, la porte des Allemands, la porte Mazelle, la porte S. Thibault, la porte du pont des Morts, autrement appellée la porte de France, la porte de Thionville, la porte Chambrière &  la porte de Saulcy. Plusieurs de ces portes ou pont-levis sont répétés deux, trois & même quatre fois ; les unes ont une double porte de bois &  les autres plusieurs ponts-levis, suivant les différents ouvrages de fortifications qui les défendent.

 

Metz sep2011 CIMG1046
La description des fortifications de cette ville entraînerait dans un trop long détail ; je dirai seulement que Metz est une des villes de France de la première force &  la première de cette classe après Strasbourg. Ses remparts ont une lieue & demie ou environ de tour.
Cette ville a deux parties, la ville & la ville neuve, autrement appelle le fort de la double couronne de Mozelle.

 

Metz pref sep2011 CIMG1484

 

On commença, en 1728, à bâtir cette dernière partie : elle fut achevée en 1731, sous les ordres & par les soins de M. le maréchal duc de Belle-Isle. Les ouvrages de fortification qui défendent cette partie de la ville du couchant au septentrion, ont près d’un quart de lieue de longueur : ils sont ouverts par des portes, la porte de France, qui communique au pont des Morts,  la porte de Thionville, qui communique au Pontifroy. Ce fort renferme, outre plusieurs maisons de particuliers, la paroisse de S. Simon, desservie par des chanoines réguliers, à laquelle est unie le collège royal de S. Louis ; deux corps de casernes, dont l’un pour l’infanterie, est destiné à loger un bataillon du corps-royal de l’artillerie ; l’autre est ordinairement occupé par cinq escadrons de cavalerie : les officiers sont logés dans des pavillons séparés. La caserne de Royal-artillerie a été bâtie aux frais du roi, qui est chargé de son entretien.

Outre ces casernes, la ville neuve contient encore un hôpital royal militaire, assez grand pour contenir mille lits &  plusieurs magasins & hangards destinés pour le service de l’artillerie & des fourrages. Les Capucins son aumôniers à l’hôpital royal.

Quant à la ville, M. le maréchal de Belle-Isle a travaillé depuis 1733, où il en a été fait gouverneur, jusqu’en 1762, l’an de sa mort, à rectifier l’inégalité de son terrain &  le peu de goût qu’on avait anciennement dans la construction des bâtiments &  dans l’ouverture des communications au centre de la place.

Metz est divisée en dix-sept quartiers ; savoir, les quartiers de S. Victor, S. Gorgon, S. Livier, S. Georges, S. Marcel, S. Simon, Sainte Croix, S. Ségolène, S. Ferroy, S. Simplicien, S. Jacques, S. Martin, S. Gengoulf, S. Jean, S. Vic, S. Eukaire, S. Maximin & S. Etienne. Chacun de ces quartiers avoit autrefois sa paroisse ; mais deux ayant été réunies aux paroisses voisines, on n’en compte plus que quinze.

Les rues, quais & carrefours de cette ville, sont éclairés pendant les mois d’hiver par plus de 600 lanternes, dont l’établissement a été ordonné par édit de juin 1697 : cependant, qu’il y ait des lanternes allumées ou non, quiconque marche après dix heures du soir dans les rues, est obligé d’avoir une lumière, ou au moins de porter du feu.

En 1733, on a établi dans cette ville 45 carrosses de louage, qui sont beaucoup plus propres & plus honnêtes que les fiacres de Paris. On pourrait les comparer aux carrosses de remise de cette capitale.

Pour ce qui concerne les édifices de cette ville qui méritent attention, on remarque la cathédrale dont je parlerai plus bas ; l’hôtel de l’intendance, celui des spectacles, le gouvernement, quelques ponts &  les différents corps de casernes : l’évêché & le palais où siège la justice n’ont rien de remarquable.

 

Metz sep2011 Pref DSC02737Pont de la Préfecture


L’hôtel de l’intendance a été bâti en 1739, dans une île de la Mozelle : il est remarquable par sa situation, par la beauté & la grandeur de ses bâtiments.

 

Metz pref sep2011 CIMG1454Pont Saint-Georges


L’hôtel des spectacles, bâti en 1750, est dans la même position & à côté du premier : il est remarquable tant au-dedans qu’au dehors. Le front de cet édifice est orné de portiques de l’ordre toscan. Il communique à deux pavillons faits en demi cercle, qui embellissent beaucoup cette partie de la ville. Le pavillon de la droite contient au rez-de-chaussée le magasin à sel & la douane, vulgairement appelée le poids de la ville. Le pavillon de la gauche contient au premier étage quatre logements complets de colonels : les cuisines, remises & décharges sont au rez-de-chaussée. Le second étage est aussi destiné pour loger des officiers.

 

Metz pref sep2011 CIMG1475
Tous ces édifices sont accompagnés d’une grande & belle place plantée d’arbres, où se trouve toujours un grand concours de monde &  surtout d’officiers aux heures du  spectacle ; c’est aussi sur cette place que se tient maintenant la foire de mai.

Le gouvernement est un édifice à la vérité fort simple, mais très vaste & remarquable par sa situation avantageuse à l’extrémité de la ville qui regarde la citadelle & au bout de l’esplanade qui sépare la citadelle de la ville. Le jardin du gouvernement se nomme jardin de Boufflers ; c’est le seul jardin public de Metz. Il est petit &  n’a qu’une allée, qui est large & bien ouverte. Sa grande élévation sur une des rives de la Mozelle, qui lui sert de canal, procure une vue agréable & fort étendue à ceux qui s’y promènent.
 

 

Metz 1jun2011 683

Palais de Justice et esplanade

 

L’esplanade, tout récemment plantée d’arbres, formera aussi dans quelques années une très belle promenade pour les habitants de ces quartiers de la ville.

 

Metz 1jun2011 693 bis

 

Les remparts, presque partout couverts d’ombre, ne contribuent pas peu aux agréments de la ville de Metz.

Les corps de casernes de cette place sont Coislin, Chambrière, la haute & basse Seille &  S. Pierre.

M. le duc de Coislin, évêque de Metz, sans cesse occupé du soulagement & du bien des habitants de cette ville, fit jeter les premiers fondements des casernes de Coislin en 1726, sur la place connue autrefois sous le nom de Champ-à-Seille. Ces casernes sont composées de quatre aîles de bâtiments, dont deux grands en face l’un de l’autre &  deux plus petits entre les deux extrémités des premiers : ces quatre bâtiments forment un carré long, fermés aux angles par quatre grandes portes de fer à grillages. L’emplacement renfermé entre ces quatre pavillons, doit plutôt être regardé comme une très-belle place, que comme une cour. Les deux grands corps de bâtiments destinés pour le logement des soldats, ont 47 toises & demie de longueur, sur sept de largeur ; les faces sont régulières et ornées d’un fronton, soutenu par deux pilastres saillants ; elles sont percées chacune de 70 croisées. Chaque caserne renferme 60 chambres de soldats. Les deux pavillons des extrémités sont destinés pour le logement des officiers : ils ont chacun 18 toises de longueur, sur sept toises & demie de largeur &  renferment chacun 22 grandes chambres, outre six cuisines, une écurie de 45 pieds de longueur sur 15 de largeur, avec d’autres commodités.

Les casernes de Chambrière, situées dans le district de la paroisse S. Livier, proche les remparts &  à quelque distance de la porte Chambrière, ont été bâties avec leurs pavillons en 1726, aux frais de la ville : il n’y a que le rez-de-chaussée des fours de munition qui soit aux frais du roi. Le grand pavillon qui est du côté de la ville &  qui fait face au premier, a été construit en 1732 pour la cavalerie. Chaque pavillon a deux étages au-dessus du rez-de-chaussée &  sont joints aux deux extrémités par un bas-mur surmonté de grillages, avec une porte au milieu. Du côté des remparts on a ménagé un emplacement considérable pour faire l’exercice & toutes les évolutions militaires. Il y a aussi le long du pavillon quatre grands puits pour l’usage des soldats.

Le pavillon destiné pour le logement de l’infanterie, peut contenir quatre bataillons François & deux bataillons Suisses ; celui de la cavalerie est ordinairement occupé par trois escadrons.

Les casernes de la haute Seille sont composées de deux pavillons à gauche &  près de la rivière de Seille, immédiatement après son entrée dans la ville, près de la porte Mazelle. Ces deux corps de logis, en face l’un de l’autre &  séparés par une grande cour, ont trois étages &  sont destinés à loger des officiers. Au rez-de-chaussée sont quatre écuries qui peuvent contenir 20 chevaux chacune. Ces casernes ont été bâties en 1754 par les soins & sous les ordres de M. le maréchal de Belle-Isle.

Les casernes de la basse Seille ont été construites en 1726 aux dépens de la ville, sur la rive gauche de la Seille, proche les remparts, à l’endroit où cette rivière sort de la ville. Elles ont deux étages au-dessus du rez-de-chaussée, qui est un peu élevé  à cause de la rivière. Cette caserne est ordinairement occupée par un bataillon d’infanterie Françoise.

 


Les casernes de S. Pierre sont situées sur la rive droite de la Mozelle : elles ont été construites en 1691, aux frais de la ville, sous le gouvernement de M. le duc de la Ferté Senneterre &  par les soins des magistrats. Ces casernes ne consistent qu’en un pavillon, dont le rez-de-chaussée contient quelques écuries &  les ouvriers de la manufacture de toile de coton de la ville. Le second étage contient ordinairement un demi-bataillon ; mais il est particulièrement destiné à loger des troupes de passage pour le soulagement des bourgeois.


 

 

La ville de Metz a un grand nombre de places : la place d’armes, celle que l’on nomme en Chambre &  d’autres dont nous avons déjà fait mention, sont les plus fréquentées.
Les rues de la ville sont bien pavées & assez propres : elles sont en général droites et passablement ouvertes, surtout les dernières construites. Les maisons y sont bien bâties & ont ordinairement deux étages : cependant on n’en découvre pas facilement les toits &  les gouttières sont conduites jusqu’en bas par le moyen de tuyaux.

 

Metz 28mai2011 398 place armes


La citadelle est fort ancienne : on en a jeté les premiers fondemens en 1561, sous le règne de Charles IX &  en 1562, M. de Vadancourt en fut nommé le premier gouverneur. La beauté de la construction de cette place, la largeur & la hauteur de ses fossés, font voir combien on estimait alors cette ville importante. Elle est située au midi & à la droite de la Moselle, qui baigne un de ses longs côtés au couchant. Cette place forme un carré long assez régulier, fortifié de quatre bastions du chevalier de Ville. Le front du côté de la campagne a été couvert par M. de Vauban, d’un grand ouvrage à corne retranché d’une demi-lune ; le côté de la ville est défendu par un rempart fort élevé. Celui qui est baigné par la Moselle est fermée par une vieille muraille flanquée de tours.


Metz 1jun2011 671

Entre plusieurs petits corps de casernes que cette place renferme, on remarque celui qui est en entrant à gauche, bâti en 1753. Ce pavillon est assez grand pour contenir deux bataillons François. Outre l’arsenal qui est assez considérable, la citadelle renferme plusieurs magasins pour le service de l’artillerie &  celui des vivres, c’est dans ce dernier que l’on conserve, depuis le siège de Metz, des bleds, sels  & riz qui faisaient partie de l’approvisionnement qui avait été formé à ce sujet. Les bleds & riz qui restent encore aujourd’hui sont de peu de valeur &  d’une très médiocre qualité & on ne les conserve plus que par curiosité : il y a encore douze quartes de froment &  trois quartes de riz.

L’église paroissiale de la citadelle est dédiée à S. Jean &  le curé est en même temps l’aumônier des troupes qui sont dans la place. Il n’y a qu’un très petit nombre de bourgeois dans la citadelle : ce sont quelques boulangers & cabaretiers.

Il y a de l’autre côté de la Mozelle, un moulin à poudre vis-à-vis le jardin de Boufflers : il a sauté en 1756, dans le temps que les ouvriers prenaient leur réfection &  personne n’est péri.

Pour ce qui concerne le gouvernement ecclésiastique de la ville de Metz, on y a tenu sept conciles ; le premier en 590, pour l’affaire de Gilles, archevêque de Rheims, accusé de conspiration contre Childebert, roi de Metz ; le second en 753, en présence de Pépin, roi de France & d’Austrasie, sur la discipline ecclésiastique ; le troisième en 835, commencé à Thionville & continué à Metz, pour le rétablissement de Louis le Débonnaire sur le trône impérial ; le quatrième en 863, touchant le divorce de Théodeberge, épouse de Lothaire, roi de Lorraine ; le cinquième en 869, pour le couronnement de Charles le Chauve, en qualité de roi de Lorraine ; le sixième en 888, tenu le premier mai sur la discipline ecclésiastique ; & le septième enfin en 1286, sous la présidence de Jean, légat du Saint Siège. Henri de Fenestranges, archevêque de Trèves, mourut subitement dans cette assemblée.


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  • : Hestroff avant, pendant, après, de 1680 à 1789, 1939-45, 2009, 2010, 2011. Ses habitants, son histoire, sa généalogie, son actualité. Histoire et généalogie pays de Nied, Metz, Moselle
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