Saint Pierre aux Dames de Metz
Les mémoires de l'Académie Impériale de Metz, 1862-1863, dans sa notice d'anciennes abbayes, rapportent comment est née l'abbaye Saint-Louis suite à la nomination de Madame de Choiseul comme abbesse de Saint-Pierre aux Dames, forte personnalité comme toutes les abbesses l'ayant précédée.
Le grand changement politique produit en 1552, devait avoir pour un bon nombre des établissements religieux de la ville des conséquences fâcheuses. Les travaux du siège et l'extension des fortifications en avaient déjà jeté beaucoup par terre; la construction de la citadelle, décidées dès 1556, mais exécutée seulement à partir de 1561, devait amener la destruction de quelques autres; les abbayes de Saint-Pierre et de Sainte-Marie furent du nombre.
Un document du 11 avril 1561 indique que "pareillement convient desloger pour la citadelle l'abbaye de Saint-Pierre qui est une religion de femmes qui pourra être commodement logée au Saint-Anthoine, avec quelques maisons voisines qui dépendent de Saint-Anthoine du Pont, où logeait par cy devant les frères baudes qui furent chassés par jugement donné contre eux, et pourra le commandeur être accomodé en une aultre maison que l'on achètera pour recevoir ses grains et revenus, parce que le dit commandeur n'y entretient aucun religieux, ains seulement un locatif pour recevoir son dit revenu...".
Parallèlement : "faut aussi desloger l'abbaye de Sainte-Marie du même ordre, et les abbesses sont soeurs, l'une ayant regrès sur l'autre, qui est Saint-Pierre sur Sainte-Marie, et sont de la maisson d'Haussonville, laquelle abbaye pourra estre logée au petit Saint-Jean qui est des Rhodien ou bien à Saint-Simon, etc..."
Le gouverneur de l'époque et le président de Metz se mirent à l'oeuvre avec la résolution de donner à l'abbaye de Saint-Pierre "tout ce qui dépend de la commanderie de Saint-Antoine, même la maison qui est au derrière répondant sur la rue Chèvremont avec la grande maison du sieur de la Grandfaux, située sur la rivière de Moselle, joignant la dite maison de la commanderie avec la maison qui a appartenu à défunt sieur Gaspard de Heu, seigneur de Buy, joignant de l'autre côté à la dite commanderie."
Pour reloger l'abbaye de Sainte-Marie, de prendre "les églises et maisons de la commanderie du petit Saint-Jean, places au bout de la place de Chambre, avec la maison où pend pour enseigne Notre-Dame, appartenant à l'abbé d'Orval, joignant par derrière à la dite commanderie et située à la Pierre-Hardie, et deux petites maisons... situées en la place de Chambre, du côté de la Moselle."
D'après cette résolution, les religieux de Saint-Jean devaient avoir la Maison de Bourgogne, située derrière l'église Sainte-Ségolène, ayant son entrée sur la rue des Carmes. On procéda aux journées amiables nécessaires pour accommoder tant bien que mal les nombreuses volontés intéressées à la réalisation de ce projet.
Bien entendu, les protestations abondèrent. Celle de Mme Anne de Haussonville, produite le 4 septembre 1562, ne fut ni la moins digne ni la moins ferme.
Le 19 janvier 1563, Mme Blanche de Haussonville comparut à son tour, mais elle ne manifesta pas de résistance comme le fait sa soeur. Celle-ci n'avait pas du reste épuisé les formes de ses protestations. Le 25 janvier 1564, avant de quitter le monastère, elle les renouvela avec plus de vigueur que jamais, en réclamant toujours, au nom de "son souverain" le duc de Lorraine dont "les droits étaient violés". Le 16 février suivant, les dames de Sainte-Marie furent installées dans leur nouvelle demeure, et Blanche de Haussonville, en déposant entre les mains du gouverneur une protestation contre le changement de lieux qui lui était imposé, ne fit de réserves qu'au sujet de la fidèle exécution des promesses qui lui avaient été faites.
Même après le relogement, excitée par la Cour de Lorraine, Anne de Haussonville renouvela encore ses protestations avant d'en arriver à un arrangement à l'amiable.
Les dispositions provisoires adoptées par l'autorité française prirent un caractère définitif et le roi, ayant obtenu un accord général parmi les parties intéressées, donna, en mars 1569, des lettres patentes par lesquelles il donnait confirmation à l'abbaye Saint-Pierre de tous ses droits, privilèges et immunités, et lui assurait la possession perpétuelle des maisons et de la chapelle de la Commanderie de Saint-Antoine.
De part et d'autre, on se mit à l'oeuvre pour aménager les nouvelles maisons de manière à les rendre d'une habitation commode, conformément aux habitudes des deux abbayes, et elles ne tardèrent pas à voir changer leur aspect.
L'église de Saint-Pierre fut l'objet d'une construction nouvelle. Elle était terminée le 8 juin 1579, et ce jour-là, recevait une consécration solennelle. Outre les autels consacrés aux saints Pierre et Paul, Antoine, Valdrée, Pancrace et Aubin, deux autres autels, l'un sous l'invocation de sainte Agnès, l'autre de saint Jean-Baptiste. L'autel dédié à sainte Agnès, patronne des pucelles, le fut en l'honneur du prieuré de la Vignotte qui appartenait à l'abbaye de Freistroff...
Source : Mémoires de l'Académie nationale de Metz